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Palestine occupée -

Une nouvelle approche des élections en Palestine

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Avant que le président palestinien Mahmoud Abbas ne reporte les élections législatives palestiniennes, certains observateurs pensaient qu'il y aurait une compétition électorale féroce qui pourrait conduire à un changement politique. D'autres ont affirmé que les élections étaient le seul moyen de parvenir à l'unité nationale et de mettre fin au clivage interne entre le Fatah et le Hamas, les deux mouvements politiques dominants en Palestine.

Une nouvelle approche des élections en Palestine

2 mai, Khan Younis, au sud de la bande de Gaza - des centaines de Palestiniens manifestent pour protester contre la décision du leader de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de bloquer les élections. Source QNN.
Mais un examen plus attentif de ce qui se passait dans la course électorale trahit une réalité différente. L'élection était plus susceptible de produire une "hontocratie" qui maintiendrait les structures profondément enracinées de l'oppression, de la tyrannie et de la fragmentation.

La raison en est que les deux forces politiques qui ont dominé la scène politique palestinienne au cours des 15 dernières années et qui se disputent à nouveau le pouvoir, ont infligé de graves dommages au mouvement national palestinien, appauvri le projet de libération nationale et exacerbé la fragmentation verticale et horizontale de la société palestinienne.

En conséquence, au fil des décennies, les Palestiniens sont devenus de simples observateurs de leur détresse et de leur cause, incapables de participer aux développements politiques dans leurs propres communautés. En effet, leur sentiment de mise à l’écart dans leur patrie et d'éloignement de leur gouvernement est une forme d'oppression équivalente à celle infligée par l'occupation coloniale israélienne. Les Palestiniens ont besoin d'un gouvernement qui les libère plutôt qu’il les asservisse.

Lorsque les élections seront finalement reprogrammées, le Fatah et le Hamas tenteront à nouveau de monopoliser le vote. Le pire que l'électorat palestinien puisse faire est de leur donner à nouveau une légitimité en votant pour leurs candidats. Cela ne ferait que renforcer leurs positions et leur autoritarisme, laissant les Palestiniens dans leur situation actuelle pour les années à venir.

Mais cette issue n'est pas inévitable. Les élections, malgré tous leurs défauts fondamentaux, peuvent encore être une occasion de transformer le système politique palestinien, si elles sont abordées différemment.

Les forces politiques qui souhaitent un véritable changement dans la politique palestinienne devraient chercher à détourner le public palestinien du choix désastreux du statu quo. Elles peuvent encourager les électeurs à sanctionner les deux pouvoirs politiques dominants et à faire place à l'émergence d'un nouveau leadership politique.

Ce serait la première étape pour les tenir responsables, au niveau de la base, du travail de sape de la lutte palestinienne. La volonté de sanction ne nécessite pas nécessairement que les Palestiniens votent pour d'autres listes lors des élections.

Pour manifester leur rejet du statu quo, ils peuvent simplement déposer des bulletins de vote nuls où l'on peut lire "ni Fatah, ni Hamas", "non à un régime politique déplorable", "non à la corruption" ou "non à la division". Avec de tels votes de défiance, les voix de l'opposition peuvent se regrouper dans un acte de résistance pour dénoncer les autorités et les partis au pouvoir et envoyer un message clair : "Assez joué avec notre projet national et notre avenir". Cela constituerait également un rejet fondamental du cadre des accords d'Oslo et des régimes politiques et de gouvernance qu'ils ont créés.

La condition préalable au changement induit par l’action collective de rejet et de confrontation exige de dénoncer publiquement les autorités. On peut utiliser le processus électoral pour mettre en évidence, à l'intention de la population, les failles du régime gouvernemental dont elle souffre. C'est une occasion de changer les attitudes et les perceptions du peuple, ce qui conduira nécessairement, tôt ou tard, à un changement dans ses actions.

Par exemple, dans leurs campagnes électorales, le Fatah et le Hamas se présentent comme les "protecteurs du projet national palestinien" en utilisant soit le discours de "construction de l'Etat", soit la rhétorique de la "résistance". Le moment est venu de dénoncer à la fois la fausseté de la notion de "protection du projet national", car elle ne sert qu'à dissimuler de manière pathétique tous les dommages et préjudices que les deux mouvements ont infligés aux Palestiniens.

Si un nombre significatif d'entre eux décident de voter "non" au statu quo et de déposer des bulletins nuls pour exprimer leur rejet sans équivoque du régime actuel, nous arriverons à un moment crucial de la politique palestinienne. Une nouvelle direction palestinienne efficace pourrait l'exploiter pour faire avancer les réformes et commencer à développer un système politique palestinien inclusif, progressiste et émancipateur.

Il existe déjà un certain travail politique qui pourrait aider à l'émergence d'une nouvelle classe politique palestinienne, libérée des affiliations ou des dépendances partisanes.

Par exemple, il y a la Génération pour le renouveau démocratique [Generation for Democratic Renewal], une organisation dirigée par des jeunes, créée en février de cette année, qui se concentre sur la reconstruction du système politique palestinien sur une base démocratique. Le groupe ne peut pas se présenter aux élections en raison de diverses restrictions légales, il a donc lancé à la place une liste parlementaire virtuelle de jeunes Palestiniens qui mettent en avant un programme politique progressiste.

Après l'annonce d'Abbas sur le report des élections, le groupe dirigé par des jeunes a déclaré qu'il poursuivrait son initiative, qui se veut un "exercice sur ce que devraient être la démocratie et la participation politique".

La Génération pour le renouveau démocratique n'est pas la première initiative axée sur la démocratie menée par des jeunes. Elle a été précédée par quelques autres, qui ont vu le jour pendant les soulèvements arabes de 2011-12, comme Palestinians for Dignity.

Le leadership collectif et le modèle participatif de ces mouvements dirigés par des jeunes, ainsi que leur vision d'un leadership palestinien efficace, légitime et responsable, sont des éléments fondamentaux qui font défaut au régime politique en place en Palestine. La présence de telles idées progressistes pourrait aider à mobiliser l'électorat palestinien loin des forces politiques traditionnelles.

Il est important de souligner ici qu'une véritable transformation démocratique ne peut être mise en œuvre à la hâte. Le changement politique en Palestine sera lent, et il nécessitera un plan d'action pragmatique et des efforts soutenus et progressifs pour le réaliser. Il se construira à partir de la base, par la sensibilisation et la mobilisation populaires.

Il faudra du temps, de la persévérance, de la stabilité, de l'endurance et certainement d’être prêt à faire face aux contre-attaques, ce qui nécessite de tirer les leçons des expériences des initiatives passées menées par les jeunes, notamment en ce qui concerne la gestion des structures autoritaires et répressives profondément enracinées.

Par-dessus tout, il faut que l'opinion publique palestinienne s'engage à rejeter le statu quo politique. Un tel engagement peut être démontré par un "non" aux élections lorsqu'elles auront lieu. Ce serait un premier pas significatif sur une nouvelle voie démocratique pour la Palestine.



Source : Al Jazeera

Traduction : MR pour ISM

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