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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

"C'est pire que l'occupation"

Par

Laila El-Haddad a débuté une série de témoignages sur la guerre de 1967 et 40 années d'occupation.
Fares Salih il-Ghoul, 80 ans aujourd'hui, raconte son expérience.

'C'est pire que l'occupation'

J'avais autour de 40 ans à l'époque de la guerre. Je suis allé à Wadi Gaza, au centre de la Bande de Gaza, et je me suis réfugié chez mon frère, qui avait une ferme.

Mais les Israéliens nous ont pourchassés. Ils procédaient à des fouilles maison par maison. Ils ont volé mon horloge et ma radio et tout ce qu'ils pouvaient trouver. J

e me souviens que j'avais sur moi une livre égyptienne, et ils l'ont prise aussi. C'était leurs forces de reconnaissance. Après être restés là entre 10 et 15 jours, nous sommes repartis au Camp de Réfugiés de Shati.

On nous avait obligés à quitter notre village, Hirbiya, près de la Bande de Gaza, en 1948.

Des tirs lourds

Mon frère et moi avons essayé de nous échapper en Jordanie à passant par le nord de Gaza. Nous avons vu les Israéliens et nous avons essayé de nous cacher.

Nous avons rencontré un fedayeen (combattant) palestinien qui nous a montré le chemin en passant par une forêt, où d'autres personnes s'étaient réfugiées.

Mais ils ont commencé à nous tirer dessus, des tirs très lourds auxquels nous n'étions pas habitués.

Nous nous sommes mis à l'abri chez des paysannes. Ils ont encerclé le coin, à notre recherche. Nous sommes allés près de Jabaliya pour trouver de l'eau, et les gens nous ont dit que nous étions recherchés – comme tout ceux qui essayaient de partir.

Je portais des sandales blanches et une jalabiya (robe traditionnelle). Le matin, ils nous ont encerclés et nous ont demandé nos papiers d'identité. Je ne les avais pas.

Ils nous ont emmenés dans un champ, avec d'autres personnes. Ils m'ont lié les mains derrière la tête. On était tout un groupe. La personne à côté de moi est tombée par terre, morte. Le soldat l'a poussée du pied. Il a dit : "Pourquoi dort-il ?". Je lui ai répondu : "Je ne sais pas". Et il a dit : "Tu vois, si tu essayes de t'enfuir, je te tire dessus et tu meurs."

Il a dit à l'autre soldat de m'emmener derrière une école, pas loin, et de nous tirer dessus. Il y avait déjà quelqu'un, là. Il était déjà mort, son sang coulait par terre. Ils venaient juste de lui tirer dessus.

Ils m'ont demandé d'avouer que j'étais un résistant, alors ils ont commencé à tirer à côté de moi et m'ont emmené de force vers un centre de détention avec 50 autres.

Ils nous ont mis dans un camion à viande qui a commencé à rouler. Ils avaient pris des hommes du quartier Zeitoun, dans la vieille ville, et les avaient tués juste avant, deux autobus pleins.

Permis

Ils nous ont emmenés au même endroit. Mais ils ne nous ont pas tiré dessus. Ils ont continué à décrire des cercles, avec nous dans le camion, pendant trois heures. Ils nous ont ramené à Gaza. Il y avait là 500 personnes. On a été entourés par des gardes. Il y avait des prisonniers égyptiens avec nous.

Un des Egyptiens s'est mis à gueuler contre un Israélien. Il a été tué immédiatement. Le chef de l'unité a demandé au soldat pourquoi il avait tiré, il a menti et il a dit : "Il a essayé de s'échapper". Alors il nous a dit : "Voyez ce qui se passe si vous essayez de vous échapper".

Après, ils ont commencé à éditer des "cartes d'identité israéliennes" et toute notre population et nos registres de naissance ont été sous leur contrôle. Nous avons commencé à leur demander des permis pour pouvoir aller où nous voulions.

Ils ont enregistré qui était à la maison au moment du recensement et ont fait les cartes d'identité sur cette base. Si vous étiez absent – même pour faire des courses, ou par exemple à l'université ou au travail quelque part, vous perdiez votre droit à cette carte, et donc votre droit à revenir ou à résider en Palestine.

En 1974, ils ont terminé le recensement. Ils ont demandé aux gens d'apporter leurs certificats de naissance. J'y suis allé et je leur ai donné les papiers qu'ils demandaient.

La femme soldat, elle s'appelait Dahlia, les a regardés et m'a demandé : "C'est pour quoi faire, tout ça ?"

J'avais 20 demandes – pour ma famille toute entière. Elle m'a dit : "Pourquoi il y en a autant ?". Je lui ai répondu : "Parce que nous faisons un "élevage de poulets" ; nous avons remplacé chaque martyr qui est mort en résistant à l'occupation."

Pillage

Elle m'a dit d'entrer. Le soldat en faction m'a demandé : "Qu'est-ce que tu lui as dit ?".
J'ai dit : "Que j'avais un élevage de poulets."
Il a dit : "Est-ce que tu veux dire qu'il n'y aura pas de place pour nous dans 10 ans ?"
J'ai dit : "Non, il n'y aura pas de place pour vous, même dans 5 ans. C'est notre terre."

Peu de temps après, ils ont commencé à piller les maisons.

Ensuite, ils ont interdit le drapeau palestinien. Ils ont forcé des vieux à aller les enlever des poteaux électriques ou des mosquées et les ont frappés avec.

Après une année, ils ont fait le siège de notre camp de réfugiés.

D'abord, ils nous ont encerclés et nous ont enfermés avec des fils de fer barbelés. Puis ils ont commencé à faire des rondes, avec leurs jeeps.

Ma maison était en face de la grille et le camp a été assiégé pendant presque un mois. Les Palestiniennes à l'extérieur du camp nous faisaient passer du pain et de la nourriture à travers la grille.

C'était vraiment dur et le chef des bataillons était là de temps en temps. S'ils voyaient quelqu'un quitter le camp pendant le siège, ou même passer la tête par la fenêtre pour regarder ou depuis la terrasse, ils lui tiraient dessus immédiatement, le battait, ou le détenait, devant sa famille.

Il n'y avait pas de permis pour sortir. La résistance était très faible à cette époque et après environ un mois, ils ont levé le siège, et la vie a continué malgré tout.

Ils rentraient dans les maisons en tirant, pour terroriser les gens. Ils ont tué beaucoup de monde, ils tiraient sur ceux qui se risquaient à jeter des coups d'œil à l'extérieur de leurs maisons. Les gens ont commencé à être déportés, accusés de résister à l'occupation.

Les habitants étaient vraiment dans un sale état à la fin, et nous voilà, 40 ans après, toujours sous occupation.

La situation empire

La situation actuelle est pire qu'avant.

Ils ont fermé la prison [Gaza] et ont emporté la clef avec eux, et la mer, et l'air, ils contrôlent toutes les frontières.

S'ils étaient restés, ça aurait été mieux – là au moins le monde aurait reconnu la situation pour ce qu'elle était – une occupation pure et simple.

Maintenant, n'importe quel ministre a besoin d'un permis pour voyager. Quelle sorte de gouvernement est-ce ? Quand ils veulent réduire un peu la pression et apaiser la communauté internationale, ils ouvrent la frontière pendant quelques jours.

C'est pire que l'occupation, c'est une prison.

Combien de décisions les Nations Unies ont-elles prises ? Ils n'en ont respecté aucune, mais il n'y a pas un seul pays pour oser ouvrir la bouche.


Source : Uruknet

Traduction : MR pour ISM

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