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Ramallah - 13 février 2006
Par Réalisateurs Palestiniens
Le mois dernier, quarante réalisateurs et employés dans le domaine de la Culture palestiniens ont signé une lettre adressée à Mme. Catherine Colomb-Nancy du bureau d'Europeaid à Bruxelles concernant leurs inquiétudes au sujet du projet Euromed Audiovisuel II et ont suggéré une réunion lors de laquelle ils pourraient échanger leurs opinions concernant la proposition.
Le 7 février 2006
La lettre a été envoyée par fax, email et une copie a été adressée par courrier normal. De façon alarmante, personne d'Euromed n'a répondu à la lettre ou encore moins n'a admis l'avoir reçue..
Les principaux soucis décrits dans la lettre étaient doubles :
1) Qu'en fait, cette entité qui s'appelle le Ramallah Film Institute n'est pas enregistrée en Palestine : Euromed liste les partenaires du projet : la New Foundation for Cinema and Television (Israël) et le Ramallah Film Institute (Autorité Palestinienne).
Ci-joint, lettre officielle du Ministère palestinien déclarant que le Ramallah Film Institute n'est enregistré nulle part dans l'Autorité Palestinienne.
Le Ramallah Film Institute, hormis de n'avoir aucun rapport avec la communauté culturelle palestinienne locale est, en fait, une organisation enregistrée en Israël.
2) Le fait que le partenaire israélien est une organisation gouvernementale (créée par le Ministère de l'Education, de la Culture & des Sports avec l'aide du Israël Film Council) - un gouvernement qui continue son occupation illégale et cruelle de la Palestine et continue à refuser aux Palestiniens leurs droits.
En outre, la New Foundation for Cinema and Television a refusé de rejeter ouvertement l'occupation et de travailler activement à son retrait.
(Nos objections ne sont pas dirigées vers les individus our les organisations israéliennes qui agissent pour la liberté des Palestiniens mais contre des organisations gouvernementales telles que la New Foundation for Cinema, Television qui refusent de reconnaître nos droits).
Une nouvelle lettre a été envoyée au bureau de l'Union Européenne trois semaines plus tard qui a été également ignorée.
Il est clair que les inquiétudes de quarante artistes prépondérants en Palestine, y compris ceux qui ont déterminé le cinéma palestinien lui-même au niveau international comme Elia Suleiman, Hany Abu Assad, Rashid Masharawi, et Mai Masri ne signifient rien pour le projet d'Euromed.
Il est clair que les anciens membres du bureau du Festival du Film de Ramallah, comme George Khleifi, qui ont démissionné parce que les rapports financiers n'avaient pas été présentés au conseil quand il les a demandés, semblent n'avoir aucune signification pour Euromed.
Et l'intérêt et les inquiétudes des nombreuses communautés et organisations culturelles de Palestine n'ont aucune valeur.
Il y a deux mois, en décembre, quand des rumeurs ont, pour la première fois, émergé au sujet de la formation de ce projet, Adam Zuabi lui-même a été prié de fournir plus d'informations au sujet du projet sur une liste d'e-mails de réalisateurs.
Il a choisi de ne pas répondre et à ce jour, il ne s'est pas adressé à nous ni n'a fourni aucune information sur le projet, y compris sur son lancement prochain à la Berlinale.
La question est : Pourquoi cette lettre a-t'elle été dédaignée?
Pourquoi les soucis d'individus palestiniens qui travaillent dans le domaine de la Culture, dont beaucoup ont une expérience antérieure en ayant travaillé par le passé avec le Festival du Film de Ramallah, sont-ils laissés de cêté?
Nous sommes quarante Palestiniens, nous sommes d'ici, nous vivons ici, nous travaillons ici, nous faisons partie de cette communauté.
Nous refusons d'être ignorés.
Nous ne voulons pas que des projets bien-financés nous soient imposés de l'extérieur sans aucun respect pour nos soucis.
C'est une gifle au visage des réalisateurs, des intellectuels et des employés du domaine de la culture palestiniens qui ont travaillé pendant des décennies en tant qu'artistes indépendants et respectés.
Nous avons contacté Euromed professionnellement et ouvertement. Nous exigeons une réponse.
Adam Zoabi (et son Institut du Film de Ramallah) est libre de faire ce qu'il veut. C'est son droit.
Et Euromed est libre de soutenir celui qu'il choisit.
Et nous nous rendons bien compte que les projets communs Israélo-Palestiniens sont sexy et lucratifs, particulièrement en Europe.
