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Néguev -

Au milieu des ruines du village bédouin al-Araqib

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10.09.2012 - Saba Ismail Araqib arpente les ruines de son village détruit, dans le désert du Naqab, au sud d'"Israël". "Cette tente a été démolie il y a quelques semaines, et celle-ci, c'était la maison de mon père," dit-elle en montrant des poutres de bois et une toile de bâche éparpillés, sur une colline poussiéreuse, avant d'arriver à la maison de sa famille, sur le plateau. Les traces du village bédouin d'al-Araqib autrefois prospère ne sont que ruines pratiquement abandonnées. Les forces israéliennes ont démoli les structures 41 fois depuis 2010 et Saba, 35 ans, dit que seules trois familles sont restées. Elles s'entassent maintenant près du cimetière du village, où sont enterrés les Bédouins de la région du Naqab. La famille dit qu'elle a l'assurance du tribunal que le cimetière est à l'abri des forces israéliennes qui patrouillent le village tous les jours.

Au milieu des ruines du village bédouin al-Araqib

Saba Ismail Araqib (MaanImages/Eva Pilipp)
"Même si nous devons vivre parmi nos morts, nous ne quitterons jamais le village," dit Saba.

Le gouvernement a classé une quarantaine de villages du Naqab comme "villages non reconnus", arguant que les 53.000 bédouins palestiniens qui y vivent ne peuvent pas faire la preuve de la propriété des terres, sur lesquelles les communautés bédouines vivent depuis des temps immémoriaux.

La plupart des familles de Al-Araqib ont maintenant rejoint des voisins et des proches dans les communautés voisines, épuisées par la destruction et la reconstruction constantes de leurs moyens de subsistance.

Israël a créé sept villes-dortoirs dans le Naqab pour loger les communautés du désert démolies. Mais pour Saba, accepter le déplacement est inconcevable. "Lorsque je vais voir des parents en ville, je ne peux rester plus de deux heures. Je ne peux pas respirer dans cet environnement de portes fermées."

"Je suis née ici et j'ai grandi en faisant paître les moutons sur cette terre," dit-elle, sous le regard de sa grand-mère de 96 ans, dont le visage porte les tatouages traditionnels.

Photo
Al-Araqib n'est pas connecté au réseau de l'eau ; lorsque les puits sont taris, les habitants doivent acheter l'eau par citernes (MaanImages/Eva Pilipp)


"C'était un vrai village, avec des arbres, des maisons, et chacun avait sa chambre," se souvient Saba, feuilletant des albums de photos montrant la récente histoire du village, un beau village du désert.

En juillet 2010, alors qu'expirait le délai du tribunal, des centaines de soldats israéliens ont envahi le village et ont démoli, pour la première fois, chacune de ses structures.

"Je n'oublierai jamais ce jour là, de toute ma vie," dit Saba. "Des autobus entiers de soldats israéliens sont arrivés, ils ont encerclé le village pendant deux heures, ils ont incendié nos récoltes et tout détruit."

"Partout dans le monde, les choses sont toujours plus dures pour les mères. Tous les jours, je panique tant que mes cinq enfants ne sont pas de retour à la maison."

Les forces israéliennes, qui sont revenues 40 fois depuis pour mettre par terre leurs cabanes reconstruites, "n'ont pas idée de ce qu'elles font," dit-elle, notant le contraste avec les activistes israéliens qui organisent des actions de soutien dans un village voisin toutes les semaines.

Après la guerre de 1948, Israël a chassé les Bédouins du Naqab de leurs villages et les a déclarés "terres d'Etat".

Les habitants d'al-Araqib disent qu'ils ont des documents familiaux qui prouvent l'achat des terres avant la création d'Israël, mais, dit Taleb Sana, membre bédouin du parlement israélien, les documents ne comptent pas parce qu'ils ne sont pas enregistrés dans le cadastre ottoman officiel.

"Le gouvernement israélien a choisi ce prétexte, dans le cas d'Al-Araqib... mais aucun Bédouin n'a jamais gagné devant un tribunal israélien," a dit Sana à Ma'an.

"Ce sont des tribunaux de voleurs, le gouvernement israélien ne rend jamais les terres qu'il vole," dit-il.

Photo
"Même si nous devons vivre parmi nos morts, nous ne quitterons jamais le village." (MaanImages/Eva Pilipp)


Le Fonds National Juif, une agence israélienne, veut planter une forêt de pins et créer une réserve naturelle à la place d'Al-Araqib, projets en partie financés par la chaîne sioniste chrétienne God TV.

Mais Saba fait une distinction claire entre le projet du JNF d'une soi-disant "protection de l'environnement" et la relation de la communauté bédouine avec cet environnement. "Israël ne plante pas des arbres pour en vivre, juste pour les regarder... alors que nos arbres portent des fruits, cette terre est notre gagne-pain."

"Les Bédouins ont le droit de préserver le mode de vie ancestral d'al-Araqib," insiste-t-elle. "Vivre et être indépendants, sans être exploités, c'est notre droit."

Le FNJ a commencé à planter de jeunes pins sur les terres environnantes au fur et à mesure qu'al-Araqib rétrécit.

Mais Saba a un espoir tenace. Sa fille, qui doit naître dans une semaine, s'appellera Al-Araqib. "Ce prénom, ce n'est pas seulement pour cette terre, c'est aussi l'histoire de ma vie.


Source : Uruknet

Traduction : MR pour ISM

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