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Gaza - 4 décembre 2017
Par Omar Karmi
01.12.2017 – Il n’a pas fallu longtemps pour que les vieux obstacles qui bloquaient la réconciliation entre le Hamas et le Fatah deviennent les mêmes vieux obstacles qui bloquent la réconciliation.
Le vendredi 1er décembre aurait dû être la date du transfert du contrôle administratif de Gaza, du Hamas à l’Autorité palestinienne (AP) basée en Cisjordanie. Mais dans une déclaration commune lapidaire, mercredi, le Hamas et le Fatah ont dit qu’ils étaient convenus de reporter le transfert au 10 décembre.
Le poste frontalier de Rafah restant fermé, le nouvel accord palestinien de réconciliation a échoué dès la première étape clé (Yasser QudihAPA images)
Cette décision est intervenue après que des fonctionnaires en colère, engagés par le Hamas pour superviser l’administration de la Bande de Gaza, ont affronté mardi des employés de l’AP de Cisjordanie dirigée par Mahmoud Abbas lorsqu’ils tentaient de reprendre leurs anciens emplois quittés il y a 10 ans. Ces derniers avaient reçu l’ordre de l’AP de Ramallah de reprendre leurs anciens postes, pour montrer qu’elle a repris le contrôle de Gaza.
Mais cela s’est fait sans accord avec le Hamas et sans que l’on sache quoi faire avec les gens – entre 40.000 et 50.000 – qui avaient été employés pendant la dernière décennie.
Le sort de tous ces fonctionnaires est devenu une pierre d’achoppement majeure dans les négociations de réconciliation entre les deux factions. Et alors qu’une percée semblait s’être amorcée en octobre, le diable, comme toujours, s’est caché dans les détails mal élaborés.
Mais ce n’est pas la seule indication qu’un accord d’unité tant espéré semble encore plus improbable.
Beaucoup de discours, peu d’action
Cela fait maintenant plus d’un mois qu’un accord préliminaire de réconciliation entre les deux factions palestiniennes séparées a été signé au Caire en grande pompe. Depuis, le peu qui a été fait est principalement venu d’un côté, le Hamas, et ce qui n’a pas été fait est encore plus significatif.
Voici ce qui s’est passé : le Hamas a dissous la commission administrative créée au printemps pour gouverner Gaza. Il a retiré ses hommes des points de passage de Gaza pour permettre aux responsables de l’AP de Cisjordanie de prendre le pouvoir. Il est en bonne voie de créer une zone tampon avec l’Egypte pour empêcher des gens de se faufiler dans le Sinaï ou d’en venir, en réponse à la pression égyptienne. Et enfin, il a arrêté des militants présumés salafistes, principalement à la demande du Caire.
Ce qui ne s’est pas passé : Abbas n’a pas levé les sanctions contre Gaza qu’il a imposées en avril en réponse à l’installation de la commission administrative du Hamas. Ces sanctions signifient que l’AP ne règle pas à Israël les frais d’électricité ou de carburant pour la seule centrale électrique de Gaza. En moyenne, les Palestiniens de Gaza ne bénéficient que de quatre d’heures d’électricité par jour. Elles signifient une réduction d’un tiers des salaires des fonctionnaires mentionnés plus haut, une importante source de revenus dans la Bande de Gaza appauvrie. Et les sanctions signifient également que le financement des médicaments et des soins de santé pour Gaza reste sabré.
Pendant ce temps le Hamas n’a pas déposé les armes et il ne le fera pas. Ceci en dépit des exigences israéliennes, à savoir que l’aile militaire du Hamas, les Brigades Qassam, soient dissoutes avant qu’il négocie avec n’importe quel organe palestinien unifié, une demande à laquelle Abbas semble consentir.
Ce qui compte vraiment
Ce qui ne s’est également pas produit est un changement dans la politique au terminal de Rafah avec l’Egypte. Depuis que l’accord préliminaire a été signé le 12 octobre, le poste frontalier de Rafah n’a été ouvert au total que trois jours.
Et c’est la priorité des priorités. Deux millions de personnes à Gaza sont au bord d’une catastrophe humanitaire. Tous les principaux indicateurs – effondrement des infrastructures, allant des eaux usées à la santé, au logement, à la pauvreté en hausse et aux taux de chômage, la surpopulation et l’isolement économique et physique imposés – suggèrent que Gaza ne tardera pas d’être au-delà de la catastrophe prévue, et c’est un miracle qu’elle n’y soit pas déjà.
La grande promesse de la réconciliation, c’est qu’elle entraînera une ouverture sur le monde extérieur et atténuera cette image misérabiliste, permettra aux gens d’aller à l’étranger pour se faire soigner, pour trouver du travail, faire des études ou, en fait, simplement pour aller chercher à l’extérieur des matériaux indispensables pour reconstruire la Bande meurtrie.
L’argent est là, en principe.
Retour au Caire
L’ouverture de Rafah est une décision qui ne peut être prise qu’au Caire. L’Egypte a joué le principal rôle de médiateur entre le Fatah et le Hamas et répugnera à voir les négociations échouer à ce stade. Mais le Caire a aussi ses propres intérêts, principalement en s’attaquant à ce qui devenu une véritable et mortelle insurrection du Sinaï. Le Caire a demandé et reçu l’aide du Hamas dans ce domaine. Mais le Caire sait aussi que pour pouvoir compter sur une coopération durable, le Hamas ne veut qu’une chose : l’ouverture du poste frontalier.
Le Caire a essayé de se donner une couverture internationale avec l’accord d’unité. Le contrôle des passages de Gaza par l’AP garantirait qu’Israël, qui veut mettre le Hamas à genoux quel qu’en soit le coût humain, ait moins de cas à apporter aux acteurs internationaux.
Mais si Abbas se montre réticent ou incapable de procéder à un accord d’unité réaliste, il y a une option de repli : l’accord que le Hamas a conclu avec le principal rival du Fatah d’Abbas, Mohammed Dahlan, qui a également promis une ouverture de Rafah.
Cet accord a également été négocié par l’Egypte et attend dans les coulisses, où Dahlan attend son heure. La dernière chose qu’Abbas veut est de voir un rival dont il pensait s’être débarrassé l’année dernière, revenir par la fenêtre et être le sauveur de Gaza.
L’Egypte aussi préfèrerait avoir Abbas à bord, ne serait-ce que pour la couverture qu’il fournit. Mais le président égyptien Abdulfattah al-Sisi s’est avéré auparavant prêt à suivre son propre chemin. Le Caire peut prendre la route de Dahlan si nécessaire.
Et ça commence à paraître nécessaire. Moins il semble probable que Rafah sera normalement ouvert, moins le Hamas sera incité à s’impliquer. Avec quiconque. Et le Caire ne devrait pas, après tous ces efforts, vouloir revenir à la case départ dans ses relations avec Gaza.
Source : The Electronic Intifada
Traduction : MR pour ISM
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