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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Tirer d’abord, et rire ensuite

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Pendant que nous nous dirigions vers l’APC, il y a eu un gros bang. Mohammed a dit : "Ils tirent sur les gens".
Dans la confusion du moment, j’ai entend une femme qui se mettait à gémir et un homme, évidemment blessé, qu’on transportait vers nous et qui a été rapidement introduit dans un taxi avec des femmes (dont l’une tenait un petit bébé).
Le taxi a fait demi tour aussi vite que possible, puis a filé sur la route dans un nuage de poussière.
Je fixais une mare de sang sans comprendre vraiment ce que j’avais vu.

18 juillet : Voir la violence israélienne de près


Ca a commencé comme un après-midi ordinaire : Mohammed et moi allions à une réunion avec des gens du village de Salem pour parler des ISM et des autres internationaux qui allaient planter des arbres avec eux un jour de la semaine prochaine.

Les villageois ont raconté à quel point ils sont harcelés par les soldats et les colons de la région.

A mi-chemin, un taxi venant d’une autre direction nous a dit qu’il y avait un checkpoint volant plus loin sur la route, et donc d’attendre un peu.

Effectivement, nous nous sommes mis à l’arrière de la queue d’une vingtaine de véhicules, qui comprenaient des tracteurs, des poids lourds et plein de taxis ( le taxi collectif est le mode de transport habituel ici).

Après avoir attendu environ un quart d’heure, nous avons décidé de laisser le taxi partir et de continuer à pied.



Pendant que nous marchions, nous voyions la forme trapue et laide d’un APC (Armored Personnal Carrier – Véhicule blindé de Transport de troupes). Il était garé à un carrefour, au bout des routes venant de la colonie et de la base militaire, donc le trafic était refoulé vers les autres trois routes.

Pendant que nous nous dirigions vers l’APC, il y a eu un gros bang. Mohammed a dit : "Ils tirent sur les gens".

Dans la confusion du moment, j’ai entend une femme qui se mettait à gémir et un homme, évidemment blessé, qu’on transportait vers nous et qui a été rapidement introduit dans un taxi avec des femmes (dont l’une tenait un petit bébé).

Le taxi a fait demi tour aussi vite que possible, puis a filé sur la route dans un nuage de poussière. Je fixais une mare de sang sans comprendre vraiment ce que j’avais vu.

L’homme qui venait d’être touché était Ahmed Baeri (pardon pour l’orthographe) du village de Salem, père de quatre enfants, dont le plus jeune venait juste de naître à l’hêpital de Naplouse le jour précédent.

Ce jour-là, il ramenait à la maison sa femme et son enfant. Il était arrivé en tête de file et avait interpellé les soldats pour leur demander s’il pouvait passer avec sa femme terriblement fatiguée après la naissance.
Ils lui ont répondu en lui tirant dans la jambe.


Les soldats israéliens derrière la porte ouverte de leur APC ont alors fait signe d'avancer à une autre personne dans la file. Un homme a sauté de son tracteur et a lentement traversé l’espace ouvert devant eux.

Il venait juste de voir un homme pris pour cible par ces mêmes soldats, mais il a dû leur faire face, comme le faisaient tous les autres dans la queue : sinon, leurs vies risquaient de s’arrêter.

C’est la routine quotidienne pour eux, mais pour moi avec ce que j’avais vu, je ne faisais que commencer à comprendre : des hommes lourdement armés avaient tiré sur un homme non armé à plus d’une centaine de mètres abrités derrière la porte de leur APC. J’ai entendu tirer, j’ai vu le sang et je l’ai vu prostré à l’arrière du taxi.

Ensuite ça a été mon tour de traverser et de montrer ma carte d’identité ; je ne dirais pas que mon cœur ne cognait pas.

Quand je suis arrivée là, j’ai vu qu’aucun de ces soldats ne paraissait avoir plus de vingt ans, peut-être 22. Ils étaient hilares. J’ai demandé pourquoi ils avaient tiré sur un homme, et ils m’ont dit : "Vous mentez, nous n’avons tiré sur personne, vous êtes une menteuse."

- "Venez avec moi voir le sang" ai- je répondu. Il y a eu encore plus de rires.

- Vous devriez avoir honte, et votre mère devrait avoir honte de vous aussi

- Détrompez-vous, elle sera tellement fière.

Ils ont été d’accord pour me laisser passer mais pas Mohommed alors je suis repartie. En m’éloignant leur rire sonnait à mes oreilles.
Et au moment même où j’écris je ne sais pas quel est le sort d’Ahmed.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : CS pour ISM

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