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Palestine 48 - 11 octobre 2012
Par Mounadil al Djazaïri
Certains se font des illusions sur l’acceptation par l’entité sioniste de l’existence d’un Etat palestinien sur la bande de Gaza et la Cisjordanie et supposent qu’une discussion avec un gouvernement représentant une tendance plus modérée du sionisme permettrait d’atteindre cet objectif. C’est une illusion sous deux aspects. Tout d’abord, rien ne permet de dire que des élections organisées par le gang sioniste déboucheraient sur l’arrivée au pouvoir d’une équipe plus « réaliste » ou plus ouverte au dialogue. Ensuite, non seulement les sionistes colonisent patiemment la Cisjordanie mais ils entreprennent d’en faire de même à l’intérieur des frontières de l’entité sioniste où subsiste une communauté palestinienne qui forme 20 % de la population de la dite entité.
Manifestation palestinienne à l'occasion du Jour de la Terre, le 30 mars 2011, à Arrabe, près de Haifa, en Palestine 48 (AFP/Getty Images)
L’idée étant de mener la vie impossible aux Palestiniens et de les contraindre à aller s’établir ailleurs. Par exemple dans un futur Etat sunnite sur tout ou partie de la Syrie actuelle ?
Une idée d’exode palestinien qui est acceptée par l’Occident, il suffit de discuter un peu franchement avec les politiques pour le savoir.
J’ai écrit le mot « frontières » mais ce mot n’est pas approprié puisque l’entité sioniste a toujours refusé de définir ses frontières avec le futur Etat palestinien, car selon sa doctrine, il n’existait, et il n’existe, rien qu’on aurait pu appeler nation palestinienne.
J’ai traduit le mot anglais « devout » par fanatique au lieu de dévot parce que c’est bien de fanatiques (de la religion ou de la race) que parle l’article, pas simplement de gens dévots.
Des Juifs fanatiques s’installent dans les villes arabo-juives
par AMY TEIBEL, ABC News (USA), 4 octobre 2012
traduit de l’anglais par Djazaïri
Des Juifs orthodoxes israéliens, la force vive du mouvement de colonisation de la Cisjordanie , ont commencé à tourner leur attention vers I’intérieur même d’Israël, et à s’installer dans les quartiers arabes de villes mixtes dans le but d’y consolider la présence juive.
Des militants affirment que ces dernières années, plusieurs milliers de fanatiques Juifs se sont insinués dans les quartiers arabes décrépis de Jaffa, Lod, Ramle et Acre, des villes pauvres divisées en quartiers juifs et arabes. Leur arrivée a menacé de perturber les relations ethniques délicates avec la construction d’écoles religieuses et de logements exclusivement réservés aux Juifs.
« Israël doit agir en tant qu’Etat de ses citoyens », déclare Mohammad Darawshe, co-directeur exécutif d’Abraham Fund Initiatives, une fondation qui promeut la coexistence entre Juifs et Arabes en Israël. La « préférence ethnique est clairement quelque chose d’injuste, qui viole les principes de la démocratie. »
Environ 20 % des citoyens d’Israël sont arabes. Ils vivent en majorité dans des viles et des villages arabes, à quelques exceptions notables dont tout particulièrement Haïfa, la ville portuaire qui est la troisième plus grande agglomération d’Israël.
Avant la création d’Israël en 1948, ces villes mixtes étaient peuplées d’Arabes. Beaucoup s’enfuirent ou furent expulsés pendant les deux années de guerre qui suivirent la création d’Israël. Les Arabes commémorent cet évènement comme une « catastrophe » (Nakba).
L’arrivée de Juifs dans les quartiers arabes pour des raisons idéologiques rappelle la ferveur nationaliste des premiers colons israéliens en Cisjordanie à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Ils installaient des camps de caravanes et squattaient des maisons vides, déterminés à occuper le terrain pour des raisons religieuses et de sécurité.
Le mouvement des colons est devenu une énorme entreprise qui, avec le soutien du gouvernement, a attiré plus de 300.000 Israéliens en Cisjordanie .
Alors que les colonies sont considérées comme un obstacle aux discussions de paix et comme illégales par les Palestiniens ainsi que par la plus grande partie de la communauté internationale, la campagne actuelle se déroule à l’intérieur des frontières israéliennes.
Pourtant, la venue de Juifs nationalistes et religieux dans les viles mixtes est promue au même rang d’action pionnière que le mouvement à l’origine de la colonisation en Cisjordanie . Les colons eux-mêmes ne font pas de distinction entre les deux côtés de la ligne [verte], et affirment que tout devrait appartenir à Israël.
L’Israël Land Fund, une des organisations qui encourage ces installations, aide les Juifs à acheter des biens immobiliers aussi bien en Israël qu’en Cisjordanie avec pour objectif de « s’assurer que la terre d’Israël reste dans les mains du peuple juif pour toujours. »
Yaffa / يَافَا
Selon Arieh King, son directeur, le fonds, aidé par un donateur qui a apporté des centaines de milliers de dollars, a contribué à amener une cinquantaine de familles à Jaffa, une ville majoritairement arabe qui fait maintenant partie de Tel Aviv. Il n’a pas voulu identifier ce donateur.
« Il y a des endroits à Jaffa où le Mouvement Islamique et d’autres organisations se sont radicalisés, » explique King. « Les gens avaient peur de hisser le drapeau national (israélien) par crainte de la réaction des Arabes. » maintenant, dit-il, les Juifs se sentent beaucoup plus à l’aise là-bas.
