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Israël - 20 février 2007
Par ISM
Les Anarchistes Contre le Mur ont une place particulière dans le "camp de la paix" israélien. Ils militent pour un seul Etat, la Palestine, au sein duquel les Palestiniens de la diaspora auraient réintégré leurs villages et maisons, et où eux, Anarchistes, solliciteraient (humblement) la nationalité palestinienne.
Jonathan Pollak, militant du groupe Anarchistes contre le mur, a été condamné à trois mois de prison qu'il devra faire si une nouvelle condamnation pour les mêmes motifs intervient. Pollack a été condamné hier, avec 10 autres militants, poursuivis pour avoir bloqué une rue de Tel Aviv pour protester contre la construction du mur.
Jonathan Pollack et deux des dix inculpés, dans le box des accusés, hier
Il a demandé au magistrat de la Cour de Tel Aviv de le condamner à de la prison plutôt qu'à un travail d'intérêt général ou à une condamnation avec sursis, parce qu'il n'avait aucunement l'intention d'arrêter de résister à l'occupation. Les dix autres militants ont été condamnés à 80 heures de travaux d'intérêt général.
Dans sa déclaration, Pollak a dit : "Ce procès, s'il n'avait pas eu lieu dans un tribunal d'occupation, dans la "démocratie" imposée aux 3,5 millions de Palestiniens dépourvus de libertés démocratiques fondamentales, devait être le procès du mur. Ce même mur déclaré illégal par la plus haute autorité de justice au monde ; ce même mur qu'Israël utilise comme outil politique dans la campagne de nettoyage ethnique des territoires occupés."
"Ce n'est pas nous qui devrions être là, dans le box, mais ceux qui planifient et mettent en œuvre l'apartheid", a poursuivi Pollak. Il a également déclaré que bien qu'il ne soit pas étonné par la condamnation, il ne lui reconnaissait aucune légitimité, expliquant que c'est la raison pour laquelle il refusait le travail d'intérêt général ou toute coopération avec les autorités de liberté surveillée.
A la fin de sa déclaration, Pollak a demandé à la cour de lui appliquer une peine d'emprisonnement et non un sursis. "Dans une situation où n'importe quel rassemblement dans les territoires est déclaré illégal à cause de la politique anti-démocratique de zones militaires fermées, toute peine avec sursis que vous m'appliquerez se transformera vite en prison ferme", a-t-il dit, puis se tournant personnellement vers le juge : "Si votre honneur pense que quelqu'un doit être envoyé en prison pour de tels actes, alors envoyez-moi en prison ici et maintenant."
L'avocat général a vite répondu en demandant de ne pas envoyer Pollak en prison, mais de le condamner plutôt à une peine conditionnelle assortie d'une amende.
La déclaration de Jonathan Pollak au tribunal
Depuis la première minute de ce procès, nous avons assumé la responsabilité de nos actes. Pas un instant nous n'avons nié nous être assis dans la rue.
(voir l'action incriminée)
Au contraire, nous l'avons admis pleinement et nous avons expliqué pourquoi nous l'avons fait. Notre défense était articulée autour de deux axes centraux : révéler les mensonges des policiers et l'invention d'accusations fictives, que le tribunal a déjà abordé, et sur les principes de résistance civile.
Dans sa décision, le tribunal a déclaré que nous essayions de faire glisser la cour sur l'arène politique, ce qu'il voulait absolument éviter.
En fait, c'est le ministère public qui faisait le glissement. La question du mobile est au centre de chaque crime et de chaque procès. Notre soi-disant crime est clairement politique, et les mobiles également.
Ce procès, s'il n'avait pas eu lieu dans un tribunal d'occupation, dans la "démocratie" imposée aux 3,5 millions de Palestiniens dépourvus de libertés démocratiques fondamentales, devait être le procès du mur. Ce même mur déclaré illégal par la plus haute autorité de justice au monde ; ce même mur dont se sert Israël comme outil politique dans la campagne de nettoyage ethnique des territoires occupés ; ce même mur dont le premier tracé a même été rejeté par les tribunaux israéliens ! Ce n'est pas nous qui devrions être ici, dans le box des accusés, mais plutôt les architectes et les organisateurs de l'apartheid israélien.
A notre affirmation que quelquefois, c'était un devoir de violer la loi, la cour a répondu que dans ces conditions, on devait également accepter la punition. Cette réponse contient une faillite morale évidente. La réponse correcte serait que ceux qui violent la loi peuvent s'attendre à une punition. S'y attendre, mais en aucune façon en accepter la légitimité.
Je ne suis pas surpris que nous ayons été déclarés coupables. Mais en dépit de cela, nous ne pouvons pas accepter la légitimité de la punition. C'est la raison pour laquelle je refuse de coopérer avec la libération sur parole, et que je refuserai également le travail d'intérêt général.
Je crois qu'à ce moment du procès, la défense essaie d'établir que c'est la conviction première de l'inculpé, que c'est un être humain normal, qui est bien intégré dans la société, qu'il a un travail stable, etc. etc. J'argumenterai autrement. Je dirai que alors que c'est bien sûr ma conviction première, ce ne sera certainement pas la dernière.
Je continue à croire que ce que j'ai fait était nécessaire et moralement correct, et que la résistance à l'oppression est un devoir pour chaque être humain, même s'il faut payer un prix personnel.
Il est habituel de demander la clémence – ne pas imposer une peine ferme, et être satisfait avec une peine conditionnelle. Je demanderai à ce qu'on ne m'impose pas une peine conditionnelle mais une peine ferme, parce que les choses étant ce qu'elles sont, toute manifestation dans les territoires occupés est déclarée illégale, selon le système étendu et anti-démocratique de zones militaires fermée.
Toute peine conditionnelle qu'on m'imposera deviendra vite une peine ferme. Si votre honneur croit qu'on peut être envoyé en prison pour de tels actes, je vous en prie, envoyez-moi en prison ici et maintenant.
Source : ISM
Traduction : MR pour ISM
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