Naplouse - 23 janvier 2005

Balata : Quels changements ?

Par ISM

L’armée israélienne est entrée aujourd’hui une fois encore dans Balata.
Il est clair que nous avons été trop optimiste en espérant un répit à la suite des élections. A 8h du matin la nuit dernière l’armée est arrivée dans une jeep et un Aziza (Ndt : autre type de véhicule militaire israélien).
Ils sont arrivés à l’entrée du camp, en faisant ronfler leurs moteurs et avec leurs gyrophares allumés pour provoquer une réponse illégale de la part des shebabs (adolescents).

Des pierres ont commencé à fuser. Les véhicules ont accéléré dans le camp et les garçons se sont éparpillés. Les véhicules militaires se sont retirés jusqu’à l’entrée et les enfants ont de nouveau émergé des portes et des ruelles.
Les soldats armés dans leurs véhicules militaires ont encore cherché à les provoquer.
Les garçons ont construit des barrages pour les empêcher de rentrer de nouveau.
Rien de comparable aux monceaux de terre que les forces israéliennes d’occupation ont creusé dans les rues palestiniennes.

L’aziza a démoli rapidement ces tas de pierres puis a foncé sur les stands du marché.

Ensuite, il s’est installé avec arrogance m’a-t-il semblé, nullement endommagé par une grêle de pierres.

A un moment, l’armée israélienne a effectué quatre tirs . Cette fois personne n’a été blessé. Ca a continué jusqu’à 10h du matin. Ils ne sont partis que pour revenir ce matin. Nous avons été les premiers à subir le boucan des avions, probablement destiné à faire naître la tension et à harceler les gens.

Puis cinq véhicules militaires sont arrivés.
De nouveau, ils ont voulu provoquer les lanceurs de pierres.
Cette fois, ils étaient prêts à tirer. Les soldats se sentaient suffisamment en sécurité pour ouvrir les portières, et même sortir de leurs véhicules pour lancer des gaz lacrymogènes et tirer en direction des enfants.

Avec de grands gestes pour se moquer de nous, les soldats gesticulaient, criaient et nous faisaient un doigt après avoir tiré. Il était évident qu’il n’y avait aucune opération particulière ni cible militaire précise.

Personne n’a été arrêté, il n’y a pas eu non plus de tentative d’assassinat.
On aurait dit que les soldats n’étaient venus que pour tourmenter et harceler les habitants et faire obstacle à leur vie quotidienne.

Malgré les stands éparpillés du marché et les ordres hurlés depuis la jeep pour faire fermer les boutiques, des Palestiniens résistants ont continué à travailler pendant l’incursion.

C’est bien qu’ils le puissent parce que la jeep et l’Aziza sont revenus à 8h du soir pour rejouer le même harcèlement. Il y eut des pierres bien dirigées qui ont remonté le moral et personne n’a encore une fois été sérieusement blessé.

C’est normal.
Peut-être que mes amis palestiniens ne le décrirait pas comme ça.
C’est presque un phénomène quotidien à Balata.

Pourquoi ?
Je peux imaginer ce que sont en train de faire les Forces Israéliennes d’Occupation.
Peut-être , est-ce des soldats qui, à titre individuel, abusent de leur pouvoir de feu et paradent devant leurs amis, tirent sur les enfants et tyrannisent les adultes.

Ou peut-être, est-ce une tentative pour détruire la société palestinienne en empêchant les affaires et l’activité économique le jour et en troublant le repos la nuit.

Mais au contraire, c’est faux et ça n’entame pas vraiment notre espoir de mettre fin à cette occupation violente.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : CS pour ISM-France