L’Israël Land Fund est à la recherche d’investisseurs pour un projet immobilier et de centre hôtelier et de loisirs dans la ville portuaire d’Acre, au nord, dont la vieille ville majoritairement arabe a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Comme toujours, les récompenses financières sont moins importantes que les bénéfices spirituels et idéologiques consistant à savoir que ces projets auront un impact énorme dans la lutte pour que Acre reste une ville juive, » affirme la publicité pour le projet du front de mer.
Akka / عكّا
Acre, une ville d’environ 50.000 habitants est à 72 % juive et à 28 % arabe. Alors que les relations sont en général paisibles, Acre a été secouée par de violents affrontements ethniques il y a trois ans, après qu’un habitant arabe eut circulé en voiture dans un quartier à majorité juive pendant le jour sacré du Yom Kippour, quand même les Juifs laïques [ ? secular] s’abstiennent de prendre leur voiture.
Les efforts pour amener des Juifs à Acre ont été salués dans les hautes sphères gouvernementales. Le vice premier ministre Silvan Shalom avait salué la création d’un séminaire juif à Acre l’an dernier en tant que mesure « participant au renforcement de la tendance de judaïsation de la Galilée. »
« Il n’y a rien de honteux dans ce constat, » avait-il dit à l’époque.
L’adjoint arabe au maire d’Acre, Adham Jamal, a averti que ces activistes risquaient de briser un fragile statu quo.
Les nouveaux arrivants « ne comprennent pas la mentalité des Juifs et des Arabes qui vivent ensemble, » déclare Adham qui collabore avec un maire juif. « Ceux qui arrivent maintenant ne viennent pas pour vivre à Acre. Ils viennent pour chasser les Arabes. »
Le maire d’Acre, Shimon Lankri, insiste sur le fait qu’il n’y a pas de politique de « judaïsation » mais a déclaré être favorable à une demande encore non approuvée de permis pour construire 100 appartements pour des Juifs religieux dans la ville.
De tels projets immobiliers, où les habitants pourraient être contraints à s’habiller pudiquement et à respecter le sabbat juif en s’abstenant de conduire ou de jouer fort de la musique, existent dans de nombreuses agglomérations en Israël.
« Est-ce que j’ai une politique qui discrimine, qui favorise les Juifs ? Il n’y a pas de politique de ce genre, » déclare Lankri. « J’ai moi-même vécu pendant cinq ans dans un immeuble avec des Juifs et des Arabes. » Il a soutenu que les habitants juifs et arabes avaient accès aux mêmes services dans sa ville.
Des militants Arabes ne sont pas d’accord et affirment subir de la discrimination à Acre et dans d’autres villes mixtes. Les rues et les bâtiments sont souvent délabrés dans les quartiers arabes, et il y a un manque d’écoles et de services sociaux.
Avant que les Juifs religieux commencent à s’installer à Acre il y a quelques années, les Arabes étaient préoccupés par le manque d’égalité, explique Adham. Avec l’influx de nationalistes religieux juifs, « le sujet principal est devenu celui des Arabes et des Juifs, et c’est dangereux, » dit-il. « Le discours porte maintenant sur la démographie. »
Lankri estime à 200 le nombre de familles religieuses qui ont emménagé à Acre ces dernières années.
Un processus semblable est en cours à Lod [اَلْلُدّْ / al-Ludd], à peu près à mi-chemin entre Jérusalem et Tel Aviv.
Le militant juif religieux Aharon Atias explique qu’après leur mariage, sa femme et lui avaient « d’abord pensé » à s’établir dans une colonie en Cisjordanie . Puis, ils étaient arrivés à la conclusion qu’ils pouvaient transplanter l’ethos de la colonisation dans la ville natale d’Atias.
George Habache, fondateur du FPLP, était natif de Lydda
Il entreprit d’inverser le flux qui voyait les Juifs quitter sa ville natale déclinante, qui est à environ 25 % arabe et 75 % juive, en faisant venir des Juifs religieux. Son projet avait commencé avec deux familles à la fin des années 1990, dit-il.
« Maintenant, nous sommes un empire, » déclare Atias. Il affirme que 400 nouvelles familles religieuses ont emménagé, et que six dispensaires, trois écoles, un séminaire [religieux] et une académie prémilitaire ont été construits pour eux. Trois autres projets pour les Juifs religieux sont en construction, avec quelque 660 unités d’habitation qui devraient être peuplées dans les deux ans à venir, dit-il.
Un des projets se développe dans un quartier arabe, et les deux autres dans des quartiers mixtes pauvres.
« Nous voulons empêcher les Arabes de devenir majoritaires, » explique Atias. « Avec l’aide de Dieu, la ville de Lod a été une ville juive où vivent des non juifs, et elle doit rester ainsi. »
Les militants Arabes se cabrent à l’idée que les Juifs puissent dominer.
« Ils sont comme un cancer qui entre dans le corps et n’en sort plus, » explique la militante Horia ElSadi, native de Lod, reflétant l’amertume persistante laissée par l’établissement d’un Etat juif. « Ils veulent vivre entre eux. Ils veulent que Lod soit une ville juive.»
Source : Blog Mounadil al Djazaïri
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Mounadil al Djazaïri
11 octobre 2012