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Bilin - 9 mars 2011
Par Stop the Wall
Community Voices, Palestinian Grassroots Anti-Apartheid Wall Campaign, 7 mars 2011
A Bil'in, nous avons discuté avec Iyas Abu Rahmah, activiste de 19 ans, photographe et étudiant en cinéma. Il commence par parler de son travail et de son activisme dans son village :
"Je suis bénévole dans la campagne Stop the Wall et membre de la campagne à Bil'in. Je coordonne, avec les jeunes, le travail bénévole et beaucoup d'autres activités. Le plus important, c'est la manifestation du vendredi, préparer les pancartes, les bannières et les drapeaux palestiniens. Ensuite, c'est le travail au niveau international (...). Nous menons aussi un travail bénévole dans le village. Par exemple, nous le nettoyons. Nous avons aussi des activités à Ramallah, avec la Campagne ; par exemple, nous avons participé à la dernière marche, celle appelant à la "fin de la division", et à la marche en solidarité avec la révolution du peuple égyptien."
Iyas (photo ci-dessus) s'intéresse à la photographie, et couvre les manifestations hebdomadaires :
"J'ai commencé à prendre des photos en me baladant, des photos de fleurs et de la nature. Ensuite, j'ai commencé à me servir d'une petite caméra que nous avions à la maison. J'ai fait des vidéos de la marche et de l'armée. En devenant bénévole dans la Campagne, j'ai pu avoir une caméra professionnelle et j'ai commencé à prendre des vidéos pour le rapport hebdomadaire du Comité populaire.
Les vidéos sont importantes parce qu'elles révèlent les crimes de l'occupation, comment ils arrêtent les gens, frappent les jeunes, tout est enregistré. S'il n'y avait pas de caméras et de journalistes à Bil'in, le monde ne saurait pas ce qui s'y passe (...)."
Documenter est crucial, en particulier parce que les forces de l'occupation continuent de développer et d'utiliser des armes nouvelles (et anciennes) contre les manifestants en Cisjordanie . Iyas parle de quelques-unes des armes que les soldats israéliens utilisent à Bil'in :
"Il y a les grenades lacrymogènes : elles sont en aluminium mais enveloppées de caoutchouc. Leur portée est de 1000 mètres. Bassem est devenu martyr à cause d'une d'entre elles.
En plus du gaz lacrymogène, il y a l'eau, c'est la dernière chose qu'ils utilisent. Il y a longtemps, ils se servaient de canons à eau, avec de l'eau normale. Puis ils se sont mis à utiliser de l'eau colorée, qui teignait tout le corps en bleu. Ensuite de l'eau mélangée à du gaz, qui brulait la peau (comme du poivre). Maintenant, c'est de l'eau croupie et puante, qui provoque des nausées et des vomissements.
Ils se servent aussi de bombes sonores pour réprimer les manifestations, qui créent un bruit désorientant dans les oreilles.
Il y aussi les balles réelles de type "tutu'. Elles sont petites et enveloppées de plastique. La semaine dernière, quelqu'un a été blessé à la poitrine et à la jambe. Il est à l'hôpital."
A Bil'in, et dans toute la Cisjordanie , les jeunes ont joué un rôle essentiel dans la lutte contre le mur. Iyas explique :
"S'il n'y avait pas les jeunes, il n'y aurait plus de marches ; les jeunes en sont le moteur. Ils y participent et ont un rôle de premier plan dans la direction des marches (...), le plus important. Ils organisent les manifestations, ils les mènent, chantent des slogans, invitent les autres et vont à l'extérieur de Bil'in s'il y a d'autres manifestations, grandes ou petites.
Maintenant, si personne n'annonce la marche, les jeunes le feront eux-mêmes ; si le Comité ou la direction du village disent "ce vendredi, il n'y aura pas de manifestation", elle aura lieu quand même."
A cause de leur implication, les forces d'occupation ciblent les jeunes. D'après Iyas, ceci n'est pas limité aux manifestations du vendredi.
"Tous mes amis font leurs études loin de Bil'in (...). S'il y a un checkpoint sur la route, les soldats les harcèlent parce que Bil'in est indiqué sur leurs cartes d'identité, ou parce qu'ils sont impliqués dans l'activisme populaire."