Cependant la Palestine n'est pas une jungle et il y a les gens dans cette communauté qui travaillent très dur pour améliorer notre situation.
Pour cela, la transparence financière et la responsabilité sont essentielles.
Nous travaillons contre les organisations qui pensent que les rapports financiers sont privés plutêt que publics.
Nous demandons aux organisations qui prétendent servir la communauté d'avoir réellement une relation avec cette communauté. Et que les organisations qui désirent prétendre publiquement qu'elles sont enregistrées dans l'Autorité Palestinienne, qu'elles le soient réellement.
En jetant des financements et/ou des projets aux pays moins riches qui luttent contre la corruption et les projets de soutien qui ne sont pas enracinés dans la communauté ou qui ne prennent pas en considération les problèmes de la communauté locale, ils prétendent aider considérablement la communauté palestinienne blessée.
Nous exigeons qu'Euromed corrige immédiatement sa déclaration et toute la publicité et autres matériels qui prétendent à tort que ce projet (Greenhouse) est un partenariat entre Israël et l'Autorité Palestinienne avant son lancement grandiose à la Berlinale en Allemagne.
Ce n'est pas un partenariat entre une organisation israélienne et une organisation de l'Autorité Palestinienne.
Le projet Greenhouse d'Euromed est un partenariat entre deux organisations enregistrées en Israël et nous exigeons que cela soit modifié dans leurs publications et que le nom de la Palestine ne soit pas utilisé pour promouvoir un partenariat qui réellement n'existe pas et qui bénéficie seulement à quelques individus et non à la communauté qu'il prétend servir.
Nous mettons au défi David Fisher et la New Foundation for Cinema and Television de rejeter ouvertement l'occupation et les actions illégales de leur gouvernement et de s'exprimer en soutien au plein droit des Palestiniens d'être libres et égaux.
Nous invitons ceux qui peuvent faire pression sur Israël de l'intérieur, en particulier les artistes et les institutions culturelles, qui restent en grande partie silencieux depuis des années face à la destruction absurde, à l'oppression et à l'injustice, et qui, peut-être même, tirent bénéfice de l'occupation pour faire entendre leurs voix.
Nous demandons que les Israéliens ne restent plus silencieux face aux terribles injustices qui ont lieu.
Nous croyons que c'est un grand temps que les institutions israéliennes se réveillent, affrontent la réalité et accomplissent leur obligation morale de résister à l'occupation, et commencent à protester contre les actions de leur Etat. Il est temps que les communautés internationales et israéliennes se réveillent.
Et nous demandons à la communauté internationale et à nos camarades artistes d'étudier attentivement les implications de leur participation au projet Greenhouse (Euromed Audiovisuel II, proposition N° 15).
Nous espérons que, considérant que nous vivons sous une dure occupation militaire et un système d'Apartheid, on peut comprendre pourquoi nous ne voudrions pas travailler avec des organisations qui font partie du même gouvernement qui nous impose ce système.
Le soutien culturel ne peut pas venir sous forme de charité ou pour se sentir mieux sans aborder les causes de la racine des problèmes et ignorer les soucis de la communauté palestinienne.
Pour nous, c'est non seulement indésirable, mais c'est également réprehensible.
Nous avons travaillé et nous continuerons à travailler avec ceux qui ont lutté avec nous pour changer les réalités politiques, pour nous aider à améliorer nos vies et qui ont été mutuellement respectueux.
Attachés :
- Original de la Lettre au Bureau d'Europeaid
- Lettre suivante au Bureau d'Europeaid
- Lettre officielle du Ministère de l'Intérieur aux Affaires Civiles palestinien déclarant que le Ramallah Film Institute n'est pas enregistré
-Traduction de la letter du Ministère de l'Intérieur aux Affaires Civiles
Lettre adressée au Bureau d'Europeaid
A : Catherine COLOMB-NANCY
Bureau Europeaid de Cooopération A
Rue de la Loi, 200
B-1049 Bruxelles
Belgique
Chère Madame Catherine Colomb-Nancy
Nous, les soussignés, un groupe de réalisateurs palestiniens et d'employés de la Culture, vous écrivons pour attirer votre attention sur une question d'importance.
Nous venons de prendre connaissance votre courte liste de l'Euromed Audiovisuel II, pour le développement du film documentaire. Parmi les destinataires retenus, on trouve l'Institut du Film de Ramallah (Palestine) et la Nouvelle Fondation pour le Cinéma et la Télévision (Israël) (proposition N° 15).
