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ISM France - Archives 2001-2021

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Jénine -

Chambre jaune à Jénine

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Alors nous nous sommes assis et avons bu une autre tasse de café. Des gens tristes essaient de survivre. De raconter leurs histoires pour la 20ème, la 100ème, la 500ème fois. Je ne peux que m’asseoir et écouter. Et c’est tout juste si j’y parviens.
"Ca ressemblerait à quoi ? Le camp de Jénine est une ville".

Chambre jaune à Jénine


Reconstruction du centre du camp de réfugiés de Jénine

C’était une pièce toute jaune. Divans jaunes. Murs jaunes. Une petite bordure blanche était garnie de femmes féériques.

Le soleil brillait par la fenêtre .

Une image de l’oncle de notre chauffeur mort sur le mur dans le style populaire palestinien restait le seul indice que nous étions au camp de réfugiés de Jénine et pas à New-York, Amsterdam, Tel Aviv.

Il était assis avec sa sœur et nous racontait qu’au cours de l’incursion dans le camp en 2002, son oncle avait reçu une balle dans la tête. Alors le char israélien l’a écrasé. Ils n’arrivaient même plus à le reconnaître.

800 maisons avaient été démolies. Maintenant les bulldozers faisaient entendre leur grondement, leurs bruits de déblaiement pour construire les maisons à partir des décombres et des cendres.

Etranges animaux – les bulldozers – machines de création et de destruction.

En Palestine les bulldozers peuvent signifier la vie ou la mort. Ils peuvent signifier une nouvelle maison, une maison détruite, le déplacement d’un barrage ou un verger d’oliviers ravagé.


Une vieille femme assez forte, portant une robe à fleurs, nous dit qu’elle avait regardé les Forces d’Occupation Israéliennes quand elles démolissaient sa maison avec son fils à l’intérieur.
Elle a vu le mur s’effondrer sur son fils.
Elle a dit qu’à la télé israélienne, ils avaient dit qu’elle avait laissé faire. Aucune mère ne pourrait laissez faire ça, nous a-t-elle dit.

Comme je me levais pour la quitter, elle a dit : "Restez un peu, c’est trop tôt pour partir ».

Alors nous nous sommes assis et avons bu une autre tasse de café. Des gens tristes essaient de survivre. De raconter leurs histoires pour la 20ème, la 100ème, la 500ème fois. Je ne peux que m’asseoir et écouter. Et c’est tout juste si j’y parviens.


Ils me disent qu’ils veulent retourner dans leurs villages. Je visualise dans ma tête l’image de réfugiés traversant malgré le mur et trouvant des forêts recouvrant leurs villages, de nouvelles maisons bâties sur leurs terres volées. "Ca ressemblerait à quoi ? Le camp de Jénine est une ville". Le mur est grand, fort.

Le droit au retour n’appartient qu’aux Juifs de la diaspora et faire mention d’autre chose, c’est faire preuve d’antisémitisme.. Contre le peuple juif. La haine de soi.


Ensuite nous nous sommes arrêtés au cimetière. Trop de cimetières dans cette partie du monde. C’est frais. Il y a un vieil homme qui travaille. Il nous a parlé des frères et des pères et des fils qui ont été tués. Il nous a demandé de plaider pour eux et de dire aux Américains ce qui est arrivé ici. Je l’ai regardé dans les yeux et j’ai dit : « Je le leur dirai ».


Vous auriez dû voir leurs yeux quand ils ont su que nous venions d’Amérique, quand ils ont prononcé le nom de Bush. Ils savent. Même si beaucoup de gens qui apportent leur argent durement gagné aux Etats-Unis d’Amérique ne le savent pas.


J’ai retenu mes larmes comme d’habitude. Après tout, je suis une militante internationale ici, pour une mission de solidarité, pas pour craquer et pleurer quand les gens me racontent calmement leurs histoires d’horreur.


Je reviens à la maison d’Az-Zawiya et les gens me demandent ce qui ne va pas.
Que pourrai-je leur dire ? Vous vous endurcissez ou vous mourez.

Les gens ne comprennent pas pourquoi les check-points me mettent tellement en colère.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : CS pour ISM-France

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