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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Creuser pour découvrir la vérité

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Nous avons eu de la chance d’échapper à une mort imminente alors que plus de quinze F-16 bombardaient la zone des tunnels où nous avions allumé un feu, la nuit précédente, pour boire un thé et évoquer les histoires de la vie dans les tunnels. Beaucoup de maisons ont été en partie détruites par les lourds bombardements, mais ils n’ont pas fait de victimes.

Creuser pour découvrir la vérité


Au sud de la Bande de Gaza, un phénomène très étrange a cours. Les gens font la course au temps, utilisant des moyens primitifs pour trouver de la nourriture et avoir une vie normale. Les gens de la Bande de Gaza, la zone la plus densément peuplée au monde, sont obligés de risquer leur vie pour se procurer les produits de base vitaux. C’est contre toutes les lois humanitaires, et Israël a dépouillé les Gazaouis des droits attachés à ces lois.

En conséquence, une paralysie totale frappe les secteurs agricoles, médicaux, économiques, et tous les secteurs de la vie. Les gens sont piégés dans un grand camp de concentration appelé Gaza, où personne ne peut ni entrer ni sortir. Les étudiants sont privés de leur enseignement à l’étranger. 300 malades sont morts parce qu’ils n’ont être soignés à l’étranger, pendant que d’autres meurent par manque de médicaments. Il n’y a pas de gaz pour le chauffage et l’électricité est fréquemment coupée.

Les Gazaouis ont dû trouver des alternatives pour ramener la vie après que les Israéliens leur aient volé le nécessaire vital. Ces alternatives furent un amalgame de peur, de liberté, de mort et de vie. Ils ont commencé à creuser des tunnels qui relient Gaza à l’Egypte pour faire entrer ce qu’Israël avait rendu tabou pour les Palestiniens.

Dans les années 60 et 70, quelques tunnels avaient déjà été creusés pour la contrebande de bijoux et de nourriture et ce commerce était florissant lorsque le Hamas est arrivé au pouvoir au milieu de 2007.

Aujourd’hui, plus de 2.000 tunnels ont été creusés sous la frontière avec l’Egypte, chacun variant de 100 à 1.200 mètres. Des milliers de personnes se sont mises à travailler comme journaliers pour apporter des gâteaux, des animaux, des fleurs, des produits de base, car sans ces tunnels, les gens seraient affamés et n’auraient rien. La nourriture entre à Gaza par ces tunnels parce que les gens sont piégés à l’intérieur de Gaza puisque les points de passage sont fermés.

Ces tunnels sont leur source de vie. Par contre, y travailler vous associe automatiquement à la tragédie, qui est une compagne fréquente. C’est une opération hasardeuse où plus de cent de ces milliers d’ouvriers sont morts, et continuent d’y mourir.

Trois-quarts d’heure après la tombée de la nuit, nous n’avions pas encore été en mesure d’accomplir notre mission, qui était de découvrir les raisons mystérieuses derrière ce labyrinthe de tunnels.

Finalement, nous avons réussi à rencontrer Abu Rani, un jeune homme de 21 ans, soutien d’une famille de 11 personnes. Sa maison a été bombardée pendant la guerre et il n’a pas de source de revenus. La peur l’a fait arrêter de travailler dans les tunnels, où son père et son frère sont morts. “Ca m’a rendu fou”, dit-il. “Je n’ai que Dieu pour m’aider.”

En arrière-plan, des bulldozers s’affairaient à re-creuser les tunnels détruits par les F-16 des Israéliens, qui ont largué des milliers de tonnes de bombes sur le secteur. Les bombardements n’ont pas seulement détruit quelques-uns de ces tunnels, mais aussi beaucoup des maisons du voisinage.

Des dizaines de personnes étaient rassemblées au coucher du soleil pour voir le bulldozer travailler, et nous avons appris qu’un des tunnels venait de s’écrouler sur cinq individus. Nous avons vu les lumières rouges des gyrophares dans le hurlement des sirènes. Trois heures après, et après de nombreuses tentatives, les secouristes ont heureusement réussi à retirer toutes les victimes de l’effondrement vivantes. Elles sont malgré tout dans un état grave après avoir été ensevelies sous 23 mètres de sable, et presque étouffées.

Il a fallu une demi-heure pour qu’Abu Rani nous emmène voir Abu Jehad. Il nous a donné des informations intéressantes sur la manière dont les tunnels ont été construits, et comment la nourriture arrive d’Egypte. Selon Abu Jehad, la construction d’un tunnel prend de deux à quatre mois, avec dix personnes qui creusent au moins dix heures par jour. Les ouvriers creusent avec des pelles et des marteaux, et chacun d’entre eux risque sa vie pour 100 dollars par jour.

« Ces tunnels sont mortels et dangereux, mais nous n’avons pas d’autre choix que d’y travailler. Nous sommes sans travail, et ça représente de l’argent. Je travaillais en Israël, il y a des années, mais j’ai été renvoyé et mis au chômage parce que je suis palestinien, » explique Abu Jehad. « Il y a deux ans, je suis allé travailler dans les tunnels, même si je n’étais pas d’accord. Je sais que c’est un voyage vers la mort pour faire entrer de la nourriture, et nous devons rester en vie puisqu’Israël nous prive de tout. Pendant la guerre, Israël a détruit la plupart de ces tunnels et n’a autorisé aucune entrée de quoique ce soit dans la Bande de Gaza,, mais nous essayons de les reconstruire pour ramener la vie. »

Israël prétend que ces tunnels servent à la contrebande d’armes, mais d’après ce que nous avons vu, la plupart d’entre eux servent pour la nourriture et les marchandises qu’Israël empêche d’entrer par les passages frontaliers. Bien sûr, quelques militants palestiniens font passer des armes légères, mais ce n’est rien comparé à l’armement high-tech israélien.

L’accès à la nourriture, à la liberté de circulation, et une vie juste sont garantis par les lois humanitaires. La punition collective est interdite et peut quelquefois être considérée comme un crime de guerre lorsqu’elle prive les gens de nourriture. Israël viole ces lois de façon flagrante, comme l’ont dit Amnesty International, Human Rights Watch et tous les autres organismes qui travaillent dans la Bande. Israël se défend en disant qu’il autorise l’entrée des marchandises à Gaza, cependant la faim est toujours là puisqu’Israël n’autorise l’entrée que des quantités de nourriture limitées. Moins de 100 camions sont autorisés à entrer, alors qu’il y en avait 700 avant le siège. A la fin de la journée, ce que dit Israël s’envole et les Palestiniens continuent de souffrir.

Voir les photos prises par Sameh.

Pour contacter Sameh :

Sameh A. Habeeb, B.A.
Photojournalist & Peace Activist
Humanitarian, Child Relief Worker
Gaza Strip, Palestine
Mob: 00972599306096
Tel: 0097282802825
E-mail: Sam_hab@hotmail.com
Sameh.habeeb@gmail.com
Skype: Gazatoday, Facebook: Sameh A. habeeb
Web: www.gazatoday.blogspot.com
Daily Photos:http://picasaweb.google.com/sameh.habeeb

Pour contacter Janet :

Jenet Zimmerman
Photojournalist & Humanitarian
Child Relief Worker
New York, United States
Mob: 0015857555532
E-mail: jntzimmerman@gmail.com
Photos: http://picasaweb.google.com/jntzimmerman

Source : Gaza Today

Traduction : MR pour ISM

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