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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Des lumières au coeur du blocus

Par

> shamikamil@yahoo.com

Le Dr.Kamil el Shami est Professeur d'université et écrivain dans la Bande de Gaza.

Le blocus imposé aux Palestiniens à cause de l'occupation n'est pas nouveau. Dans le passé, il dominait un jour ou deux puis la vie continuait, mais aujourd'hui il a duré plus de 10 mois.
Le siège des universités et des collèges aussi n'est pas nouveau, il existe depuis leur création.
Je me souviens d'un matin où je donnais une conférence à l'université de Birzeit il y a quelques années. L'université était assiégée.

J'ai pris le chemin à travers la montagne, terre rouge couverte d'oliviers, pour me diriger vers Ramallah.

Après plus d'une heure passée à courir et à grimper, après être passé près du camp de réfugiés de Jalazone ~ également encerclé ~ je suis arrivé au centre ville de Ramallah. Et avant de pouvoir reprendre mon souffle, j'ai vu des gens courir dans tous les sens, j'ai vu les soldats d'occupation courir également.
J'ai aussitôt pris la direction opposée jusqu'à la station de taxis pour Gaza afin de rejoindre rapidement ma famille.

De retour à Gaza, je suis passé par l'université islamique, la seule en ce temps-là dans toute la bande de Gaza, pour rendre visite à mes collègues du département de géographie. Malheureusement, l'université a, elle aussi, été assiégée peu de temps après mon arrivée et je n'ai pu la quitter que tard le soir pour rentrer à la maison et rejoindre ma famille.

Depuis plus d'un mois, les klaxons des voitures ont diminué, les avertissements sonores des autobus qui transportent les étudiants des universités et des collèges ont baissé de volume et même les arrêts sont désertés, comme si plus personne n'était là faute de manque de carburant.

En dépit de cette triste scène, les jeunes tiennent à poursuivre leurs études. Malgré les circonstances, malgré la situation économique désespérée, malgré la pauvreté généralisée, malgré le chômage, malgré la pénurie des denrées essentielles à la vie, malgré le manque de moyens de transport découlant du manque de carburant et du prix élevé sur le marché noir...
Les cours ont réussi à reprendre après deux semaines d'interruption.

Pour cette raison, l'université a élaboré un plan pour soulager un peu le quotidien des étudiants : réduction de la durée du semestre, annulation des congés, rattrapage et mise en oeuvre des horaires de cours ainsi que des sommes d'argent symboliques allouées aux compagnies d'autobus pour les inciter à assurer coûte que coûte leurs transports.

Malgré ces dispositions, les étudiants font face à de lourds problèmes et la moitié d'entre eux, ne bénéficiant pas des services de bus, doivent venir aux cours par leurs propres moyens.

Samah, étudiante en histoire-géographie en troisième année à l'université Al Aqsa, quitte la maison à 6h30 du matin. Elle habite à environ six kilomètres de l'université. Elle fait une heure de marche à pied puis elle attend une heure ou plus sur le bord de la route pour trouver une voiture et elle arrive souvent en retard à son cours. Et la même procédure se répète pour rentrer chez elle. Et bien que le coût des transports ait triplé, elle veut continuer jusqu'à la fin.

Dr Nazmi Abu Mustafa, professeur de santé mentale à Al Aqsa, souffre d'enflures aux pieds en raison de ses longues heures de marche pour arriver à ses cours.

Les graves pénuries de carburant empêchent le fonctionnement des générateurs et des voitures privées, nécessaires à l'université. Sans oublier le manque de mobilier de bureau, d'ordinateurs, de télécopieurs et de toutes sortes d'articles de papeterie, en particulier des feuilles utilisées pour les examens.

Le manque d'encre pour les imprimantes utilisées à l'intérieur et à l'extérieur de l'université et qui ont pour mission d'imprimer des livres et des études scientifiques, ce qui provoque un manque grave de livres universitaires dans la Bande de Gaza.

Dans la Bande de Gaza, on trouve 5 universités et plus de 10 collèges scientifiques et techniques fréquentés par près de 75 000 étudiants.

Plusieurs milliers de personnes y travaillent également : administrateurs, professeurs, techniciens etc.

Les universités et les collèges contribuent à assurer les besoins du marché du travail grâce aux diplômés de tous domaines.

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