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ISM France - Archives 2001-2021

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Ramallah -

Arrêtés à Bil'in

Par

Il y a un groupe de Rap palestinien appelé DAM qui a une chanson populaire intitulée "Meen Erhabe?" ou "Qui est le terroriste?"
J'entendais encore et encore cette chanson dans ma tête hier pendant que je participais à une manifestation non-violente contre le mur d'Apartheid et l'expansion de la colonisation illégale israélienne, sous la forme de la colonie Kifliyat Safer dans le village palestinien de Bil'in situé l'extérieur de Ramallah.

Les organisateurs avaient créé des masques de Condoleeza Rice et George Bush et les manifestants avaient mis des bandes de tissu orange sur leurs yeux pour symboliser l'échec des Etats-Unis à reconnaître que le désengagement de Gaza équivaut à l'expansion des colonies en Cisjordanie ; l'avant de la manifestation portait une banderole où l'on pouvait lire précisément ce slogan.

Hier se déroulait la 54ème manifestation non-violente à Bil'in. Pour moi, c'était la deuxième fois que je rejoignais en solidarité les gens qui résistent ici à la construction du Mur d'Annexion sur leur terre.

Nous nous étions rassemblés devant la mosquée et nous avons marché du centre de Bil'in vers le secteur où le Mur d'Annexion est construit.

Les gens scandaient des slogans, chantaient, et ensuite il y a eu des discours une fois que nous sommes arrivés sur le site de la protestation non-violente. Nous avons naturellement rencontrés les Forces de Défense Israéliennes (IDF), qui portaient leur équipement anti-émeutes et nous cernaient de toutes parts.

Ils ont placé le barbelé en travers de la rue comme marque pour l'endroit où ils souhaitaient que nous nous arrêtions.

Après environ vingt minutes, l'IDF a commencé à tirer des grenades de gaz lacrymogène sur le parcours où se tenaient la plupart des Palestiniens.

A l'avant, là où les Israéliens, les Palestiniens et les internationaux se tenaient assis par terre et bras dessus bras dessous, les soldats de l'IDF ont commencé à donner des coups de pied, donner des claques et frapper les manifestants non-violents avec leurs matraques. Ils ont utilisé leurs matraques pour délier les bras des manifestants et ont porté certains d'entre eux en détention dans une maison non terminée sur le cêté de la route.

J'étais en train de filmer et j'ai été choquée par la violence injustifiée des soldats israéliens. J'ai commencé à hurler sur l'un d'eux parce qu'il matraquait des personnes qui protestaient par des moyens non-violents. Je ne sais pas si je pourrai un jour tempérer – ou si je le voudrai – l'indignation que j'éprouve à chaque fois que je suis témoin de la violence de l'IDF.

Mon débordement m'a coûté ma liberté, au moins pour le reste de la journée, puisque j'ai été arrêtée sur place et traînée vers le centre de détention aménagé où j'ai rencontré environ 40 manifestants non-violents israéliens, internationaux et palestiniens.

Ils nous ont liés les mains avec des bandes en plastique et nous ont fait monter la colline en direction de la colonie israélienne. Ils nous ont immédiatement séparés.

Comme d'habitude, un détenu palestinien, Jawad Asi, a été mis tout seul et traité plus durement que nous.

D'abord, ils nous ont laissés nous asseoir avec les Israéliens, mais ensuite ils nous ont séparés et ont placé les internationaux sous un arbre séparé. Il y avait deux Anglais, un Suédois, et deux Américains y compris moi. Par la suite tous les Israéliens sauf deux ont été autorisés à partir et les Anglais ont été aussi libérés.


Nous cinq : Ted Auerbach (U.S.), Natalia Nuñez (Suède), Noga Almi (Tel Aviv), Uri Ayalon (Tel Aviv) et moi, avons été emmenés dans la colonie illégale israélienne de Giv'at Ze'ev où nous avons été placés dans le commissariat de police.

Avant de quitter le site, le soldat qui a arrêté Natalia lui a dit : "S'il vous plait, ne pas revenez pas dans à mon pays.

Ce à quoi elle a répondu : "Je ne suis pas dans votre pays; Je suis en Palestine."

Jawad est arrivé au commissariat de police peu de temps après nous , avec un nouveau bandage sur son coude droit, mais la police et les soldats nous ont encore séparés. Natalia et Jawad sont les seuls qui semblaient avoir des blessures évidentes, pour elle à l'épaule et pour lui au bras, en raison des coups de matraques donnés par la police.

Nous avons tous été accusés de résistance à l'arrestation et d'être entrés dans une zone militaire fermée; tous sauf moi ont été accusés d'agression sur un officier, mais j'ai été accusée d'insulte à un officier.

Je fus la seule à être fouillée par un officier féminin de la prison, qui recherchait probablement le film qui réfuterait les revendications des soldats, bien qu'elle m'ait interrogée en particulier au sujet de mon téléphone portable.

Par chance, je les avais cachés dans mes sous-vêtements pour qu'ils soient en sécurité. J'avais également caché mon téléphone portable dans mon soutien-gorge, qu'elle n'a pas trouvé non plus.

Au début, nous avons dû faire face aux soldats en groupe pour qu'ils remplissent les formulaires sur nos informations de base; cette expérience était particulièrement surréaliste puisque la télévision en face de nous diffusait un soap-opéra israélien pendant que nous répondions à ces questions.

Nous avons tous été interrogés séparément, mais les scénarios étaient identiques.

Quand je suis entrée pour être interrogée par Moshe Levy, l'enquêteur, et qu'il a appris que j'étais juive, il a déclaré : "Quand les Arabes viendront pour tuer tous les juifs, ils viendront pour vous d'abord."

Il a dit que ce serait comme le 11 septembre à New York ou les attaques récentes de Londres. Pendant tout l'interrogatoire j'ai maintenu mon mantra : "Je nie toutes les accusations contre moi."

Quand Noga est revenue, elle m'a dit qu'ils l'avaient harcelée de la même façon, mais avec elle, ils a essayé de la convaincre que les Palestiniens utilisaient seulement les Israéliens, avec un point final conforme à celui qu'ils m'ont décrit.

Entre ces interrogatoires, nous étions placés dans des coins séparés de la cour du commissariat de police. Lorsque nous avons essayé de parler entre nous – y compris avec les Israéliens qui essayaient seulement de traduire ce que les soldats ou les officiers disaient – nous avons encore été déplacés.

Nous avons parlé de la stratégie parce que nous étions tous inquiets que Jawad reste en prison toute la semaine et que nous serions libérés sous conditions.

Natalia avait prévu de quitter le pays ce soit aussi il n'était pas possible pour elle de rester; Ted et moi avons décidé que nous pourrions mieux aider Jawad si nous étions à l'extérieur de la prison, en particulier parce que je pensais que je pourrais avoir le film qui pourrait l'aider à sortir.

Il s'est avéré qu'un activiste israélien qui avait manifesté avec nous, Shai, est venu pour signer nos papiers de libération et qu'il avait également une vidéo de la journée.

Il l'a montré aux enquêteurs et ils se sont rendu compte que ni Jawad ni aucun d'entre nous n'avaient agressé de soldat et ils ont laissé Jawad partir avec nous.

Cela ressemblait à une victoire puisqu'Abdallah est toujours en prison depuis la protestation non-violente de la semaine dernière à Bil'in.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM

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