Nous réalisons à quel point ce financement peut être important pour le développement des films documentaires dans la région et particulièrement en Palestine. Cependant, pour que les réalisateurs palestiniens bénéficient d'une telle opportunité de développer leurs carrières, nous pensons que ce financement doit être canalisé dans un cadre acceptable, qui soit transparent, indiscutable et être enraciné dans la communauté.
Nous avons deux principales inquiétudes concernant cette proposition.
D'abord, nous espérerions que le financement d'Euromed serait dirigé vers un établissement palestinien honorable et digne de confiance.
Ce n'est pas ce que pensent ceux qui travaillent dans le milieu artistique et cinématographique au sujet de ce qui se nomme l'Institut du Film de Ramallah, un projet administré par M. Adam Zuabi.
En second lieu, nous avons beaucoup de réserves concernant le partenariat entre l'Institut mentionné ci-dessus et la Nouvelle Fondation en Israël, une organisation financée par le gouvernement
Sur la dernière question, nous voudrions noter que travailler en partenariat ou collaborer avec des institutions subventionnées par le gouvernement israélien est une question très sensible ici en Palestine : parce qu'un tel partenariat suppose un rapport d'égalité entre les deux partenaires quand, en fait, l'un est soutenu par un gouvernement qui occupe l'autre.
Un grand nombre de projets prometteurs n'ont pas atteint leurs objectifs parce qu'ils n'ont pas pris en compte les complexités impliquées et ont donc rendu hostile la majorité des communautés visées.
Nous ne souhaitons pas que le projet d'Euromed soit un échec. Au contraire, nous croyons qu'une telle opportunité de financement peut jouer un rêle important dans la promotion de la réalisation de films documentaires en Palestine - mais l'argent seul ne peut pas le concrétiser.
Afin que cela se produise, il faut que la communauté cinématographique croit en ce projet et qu'elle ait confiance pour y participer.
Pour l'instant, le principal problème est que nous les réalisateurs palestiniens, dont bon nombre d'entre nous sommes basés à Ramallah, n'ont même jamais entendu parler de l'Institut du Film de Ramallah.
Nous ne savons pas qui ils sont, quel est leur but, et remettons en cause sérieusement la légitimité d'une telle institution qui semble ne pas être enregistré en Palestine, en tant qu'école, uorganisation, ou entreprise.
Nous avons également beaucoup de réserves provenant des activités précédentes effectuées par M. Zuabi au nom du cinéma palestinien et des réalisateurs palestiniens.
En particulier, son travail en tant que directeur du Festival du Film de Ramallah a sensiblement perturbé la communauté locale et de nombreuses organisations culturelles en Palestine.
Pour exemple, après avoir demandé la présentation des rapports financiers à la suite du Festival du Film de Ramallah l'an dernier, l'ensemble de son conseil d'administration a démissionné parce qu'ils n'ont jamais obtenu ces données importantes impliquant le projet.
Par conséquent, nous voudrions soulever ces inquiétudes et signaler les réserves d'un grand nombre de personnalités culturelles établies ici envers tout projet impliquant M. Zuabi, avant que les décisions de financement d'Euromed soient finalisées.
Nous vous écrivons pour que vous preniez en compte ces inquiétudes avant que vous arriviez à une décision.
Nous vous serions reconnaissants de nous donner l'opportunité de vous rencontrer ou tout autre officiel responsable dans l'organisation de ce projet.
Nous croyons qu'une telle réunion ou échange d'opinions et d'inquiétudes pourrait considérablement aider à garantir que le projet d'Euromed réussira à atteindre ses objectifs.
