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Gaza - 11 mars 2008
Par Ed O'Loughlin
Cet article a été diffusé lundi dans le Sydney Morning Herald.
Safa Abu Saif, 12 ans, a été mortellement blessée alors qu'elle se trouvait dans une chambre située à l'étage de sa maison dans la ville de Jabaliya à Gaza, il y a 10 jours.
Elle fait partie des 27 enfants identifiés par le personnel de l'ONU sur les 107 Palestiniens qui ont été tués en cinq jours la semaine dernière. 25 autres morts, dont cinq femmes, ont été identifiés comme n’étant pas des combattants armés. Le statut de 13 autres victimes n'a pu être déterminé.
Au moins trois des enfants auraient été assassinés dans leurs maisons par armes légères ou tirs de snipers israéliens.
Un Palestinien armé a tué huit étudiants israéliens jeudi dernier avant de se suicider. Un soldat israélien a également été tué ce jour-là. Deux soldats israéliens sont morts en service au début d’une invasion de trois jours à Jabaliya, et un civil israélien a été tué par des tirs palestiniens de roquettes, le premier jour de la flambée de violence.
Interrogées par le Herald au sujet d’allégations selon lesquelles des soldats auraient assassiné des enfants dans le secteur, les Forces d’Occupation Israélienne ont blâmé la violence des groupes terroristes qui exploitent les civils palestiniens comme boucliers humains tout en tirant des roquettes destinées à nuire aux civils israéliens.
«Les opérations des FDI dans la Bande de Gaza visent uniquement l'infrastructure terroriste du Hamas, les terroristes armés et les lance-roquettes", déclarait leur communiqué.
Une source des services de sécurité, parlant sous anonymat, a déclaré que l'Administration civile – le gouvernement militaire israélien pour les territoires occupés - n'avait pas reçu de plaintes au sujet des tirs sur des civils, et qu'aucune enquête n'était en cours.
Pourtant, la famille du journaliste de la télévision palestinienne, Mahmoud Al Adjrami, a déclaré que lorsque Safa a été touchée par une balle à travers la fenêtre, des soldats israéliens occupaient leur maison, située à 90 mètres de l’autre côté d’un terrain dégagé
Ils disent que les soldats ont cassé leur carrelage pour récupérer du sable et remplir des sacs de sable pour les positions de tir aux fenêtres du premier étage donnant sur la maison d’Abu Seif. Le sable abandonné, les portes et le carrelage brisés, les preuves de balles tirées, des tas de boîtes de rations et des emballages de casse-croutes jetés se trouvaient encore dans la maison au lendemain du retrait des troupes.
C’est une procédure habituelle de la part de l'armée israélienne lors d’invasions de tanks que de s’emparer de maisons civiles sous la menace des armes et de les transformer en postes de tireurs d'élite et en cachettes. D'après les témoignages des victimes et de soldats israéliens eux-mêmes, ce processus peut fréquemment impliquer des vols, du vandalisme et de la violence contre des civils non armés.
Les 15 femmes et enfants de la famille élargie d’Al Adjrami furent entassées dans la même pièce pendant 19 heures, tandis que les deux hommes adultes ont eu les poignets menottés avec des liens en plastique. La sœur de Mahmoud, Naima, 33 ans, a déclaré que les soldats leur ont donné de l'eau, mais pas de nourriture.
Selon le frère de Mahmoud, Mamdoeh, les soldats ont saccagé les armoires et les placards, ils ont volé deux bracelets en or, quatre téléphones portables et l'équivalent de 8600 dollars.
Dans la maison d’à côté, Jabr Zidane, 52 ans, un chauffeur de taxi, a déclaré que les soldats ont envahi sa maison pendant 24 heures, volé des bijoux et quatre téléphones portables. Il montre aux visiteurs les restes d'une télévision et d’une chaine stéréo brisées, un carrelage cassé, du sable abandonné et des rations de l’armée étiquetées en hébreu.
Dans une autre maison, les soldats auraient volé deux gros bracelets en or et 500 dollars à Jumaa Abed Rabbo, 40 ans, et à sa femme et leurs huit enfants.
«Je suis resté assis avec les mains attachées avec des liens en plastique pendant 24 heures. Je leur ai demandé si ma famille pouvait utiliser la cuisine pour prendre de l'eau et de la nourriture. Ils ont refusé et nous n'avons pas mangé pendant 24 heures», dit Abed Rabbo.
Le but déclaré de l’attaque du week-end dernier dans la bande de Gaza était de tuer ou de capturer des terroristes palestiniens impliqués dans les tirs de roquettes sur Israël, de saisir ou détruire l'équipement et de recueillir des renseignements.
Pourtant les quatre familles mentionnées dans cet article sont liées au Fatah, la faction palestinienne préférée au Hamas par Israël et les Etats-Unis.
Abed Rabbo et al Adjrami sont membres de la garde présidentielle du Président palestinien, Mahmoud Abbas - l'arme clé dans ce que le magazine américain Vanity Fair a dénoncé la semaine dernière comme étant la tentative ratée de l'administration Bush, l'an dernier, en vue de renverser le gouvernement élu du Hamas de l'Autorité Palestinienne.
Selon des documents et des témoignages dévoilés par le magazine, l'administration a obligé M. Abbas à revenir sur un accord de partage du pouvoir qui préparait le terrain à des possibles négociations de paix avec Israël soutenues par le Hamas.
Au lieu de cela, des nouvelles factions de la Garde Présidentielle formées par des soldats américains devaient être utilisées pour monter un coup d’état contre le Hamas à Gaza avec des armes payées par les Etats-Unis et acheminées par Israël et l'Égypte.
Les fantassins israéliens ne semblent pas être au courant.
"Ils me donnaient des coups de poing en disant :" Tu es un membre du Hamas. Tu es un membre du Fatah. Où travailles-tu ? " raconte Mamdoeh al Adjrami. »
J'ai répondu : «Je travaille dans la Garde présidentielle»…
Ils ont continué à me frapper quand ils le souhaitaient."
Le fils de Jabr Zidane, Mohammed, 21 ans, était à peine capable de parler lundi tellement il était bourré d’antalgiques pour soulager la douleur à ses épaules, coudes et mains enflées après avoir été passé à tabac et menotté avec des liens en plastique pendant plus d’une journée.
Il a dit qu'il a été battu, interrogé, utilisé comme bouclier humain par des soldats israéliens, emmené en territoire israélien, et libéré à la frontière.
M. Zidane a dit qu'il ne sait pas pourquoi Mohammed, un tailleur de pierre au chômage, a été interrogé et enlevé.
«Cela n'a pas de sens pour nous. C'est peut-être parce qu'il est le seul à porter une barbe».
Source : http://www.counterpunch.org
Traduction : MG pour ISM
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