Jénine - 5 février 2007

Encore et toujours

Par Amy

C'est ma troisième visite en Palestine, et peu de choses ont changé. Je venais d'expliquer à mes collègues volontaires que j'avais déjà écrit des textes sur plusieurs sujets et que maintenant, je ne pouvais plus le faire… quand ma co-locataire ici a eu une bonne remarque : la répétition est la vie ici.
Si lire toujours et toujours les mêmes histoires peut exaspérer, alors imaginez ce que cela peut être que de les vivre.

Il y a quelques jours, nous avons été appelés par Maher, le chef d'un village au nord de la Cisjordanie , très proche de la Ligne verte de 1967, la véritable frontière avec Israël.

En fait, il est situé juste à côté d'une ville israélienne où 70% de la population palestinienne de village travaillait avant que commence l'Intifada (ou "soulèvement") et que les Palestiniens ne soient plus autorisés à entrer en Israël.

Quand nous sommes arrivés, Maher nous a emmenés dans une maison et il nous a expliqué, puisque la famille était religieuse, que nous allions rendre visite aux femmes et qu'un membre de la famille traduirait pour nous.

Nous sommes entrés dans une pièce où se trouvaient une cinquantaine de femmes, assises contre le mur sur des tapis de sol.

C'était le dernier jour de la période de deuil de trois jours où les membres de la famille et les voisins viennent s'asseoir avec le père, les frères, les soeurs, le conjoint, et la mère du défunt depuis le matin jusqu'à la tombée de la nuit.

Nous nous sommes assises à côté de la mère et de l'épouse d'Omar, un Palestinien de 28 ans qui a été assassiné alors qu'il revenait avec sa femme et son bébé de 30 jours de chez son frère, la maison d'à côté après une visite de soirée.

Des officiers en civil sont sortis de l'entrée de son immeuble et ont tiré à trois reprises puis ils ont mis le bébé dans ses bras et ils ont dit à son épouse que si elle criait, le bébé mourrait lui aussi.

Ils sont partis en courant vers la route où des jeeps de l'armée les attendaient.

La famille a-t-elle contacté un avocat ? Ils disent que non.

Vous savez, le frère d'Omar est en prison.

Après s'être longtemps caché de la police militaire, il a finalement été emprisonné l'année dernière.

La famille d'Omar sait qu'il a été torturé et craint d'autres représailles si elle se lance dans une bataille juridique avec l'armée israélienne.

Presque CHAQUE famille palestinienne a plusieurs de ses membres dans les prisons israéliennes et certains meurent sous les balles israéliennes.

Ne seriez-vous pas en colère ?

Source : http://www.palsolidarity.org/main/

Traduction : MG pour ISM