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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

De dures journées de Ramadan : pas d’électricité, pas d’eau, une chaleur étouffante

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« Cela fait des jours que nous sommes sans électricité ni eau. Nous ne pouvons rien faire, et la chaleur est maintenant insupportable. » Abu Fouad, 83 ans, parle des coupures de courant dont souffre toute la Bande de Gaza. Tandis que les Palestiniens de Gaza ont l'habitude des pénuries d’électricité, résultat combiné de la destruction de la centrale électrique, bombardée par Israël en 2006, et du siège imposé par Israël et la communauté internationale, les pannes ont augmenté en fréquence et en durée.

De dures journées de Ramadan : pas d’électricité, pas d’eau, une chaleur étouffante


Les Palestiniens de Gaza sont confrontés depuis des années aux coupures de courant, allant de 6 à 14 heures par jour. Récemment, les pannes ont duré des journées entières.

La principale raison est le manque de combustible pour la centrale, du fuel dont l’achat et le transfert à Gaza est sous la responsabilité de l’Autorité Palestinienne depuis novembre 2009.

Rendant la situation encore pire, Gaza connaît une vague de chaleur insupportable et d’humidité. Les températures ont grimpé jusqu’à 35-40°, avec 65% d’humidité.

Umm Fouad a 64 ans, elle a eu 15 enfants, et son corps est fatigué. Avec sa santé fragile, elle est constamment fatiguée, les bons jours.

« Il fait si chaud. Je ne peux pas respirer, et ça m’épuise. On n’arrive pas à trouver du soulagement. Même lorsqu’on a du courant, le ventilateur du plafond ne fait que faire tourner l’air chaud. Mais maintenant, sans électricité pendant si longtemps, tout est plus chaud et plus difficile. »

Ramadan, le mois de jeûne, est aussi une période de joie pour les Musulmans. Pourtant, celui-ci est le plus dur qu’a connu la famille d’Abu Fouad.

A côté de la canicule dangereuse et de l’humidité, il y a les problèmes pratiques. « Nous ne pouvons pas faire de pain, il n’y a pas d’électricité pour la plaque chauffante, et nous n’avons pas le gaz, » dit Umm Fouad.

« Cela fait trois jours que nous n’avons pas d’eau, » dit Abu Jaber, 45 ans, l’un des nombreux fils d’Abu Fouad. Son appartement est au troisième étage d’une maison de béton, et pendant les mois d’été, la chaleur à l’intérieur est insoutenable.

« 53 personnes vivent dans cette maison. Nos six appartements ont besoin d’environ 1.500l d’eau par jour pour la cuisine, la lessive, le ménage, la toilette… sans parler de l’eau potable. »

Comme les autres maisons du voisinage, elle n’est pas reliée au réseau de la ville. A la place, lorsque l’eau de la ville arrive à une canalisation à 150m de chez lui, Abu Fouad raccorde un tuyau et grâce à une série de pompes, envoie l’eau dans des citernes, sur le toit. (photo ci-dessus, par Emad Badwan) « Il nous faut cinq pompes pour emmener l’eau depuis la connexion à l’eau de la ville jusqu’au toit de notre maison, » explique Abu Jaber.

Dans toute la Bande, les conduites d’eau sont affectées par le manque d’électricité, ce qui veut dire que des quartiers entiers sont privés d’eau courante tout le temps que dure la panne électrique.

Un manque d’eau dans tout Gaza aggrave le problème. Les Nations Unies notent que 43% de l’eau est perdue à cause de fuites des canalisations qui résultent du manque de maintenance du réseau. Mais sous le siège, il est impossible de faire entrer les tuyaux et les matériaux nécessaires à l’entretien.

« Maintenant que les pannes de courant durent plusieurs jours d’affilée, mon père n’arrive pas à emmener l’eau dont notre famille a besoins, » dit Abu Jaber.

« Quand notre secteur a de l’électricité, les tuyaux d’eau ne coulent pas. Et quand il y a de l’eau, nous n’avons pas d’électricité. Alors il finit par rester éveillé toute la nuit à attendre que l’électricité revienne. »

Abu Fouad explique comment fonctionne la citerne dont il s’occupe. « Quand tout va bien, quand nous avons de l’électricité, il faut au moins une heure et demie pour pomper l’eau pour chaque citerne de 1.500 litres. Comme il y a 6 citernes, il faut pratiquement une demi-journée. »

Mais ça, c’est l’électricité fonctionne normalement. Maintenant, avec les coupures de courant, il ne lui reste qu’à attendre que l’électricité et l’eau de ville coïncident.

« Je m’inquiète pour chacun dans notre maison. Ils ont tous besoin d’eau. Comment vont-ils faire leurs abutions ? Comment vont-ils se rafraîchir par cette chaleur ? »

Chef de famille, il pense à ces enfants et à leurs familles. « Ils reviennent tous du travail ou de l’école avec l’envie de se laver et de se rafraîchir. Mais c’est très dur de le faire aujourd’hui. »

Musulman pieux, il s’inquiète de la propreté pour la prière. « Maintenant que c’est Ramadan, c’est encore plus important de se laver. Je ne demande pas grand-chose, mais je dois me laver les mains, le visage et le corps avant de prier, et je prie cinq fois par jour. »

Guettant la possibilité de remplir ses citernes à eau, Abu Fouad se repose peu.

« Je ne dors pas beaucoup. C’est plus facile de manquer de sommeil quand on est jeune, mais quand vous êtes vieux, comme moi, et avec cette chaleur, vous souffrez. Je suis très fatigué. J’ai mal aux articulations. J’ai besoin de repos. J’ai besoin d’eau pour laver. »

Abu Jaber convient que le problème touche toute la maison. « Ma fille est à l’université, et elle a absolument besoin d’un ordinateur et d’un accès internet pour ses études. »

Son fils de 8 ans, Ahmed, ressent aussi les coupures de courant. « Cette année, il jeûne. Il a jeûné l’an dernier, sans problème. Mais parce qu’on n’arrive pas à récupérer, avec cette canicule, il trouve que c’est très dur, physiquement, cette année. »

Au Jaber parle de son jeune frère, 31 ans, sans travail depuis plusieurs années. « Mon frère a ouvert un magasin de glaces il y a quelques mois, pour travailler pendant les mois d’été. Et à peine il commençait à avoir des clients et à récupérer son investissement, les coupures de courant ont empiré. » « L’argent que j’ai gagné au magasin ne compense pas ce que j’ai dépensé pour l’ouvrir. Mon générateur n’est pas fait pour fonctionner plusieurs heures d’affilée, » dit Abu Oday. « Et pour le faire marcher pendant six heures, ça me coûte 30 shekels (6€) en fuel. »

Sans emploi avant d’ouvrir son magasin, il lui fallait un revenu pour subvenir aux besoins de sa femme et de leurs trois enfants. « Je finis par dépenser plus pour le diesel et la maintenance du générateur que ce je gagne. Je ferme donc le magasin. »

Les problèmes d’une famille, qui se retrouvent dans de nombreuses familles dans la Bande, avec une population d’1,5 million de personnes sur un morceau de terre très petit, très chaud.

« A cause des coupures d’électricité et d’eau, c’est le Ramadan le plus dur de toute ma vie, » dit Umm Fouad. « Mais nous continuerons à jeûner. »

Source : In Gaza

Traduction : MR pour ISM

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