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Vallée du Jourdain - 23 juillet 2005
Par Ali Samoudi
Ali Samoudi est le correspondant à Jénine de Reuters et d'Al Jazeera. Il est également le coordinateur local de l'ISM.
La décision des autorités de l'occupation israélienne d'isoler le centre et le nord de la vallée du Jourdain (al-aghwar) en empêchant sa population d'emprunter les routes pour arriver à Toubas ou Naplouse a de graves répercussions sur l'ensemble des secteurs de la population dans la région.
La population visée est menacée encore une fois par des mesures oppressives, comme celle de devoir contourner toute la Cisjordanie en passant par Ariha( Jericho) pour rejoindre le nord.
Une politique oppressive
les forces de l'occupation ont récemment commencé à appliquer cette nouvelle politique, comme dit Ahmad Asaad, secrétaire du mouvement Fateh dans la région de Toubas, qui vise "à isoler la région du monde extérieur, pour procéder à encore plus de vols et de judaïsation de la terre palestinienne, pour étouffer les agriculteurs et les habitants de la région, de façon complète.
Elles ont fermé la route principale utilisée par les habitants depuis des dizaines d'années qui relie Toubas et Tamoun aux villages de Qurush, Beit Dajin, Ayn Bayda', Jafatlik, Zubaydat, Marj el-naaje, leur interdisant d'utiliser cette route, et les obligeant à emprunter la route qui passe par Ariha.
Les soldats de l'occupation postés sur les barrages de Tayasir et Hamra empêchent la population de passer vers Toubas, Jenine, Naplouse, sinon en contournant en passant par le sud.
Asaad ajoute : par cette décision, ils ont imposé aux habitants de la région de nouvelles conditions difficiles, ils doivent faire un voyage de 80 km pour se rendre à Ariha, au sud, puis passer par Ariha, à travers des routes tortueuses, vers Taybe, puis la route de contournement près de Ramallah vers Naplouse, ce qui fait 100 km, et après tout ce trajet, il faut se rendre à Toubas, faire 30 kms, ce qui représente une catastrophe qui va avoir des répercussions sur la région en entier, cela va paralyser la vie et détruire l'économie de façon complète.
Pendant que la population de la région de la vallée du Jourdain se demande à propos de cette nouvelle décision, ses répercussions néfastes sur leur vie, notamment économique, ont été vite aperçues.
Muhammad Abdallah, du village al-Bayda', qui possède un magasin, dit : les masagins et les commerces sont alimentés par des produits de Toubas et de Naplouse, il n'y a pas d'autres alternatives. C'est vraiment un isolement commercial d'un nouveau genre".
Quant au secteur agricole, il va être le plus touché.
Les villages visés, comme le dit le président du conseil villageois de Kardala, "les villages vivent de l'agriculture qui est la principale source de revenus, la seule route pour commercialiser ces produits sont les diverses villes passe par Toubas" ajoutant : la nouvelle route va nous ruiner, surtout avec la chute des prix, ainsi, le secteur de l'agriculture va progressivement mourir en passant par des crises graves, comme celles qu'il a déjà passées depuis l'occupation, qui a imposé l'encerclement de la région".
L'agriculteur Hussam Daraghme dit qu'il a essayé de faire passer ses productions agricoles par la nouvelle route, ce fut une perte totale, à cause des coûts de transport. Il ajoute : "nous sommes vraiment dans une impasse réelle, et bientêt, il n'y aura plus d'agriculteur qui cultive sa terre, si cette décision n'est pas annulée."
Mais les forces de l'occupation poursuivent l'éxécution de leur nouvelle politique, qui comporte également des dangers et des risques sur la santé de la population visée, car la population avait l'habitude de se rendre à Toubas pour les soins. De même, les étudiants, les fonctionnaires et tous les citoyens voulant consulter les bureaux administratifs vont se retrouver dans l'impossibilité de le faire.
Les forces de l'occupation sont en train d'exécuter une politique de sanctions, de répression envers les Palestiniens qui utilisent des routes alternatives pour passer à Toubas.
Ahmad Khalil dit qu'il a essayé d'emmener son fils malade au centre de soin de Toubas, les soldats les ont arrêtés et agressés, et menacés de les emprisonner s'ils utilisent encore ces routes alternatives.
Abu Bilal, lui, n'a pu arriver pendant toute la semaine au centre de soin de Toubas pour se faire des examens, son état de santé ne l'autorise pas à se déplacer sur de longues distances.
Il dit : "mon état s'est détérioré, il n'y a pas de solutions, l'occupation a refusé de me laisser passer sur la route ordinaire. C'est vraiment une mesure répressive, c'est la pire sanction qui peut être prise, c'est pire qu'une prison, il n'y a pas à Ayn al-bayda' de centre de soins, et si la situation reste ainsi, je cours un grand danger".
Avec cette nouvelle mesure, les habitants ne peuvent plus accomplir leurs formalités administratives.
Jalal Hussayn dit qu'il n'a d'autre choix, pour obtenir le certificat de naissance de son nouveau-né, que de faire toutes ces longues distances, qui lui a demandé un jour entier, alors qu'avant, il lui fallait quelques heures.
Pour les fonctionnaires et employés, leur situation est semblable, ils craignent beaucoup les répercussions de cette décision sur leur travail.
Mansour Sulayman qui est employé à Toubas dit : "j'ai quitté ma maison à 5 heures du matin, je suis arrivé 5 heures plus tard.
Quelle injustice !! La poursuite de cette situation va avoir pour conséquences que des dizaines de gens vont perdre leurs emplois et leurs droits."
La nouvelle décision israélienne aura des répercussions importantes sur la vie sociale et familiale, aussi, car des relations familiales et sociales relient les familles de cette région aux autres régions.
Khaled Hassan dit que sa famille n'a pas pu participer au cortège funèbre de son oncle qui est récemment décédé à Toubas, à cause de la longue distance qu'elle devait faire. C'est une terrible mesure qui va nous priver de nos proches, nous ne pourrons plus participer à leurs joies et leurs peines."
Source : www.amin.org
Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine
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