Sincères salutations,
Sobhi al-Zobaidi (au nom des soussignés)
1. Sobhi al-Zobaidi, Filmmaker & Academic. Ramallah, Palestine
2. Annemarie Jacir, Filmmaker & Curator, Ramallah, Palestine
3. Najwa Najjar, Filmmaker, Ramallah, Palestine
4. Elia Sulieman, Filmmaker, Paris/Nazareth, Palestine
5. Hany Abu Assad, Director, Netherlands/Nazareth
6. Rashid Masharawi, Palestinian Filmmaker
7. Mai Masri, Filmmaker, Lebanon
9. Raed Al-Helou, Filmmaker, Ramallah
10. Ismail Habbash, Filmmaker, Ramallah
11. Rowan Faqih, Filmmaker, Ramallah
12. Ahmad Habash, Director/Animator, Ramallah
13. Nizar Hasan, Filmmaker, Nazareth
14. Raed Andoni, Producer, Ramallah
15. Hanna Elias, Director, Los Angeles /Ramallah
16. Dr. Alia Arasoughly, Filmmaker, Sociologist of Culture (Cinema)
17. Hanna Atallah,Filmmaker, Ramallah,Palestine
18. Abdul Salam Shehadeh, Filmmaker, Gaza
19. Emily Jacir, Artist, Rome/Ramallah
20. Dima Abu Ghoush, Filmmaker, Ramallah
21. Fatin Farhat, Director, Sakakini Cultural Center, Ramallah
22. Adania Shibli, Writer, London/Jerusalem
23. Shadi Zmorrod, Theater actor and Director, Palestine
24. Liana Badr, Minstry of Culture, Palestine
25. Hicham Kayed, Filmmaker, Lebanon
26. Khaled Katamish, Director, El-Funon Dance Troupe
27. Noora Baker, Activity Coordinator, Popular Art Center, Palestine
28. Mohammed Atta, Director, Wishah Dance Troupe, Palestine
29. Iman Hammouri, Director, Popular Art Center, Palestine
30. Tareq Abu-Lughod, Filmmaker, Amman
31. Issa Freij, D.P., Filmmaker, Jerusalem
32. Azza Al Hassan, Filmmaker, Amman, Jordan
33. Nahed Awwad, Filmmaker, Ramallah
34. Saed Andoni, Producer/Director, Ramallah
35. Ghada Terawi, Filmmaker, Palestine
36. Rawan Sharaf, Production Designer, Jerusalem, Palestine
37. George Khleifi, Producer, Ramallah
38. Kamal Aljafari, Cologne/Ramle, Palestine
39. Reem Fadda, Director, Palestinian Association for Contemporary Art (PACA)
40. Khaled Elayyan, Alkasaba Theater, Ramallah
(Lettre ultérieure à l'Union Européenne)
29 Janvier 2006
Chère Madame Carla Montesi
Nous avons envoyé une lettre à Mme. Catherine Colomb-Nancy, il y a trois semaines mais n'avons reçu aucune réponse ni accusé de réception de notre lettre. Nous avons également essayé d'appeler son bureau mais nous avons reçu aucune réponse.
La lettre jointe est une pétition de 40 réalisateurs palestiniens qui sont très concernés par la courte liste d'une proposition de partenariat entre Ramallah Film Institute et la New Foundation for Cinema and Television (Israël).
Nous avons exprimé nos raisons de nos inquiétudes en plus du fait que le Ramallah Film Institute est seulement une institution enregistrée en tant qu'israélienne à Jérusalem et n'est pas enregistrée dans l'Autorité Palestinienne comme cela est noté dans la proposition d'Euromed.
Hormis la signification qu'elle est donc non habilitée aux financements assignés aux Territoires Palestiniens, c'est également une tromperie de la part du Ramallah Film Institute et d'Euromed.
Nous aimerions beaucoup discuter de ce sujet avec vous. Notre lettre d'il y a trois semaines a été envoyée à Mme. Catherine Colomb-Nancy par fax, email, et courrier normal. Nous apprécierions beaucoup s'il y avait une certaine forme de réponse à notre correspondance.
Dans l'attente d'avoir de vos nouvelles.
Sincèrement,
Najwa Najjar, Annemarie Jacir et Sobi Zobaidi
Au nom des réalisateurs et des Institutions Culturelles
ccd: Catherine Colomb-Nancy
Traduction du document officiel
Organisation de Libération de la Palestine
Autorité Nationale Palestinienne
Ministère de l'Intérieur aux Affaires Civiles
(31 décembre 2005)
A : Mr. Falah Abu Al-Rob
Directeur du Département des Licences – Ministère de la Culture
Sujet: Ramallah Film Institute
Concernant le sujet mentionné ci-dessus, nous vous informons que le Ramallah Film Institute n'est pas officiellement enregistré auprès du Ministère de l'Intérieur aux Affaires Civiles, et nous soutenons que vous ne pouvez pas traiter avec l'Institut avant qu'il s'enregistre officiellement.
Avec nos remerciements,
Fadwa Al-Shaar
Administrateur Général des Organisations Non-Gouvernementales (ONG)
Autorité Nationale Palestinienne
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