Jénine - 20 juillet 2004

A Barta, 2 bulldozers israéliens démolissent maisons et usine

Par Doug

Un bulldozer était alors juste en train de terminer la destruction d'une usine de textile à 2 étages qui employait 120 ouvriers, laissant des plaques de béton et des parpaings dans son sillage.
En bas de la rue, il y avait une rangée de cinq magasins qui allaient être démolie; les propriétaires enlevaient frénétiquement leurs marchandises et les chargaient dans des camions.

A Barta, alors que les bulldozers approchent, les habitants emmènent ce qu'ils peuvent sauver

Vers midi, nous avons reçu l'information que les militaires israéliens étaient entrés dans Barta et qu'ils étaient en train de démolir des maisons et des bâtiments.

L'ISM a envoyé 5 personnes pour voir ce qui se passait et vers 15h30, après avoir convaincu les soldats israéliens de nous laisser passer le checkpoint d'Um al Rihan et marché ensuite 2,5 km jusqu'à Barta, nous sommes entrés dans un village en plein chaos et dévasté.

A l'entrée du village, nous avons rencontré un jeune couple palestinien avec un bébé, coincé entre, d'un côté, la police des frontières israélienne qui ne voulait pas les laisser quitter le village et, de l'autre côté, les soldats qui ne les laissaient pas rentrer à nouveau dans Barta.

Ils nous ont dit que les militaires leur avaient donné une semaine pour évacuer leur maison et qu'ils l'avaient détruite ce matin.

Ils nous ont suivis lorsque nous avons contourné les soldats qui bloquaient la route principale, sur un terrain rocailleux, en passant par les barrières cassées et les passages étroits, jusqu’au centre de Barta.

Bien que Barta soit une village divisé en deux et coupé du reste du monde, ses 4.000 habitants sont comme une famille très étroitement liée. Ils sont principalement des descendants d'un homme nommé Cabaha qui était venu de Jérusalem il y a environ 1.000 ans pour travailler la terre et fonder une communauté.


Récemment Barta a essuyé beaucoup de revers.

Au centre du village, il y a une vallée qui démarque la Ligne Verte - qui leur a été imposée après 1967 - ce qui divise la famille du village en deux. La moitié des habitants à l'Est de la Ligne ont une certaine forme de nationalité israélienne tandis que ceux du côté Ouest ne l’ont pas.

Apparemment les Israéliens ont besoin d'une limite plus claire et plus concrète; donc, ils projettent de construire un mur de l’Apartheid en plein milieu de la vallée de Barta.


Quand nous sommes arrivés dans la vallée ; nous avons trouvé les militaires israéliens qui travaillaient dur.

Selon Ghassan, le maire de Barta, quatre maisons et 12 magasins avaient été déjà détruits le matin, blessant dix Palestiniens et un soldat israélien.

Un bulldozer était alors juste en train de terminer la destruction d'une usine de textile à 2 étages qui employait 120 ouvriers, laissant des plaques de béton et des parpaings dans son sillage.

En bas de la rue, il y avait une rangée de cinq magasins qui allaient être démolie; les propriétaires enlevaient frénétiquement leurs marchandises et les chargaient dans des camions.

Des centaines d’habitants de Barta de l'Est et de l'Ouest affrontaient, très en colère, des dizaines de soldats fortement armés. Ils ont d’abord essayé de les raisonner, puis ils leur ont crié dessus, exprimant ainsi leur fureur et leur désespoir face aux soldats impassibles et amusés.

Selon Ghassan, la justification des démolitions était que les batiments étaient illégaux parce que, soi-disant, les propriétaires n’avaient jamais obtenu de permis de construire. Les propriétaires affirment que c’est faux et risible. C’est peut-être une pure coïncidence que tous les bâtiments étaient sur la Ligne Verte, sur le tracé du Mur proposé.

Une confrontation temps a eu alors lieu devant les cinq magasins. Ds centaines de Palestiniens de tous les âges se sont réunies et ont refusé de disperser. Des caillous ont volé, venant de toutes les directions, sur les soldats qui ont tiré avec des balles en caoutchouc et de temps en temps des balles réelles. Pour disperser la foule, les soldats ont utilisé des bombes assourdissantes, puis ils ont appelé le bulldozer pour commencer à abattre les murs de parpaings.

Une fois que les magasins ont été détruits, le bulldozer s’est déplacé vers sa prochaine cible : la maison d'un vieux monsieur dans les 70 ans qui vivait en bas de la rue. Pendant que la lame du bulldozer commençait à faire des trous dans son plafond en béton, les soldats israéliens se sont déployés en éventail autour de sa maison pour tirer des balles en caoutchouc et des bombes assourdissantes sur les hommes qui lançaient des cailloux en tentant désespérément de stopper la démolition.
Le vieil homme se tenait médusé pendant qu'il regardait ses murs s’effondrer et le travail de sa vie réduit à des gravats.

Les soldats se sont approchés des lanceurs de cailloux. Ils ont convergé devant un mosquée, puis se sont affronté à un jeune homme qui se tenait à l'entrée de la mosquée et qu’ils accusaient de jeter des cailloux.

Quand celui-ci a battu en retraite, les soldats ont essayé d'entrer dans la mosquée pour l’attraper, mais l'Imam est venu à la porte pour leur bloquer l’entrée.

Quand les soldats ont essayé de la pousser, les habitants de Barta, jeunes et vieux, se sont jetés sur les soldats et les ont attrapé par derrière pendant que des centaines d’autres Palestiniens courraient les aider. Encore une fois, la foule a été dispersée par des bombes assourdissantes et des balles en caoutchouc. Les soldats n'ont plus tenté de passer la porte de la mosquée.

Les démolitions ont cessé tard dans la soirée, mais il semblerait qu’elles vont continuer dans les jours à venir.

En dépit de la délimitation arbitraire et cruelle de la Ligne Verte, l'esprit de famille de Barta n'a pas été brisé. Je pense qu’alors que le gouvernement israélien essaye de construire un mur entre le père et le fils, le frère et la soeur, il constatera que rien, ni même les balles ou les bombes, ne peut vaincre l'âme palestinienne.

Source : www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM-France