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Gaza - 2 janvier 2007
Par Laila al-Haddad
En février l'année dernière, peu de temps après la victoire électorale surprise du Hamas, Laila El-Haddad avait interviewé neuf Palestiniens au sujet de leurs espoirs et de leurs craintes pour l'avenir.
Depuis cette époque, des sanctions économiques rigoureuses ont été imposées au gouvernement palestinien dirigé par le Hamas et aux Palestiniens.
Riyad, producteur de fraises, ruiné par les fermetures continues du passage de Karni par les Israéliens
L'économie a été dévastée, ce qui a eu comme conséquence des niveaux sans précédent de pauvreté et a laissé près d'un quart de la population sans salaires.
Des centaines de millions de dollars en recettes fiscales dues à l'Autorité Palestinienne ont été retenues par Israël et tous les passages de frontières de Gaza ont été fermés, enfermant 1,4 millions d'habitants dans Gaza, les isolant de la Cisjordanie , de Jérusalem et du monde extérieur.
Laila a retrouvé quatre des ces 9 Palestiniens et elle leur a demandé ce qu'ils pensaient de la situation et s'ils avaient changé d'opinion.
Riyad Ni`mami Jabin, 36 ans, fermier
"Vous voulez la vérité ? La situation est identique. Nous n'avons jamais bénéficié de qui que ce soit : que ce soit du nouveau gouvernement ou de l'ancien.
Vous êtes venue me parler la saison dernière quand je ne pouvais pas exporter mes fraises en raison de la fermeture continue du passage de Karni imposée par les Israéliens. La majeure partie de ma récolte a pourri. Et maintenant 11 mois après, je suis dans la même situation.
L'année dernière, personne ne nous a dédommagé pour nos pertes et depuis, je n'ai pas eu un seul Schekel à dépenser, je n'ai pas pu préparer la récolte de cette année.
Donc, je n'ai pas eu la possibilité de planter des fraises. Il n'y a aucun soutien et personne ne cherche à aider les fermiers. Même les organisations non-gouvernementales : elles mettent l'argent dans leurs poches.
S'il y avait de nouvelles élections, je voterais très probablement encore pour le FPLP. Mais en fin de compte, nous ne tirons aucun bénéfice de personne, donc c'est vraiment voter pour voter.
Avant, c'était le Fatah, maintenant c'est le Hamas. Et où en sommes-nous ? Seuls ceux qui ont des relations peuvent survivre. Et les autres n'ont rien. A l'époque du Fatah, il y avait un peu de soutien pour les classes moyennes. Maintenant, il n'y a rien.
Qui est à blâmer ? Je blâme la situation. On ne peut rien faire d'autre que de rester tranquille et l'accepter. Depuis 800 ans, rien n'a changé."
Mohammad Hinbawi, 58 ans, pâtissier
Nous espérions un gouvernement qui pourrait aider à créer une économie dynamique. Mais nous avons trouvé autre chose.
Cela a commencé avec la fermeture de tous nos bureaux de gouvernement à l'étranger, en Amérique, en Europe et ailleurs, qui ont fermé leurs portes à nos représentants du gouvernement.
Cela a été suivi par un boycott international de l'ensemble de la Palestine, et les bouclages israéliens pour nous empêcher de gagner notre pain quotidien, en plus de la retenue de nos recettes fiscales. Nous avons supporté de lourdes pertes, économiquement et militairement.
Mais en dépit de tout cela, je soutiens le Hamas et je voterais encore pour eux : comme tout le monde. Des centaines de milliers assistent à leurs rassemblements en connaissant très bien la réalité : la famine, les assassinats, l'anarchie.
Oui, nous voulons le changement, mais nous sommes au milieu d'une guerre de convictions, et malheureusement, beaucoup de gens manquent de foi et de patience.
Le Hamas veut vraiment le changement, c'est pourquoi ils ont été élus, mais ils n'ont tout simplement pas eu l'occasion de le faire.
Khamees Akeela, 37 ans, restaurateur
La situation a empiré, et le travail va très mal. Je n'ai pas voté la dernière fois - en partie parce que j'étais trop occupé au travail, et en partie parce que j'était convaincu des résultats (une victoire du Fatah). Mais s'il y avait de nouvelles élections, j'irais certainement voter et je voterais pour le Fatah.
Tout est pire qu'avant l'arrivée du Hamas au pouvoir et je blâme le gouvernement parce qu'il ne s'adapte pas à la réalité environnante.
Mais encore, je dis qu'un gouvernement d'unité nationale serait la meilleure solution et c'est ce qui nous permet de garder l'espoir. Mais tout le monde semble le rejeter au niveau politique.
Leila Dabba, 58 ans, vendeuse dans un magasin d'artisanat
Mon opinion n'a pas changé, c'est le même qu'il y a 11 mois : il n'y a aucune stabilité, il y a seulement de la peur et la situation est pire que jamais.
La seule différence est que nous nous battons les uns contre les autres et qu'Israël est heureux de nous voir faire. Nous ne pouvons que nous blâmer nous-mêmes. Tandis que certains limitent les dégats, d'autres ne font rien. Les gens ont besoin de parler de ce qui arrive !
Je n'ai pas voté la dernière fois et je ne pense pas que cela aurait fait une différence. Mais ce qui est sûr, c'est que la prochaine fois, j'irai voter et je me débrouillerai pour qu'une centaine d'autres viennent avec moi pour être sûre que le Hamas ne gagnera pas une nouvelle fois.
En dépit de tout qui était mauvais avec le Fatah, au moins les choses avançaient, même si c'était lent, au moins nous ne reculions pas.
Nous ne voulons pas manger ou boire, nous voulons de la stabilité, nous voulons dormir la nuit sans avoir à entendre constamment des tirs.
Lire les témoignages de ces personnes en février 2006
Source : Aljazeera
Traduction : MG pour ISM
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