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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Dans l’attente de la Cueillette des Olives.

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Nous attendons.
Nous attendons l’invasion qu’Israel promet pour bientôt, nous attendons l’ouverture d’Eretz (l’entrée nord de Gaza) par laquelle nos amis pourront entrer et sortir.

Nous attendons la nuit car nous savons que l’armée commencera à envoyer des rafales de balles au hazard dans les rues et les maisons et nous resterons à l’intérieur.

Et nous attendons le matin quand l’armée s’arrêtera de tirer.

Nous attendons la première pluie de l’année car la cueillette des olives débutera.

Et nous attendons que l’occupation nous déchire en lambeaux, tel un homme à la mer s’accroche aux plus petits morceaux de son bateau brisé avant finalement de l’abandonner.

Et alors que nous attendons, la Bande de Gaza semble devenir de plus en plus petite. C’est déjà minuscule. Il faut peut-être 1 heure, sans fermeture du checkpoint, pour aller de Rafah, le point le plus au Sud, au Nord dans la ville de Gaza.

Peu importe que personne ne puisse quitter cette minuscule ile de terre isolée ou que cela soit un petit miracle que des internationaux viennent à Gaza.

Peu importe que de larges secteurs des villes de la Bande de Gaza aient été anéanties par les incursions et les démolitions de maisons, par le marasme économique et par l’isolation constante et frustrante dûe à l’occupation.

Peu importe tout cela, maintenant le checkpoint d’Abu Holy est fermé par d’énormes blocs de ciment, coupant la bande en deux et nous sommes échoués là, séparés des endroits où nous avons besoin d’être. Il a été fermé toute la journée et l’armée a menacé qu’il le resterait pendant 3 jours.

Mes camarades et moi tentions d’aller à une réunion dans la ville de Gaza avec le Palestinian Agricultural Relief Committee (PARC) pour coordonner une presence internationale lors de la cueillette des olives de cette année. Mais notre reunion a été annulée en raison de cette fermeture et nous attendons que les medias viennent ici afin que nous puissions effectuer une action pour négocier l’ouverture avec l’armée. Nous ne nous attendons pas à une ouverture ...

Après nous être réuni en petit groupe pour organiser une action, j’ai appellé l’Ambassade des Etats-Unis pour les informer que deux américains allaient tenter de négocier avec les militaires israéliens afin qu’ils laissent passer les personnes qui attendent et qui ont attendu toute la journée. Je leur ai demandé d’appeler le commandant du checkpoint pour qu’il ou elle sache que nous sommes non-violents, non armés et citoyens américains. La femme au téléphone a semblé ennuyée et a demandé mon nom, puis elle a dit qu’elle me rappellerait.
Elle me rappela alors que nous nous tenions à l’écart de tout autre être humain, seuls près de la route bloquée avec nos mains en l’air. Elle m’a dit qu’elle avait besoin de nos numéros de passeports. Je lui dis que tout ce que je voulais, c’était qu’elle avertisse les militaires que nous étions non-armés et je lui ai expliqué où nous étions et que nous lui demandions gentiment qu’elle se dépêche.

Vraiment, si ce n’était pas un endroit aussi mortel, j’aurais ri.
Elle me demanda pourquoi je voulais autant qu’elle dise aux militaires qui nous étions. Je lui ai dit que je ne voulais pas qu’ils nous tirent dessus. Elle me demanda pourquoi j’étais aussi inquiete qu’ils me tirent dessus. J’ai été surprise, pourquoi n’aurais-je pas été inquiète ? J’ai pensé à tous ceux qui ont été là avant moi, Rachel et Tom, et les autres sur qui on a tiré et qui ont été blessés alors qu’ils tentaient de se confronter aux militaires.
A ce moment-là, j’ai vu l’énorme fossé entre sa perception et la mienne.
J’ai vu l’énorme distance que j’aurais à combler si je la rencontrais pour lui expliquer tout ce qui se passe réellement ici et pour être capable de comprendre sa position. Je regardai les tourelles des militaires où les snipers entrainés étaient assis, je regardai aussi la base militaire couverte d’un filet de camouflage et les batiments de la zone encore debouts qui ressemblaient à de l’emmental.
Je regardai tout autour de moi dans ce secteur où personne ne vient par crainte de recevoir une balle et où seuls deux d’entre nous se tenaient toujours là avec nos visages pales et nos mains en l’air. Je ne pouvais vraiment pas l’expliquer correctement. Aussi, à la fin, je lui ai juste dit qu’ils nous avaient tiré dessus avant et que je devais partir. Le militaire nous avait déjà donné l’ordre de partir et nous attendions de rencontrer quelqu’un à qui parler en essayant de communiquer nos souhaits en criant nos demandes. Ils attendaient dans leurs jeeps en regardant ce que nous allions faire et combien de temps nous allions attendre. Après être restés debouts pendant plus d’une heure seuls dans ce no man’s land de 200 mètres entre les Palestiniens qui attendent derrière nous et le personnel militaire qui attend également en face de nous, la tourelle de la colonie proche commença à tirer vers notre secteur. Ils en avaient eu marre d’attendre.

Nous nous jetames rapidement à terre et décidèrent le retraite. Lors de notre retour vers la masse de voitures garées, après avoir quitté une escalade de tirs de mitraillette, nous avons rencontré une foule de reporters et de badauds qui, à notre surprise, nous applaudirent. Nous pensions avoir échoué et nous nous en voulions de ne pas avoir attendu assez longtemps pour parler avec les militaires. Mais en revenant, nos amis étaient très heureux que nous soyons de retour sain et sauf. Bien sûr, ils devaient l’être.

Amitiés.

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