Une des tentatives les plus graves pour briser l'activisme des jeunes et le mouvement anti-mur dans son ensemble fut l'attaque et l'arrestation systématiques des jeunes et des organisateurs. De longues périodes de raids continuels et d'arrestations sont devenues choses communes à Bil'in, Ni'ilin, Beit Ummar, Jayyus et d'autres villages, et sont en cours actuellement à Nabi Saleh, où les forces de l'occupation ont récemment arrêté des jeunes et des organisateurs des protestations. Iyas explique comment les forces de l'occupation emploient cette tactique contre les jeunes et les organisateurs de Bil'in :
"Au début des manifestations, les soldats lançaient des raids contre le village, essayaient d'imposer un couvre-feu, faisaient des dégâts dans les maisons, harcelaient et terrifiaient les enfants. Beaucoup d'enfants ont eu des problèmes psychologiques (...).
Nous sommes souvent confrontés à des raids et des arrestations, avec l'armée qui cible les maisons où il y a des enfants entre 14 et 16 ans. Ils font pression sur eux pour essayer d'obtenir d'eux des aveux. Ces jeunes participent aux manifestations, et les soldats essaient de leur faire dénoncer les autres jeunes.
Notre maison a été attaquée 3 ou 4 fois. La dernière fois, ils ont enfoncé la porte. Quand ils nous ont attaqués, c'était la période où ils ciblaient tout le travail populaire, partout, et Bil'in était la cible principale. Mon oncle Abdullah (Abu Rahmah) avait été dénoncé et les forces de l'occupation l'avait dans leur ligne de mire ; ils l'ont arrêté parce qu'il était considéré comme le numéro un du Comité populaire de Bil'in.
La première fois qu'ils sont venus chez nous, ils n'ont pas attendu que nous ouvrions la porte. Ils l'ont enfoncée. Ils ont enfoncé la deuxième porte, au rez-de-chaussée, et aussi les portes intérieures. Un membre du conseil du village de Bil'in et membre du Comité populaire, Mohammed al-Khatib était venu voir ce qui se passait parce que mon cousin pleurait et criait. Ils l'ont frappé devant les enfants. Après, ils ont donné à mon oncle une convocation (pour interrogatoire) puis sont partis. Ils ont cassé des affaires et confisqué tous les posters et les drapeaux, et tout le matériel pour les actions contre le mur.
Pendant les raids, l'armée attaque toutes les maisons sans exception, mais elle met plus de zèle sur les maisons où des jeunes sont impliqués dans les actions contre le mur ou le travail populaire.
Ils ont beaucoup ciblé les activistes, par exemple Adeeb Abu Rahmah, la marche était pacifique, et presque à bout portant, ils lui ont tiré trois ou quatre balles caoutchouc-acier dans une jambe.
Ils ciblent aussi les maisons des autres membres du Comité populaire, comme Abu Nizar, un membre de la Campagne et du Comité populaire. Ils l'ont arrêté chez lui ; ils sont même venus avec des chiens. C'est arrivé l'été dernier, il y a presque un an."
En plus des jeunes et des activistes, les forces d'occupation ciblent aussi collectivement le village, pour essayer de semer la discorde et de saper le soutien aux protestations. Cette tactique aussi est récurrente, les forces d'occupation attaquant des communautés entières pendant les manifestations ou ciblant leurs moyens de subsistance :
"Ils essaient aussi d'empêcher les travailleurs de travailler à l'intérieur de la Ligne Verte en leur refusant les permis. L'armée sait très bien qui participe aux manifestations et qui n'y participe pas. Mais en général, la violence est dirigée sur le village de Bil'in dans son ensemble."
Malgré tout ceci, Iyas est optimiste sur l'avenir de la résistance populaire dans le village. Même si le mur est déplacé à Bil'in, il pense que les manifestations continueront :
"Le taux de participation est de cent pour cent. Si quelqu'un ne participe pas un vendredi, il participe le vendredi suivant. Chacun prend la place de l'autre. Par exemple, si vous n'avez pas pu participer vendredi dernier, j'irai à votre place. Il y a une rotation, mais tout Bil'in participe aux manifestations, sans exception.
Il y a toujours de l'énergie et de l'activiste pour débarrasser du mur toute la terre palestinienne, depuis Bil'in."
Source : Stop the Wall
Traduction : MR pour ISM
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