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ISM France - Archives 2001-2021

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Egypte -

Grandeur des militants, médiocrité (à divers degrés) des animateurs

Par

Observations d'une marcheuse pour Gaza au Caire

Arrivés le 24 décembre au Caire, nous étions un mini -groupe : Jean Louis Favre, Manuel (un ami proche) et moi ; nous étions indépendants, inscrits cependant sur la liste de marcheurs du "collectif" par la voie du CCIPPP ; 6 personnes IJAN-USA (International Jewish Anti-Zionist Network), sont arrivées à partir du 29 décembre, avec lesquelles nous nous sommes coordonnés pour quelques actions.

Grandeur des militants, médiocrité (à divers degrés) des animateurs


Une partie de la délégation sud-africaine au Caire (photo LCK)

Appréciation de la géopolitique égyptienne par rapport à Gaza et au Hamas

Certes, les négociations des différents groupes (coordination internationale, groupes nationaux, etc.) avec les autorités égyptiennes ont débuté en mai 2009 ; mais en décembre, l'agressivité du gouvernement égyptien (GE) envers le Hamas a pris une tournure dont l’intensité se renforçait de façon défavorable : la construction du mur entre l'Égypte et Gaza, le fait que le GE attribue ouvertement au Hamas la responsabilité de l'échec des négociations pour l'unité palestinienne, sur le soldat Shalit etc.

Cette "nouvelle" donne a été un peu négligée par les animateurs internationaux et nationaux... et la perspective d'entrée à Gaza, comme possibilité ouverte ou comme ouverture possible grâce à un rapport de forces entre les 1500 militants au Caire et le GE était, selon ces responsables, envisageable.

Le Ministère des Affaires Etrangères égyptien a fait une annonce, le 27 décembre, pour déclarer que personne ne pouvait entrer à Gaza, Rafah est fermé... De surcroît, l'annonce parlait des marcheurs comme d'une bande de houligans.

Des groupes ont essayé de se rendre à Rafah, tous arrêtés à Al Arish.

L’irréversibilité de la décision du GE est devenue évidente ; cependant, il y avait des militants et des animateurs qui voyaient une possibilité de renverser la donne.

Concernant les militants de France, les 2 groupes Capjpo et « collectif » se renvoient la balle de la culpabilité de l'échec : c’est à mon avis grotesque, puisque le GE persiste et signe (NB : le convoi de Viva Palestina a pu entrer « grâce » à un mort - côté soldats égyptiens - et des blessés entre forces de l'ordre égyptiennes et militants internationaux et palestiniensdu convoi).

Le GE est ferme (et clair) : faire crever le Hamas et la population de Gaza avec.

Cet échec et, plus encore le manque d'autocritique des "responsables" de la Marche dû a une lecture incorrecte de la réalité politique, ont été lamentables.

Réaction face à l'interdiction du GE

Chez les 300 militants de France « autour du Capjpo » : le groupe "Bande de Guiza" (du nom du quartier où siège l'ambassade de France), est une appellation plus correcte que groupe "Europalestine" puisque une minorité des marcheurs s'identifiaient avec le Capjpo, les autres étant des associations diverses et variées.

Sur place, le camping sur le trottoir de l'ambassade de France a fonctionné selon le système des "soviets". Il y a eu une démocratie directe (sûrement pas parfaite) pour la prise de décisions ; j'appellerai BG, bande de Guizah (les 300 participants environ) cette "bande" qui a eu l'intuition politique du moment, et a répondu avec une occupation de l'ambassade. Elle a ainsi été à l'origine des multiples manifestations de rue, et est devenue le QG militant.

La Coordination internationale, autour du Codepink, faisait des réunions ouvertes auxquelles différentes délégations participaient. Cette Coordination a mis en route différentes actions : rassemblement au siège de l'ONU, au bord du Nil, au syndicat de journalistes, grève de la faim d'Hedy Epstein et autres etc.

La réaction du GE est restée la même : nous encercler, jusqu'à l'arrêt de l'action en cours ; nos passeports et la ligne directe que beaucoup ont instauré avec leur ambassades ont été très utiles. Ceux qui essayaient de rompre l'encerclement, étaient par contre maltraités ; les citoyens égyptiens ayant le courage de se joindre à nos actions, étaient éloignés avec brutalité.

700 personnes sont venues des USA et du Canada, 140 d'Italie.

Les passant égyptiens nous étaient favorables, sauf certains de la "haute" et autres, plutôt "privilégiés" intoxiqués par la propagande Moubarak et par son discours anti-palestinien ; certains militants ont fait plusieurs tentatives d'approcher Gaza : tout faciès « touriste », était renvoyé au Caire, même, d’ailleurs, les authentiques touristes en quête des poissons rouges.. !

Avant notre départ, nous avions dressé un tableau dans lequel l’interdiction de nous rendre à Rafah était fort plausible ; mais nous avions plutôt envisagé l’éventualité d’être jetés dans un petit coin du Sinaï, voire, dans le meilleur des cas, à Al Arish. Mais le GE en a décidé autrement et nous a confinés au Caire.

A mon avis, le contrôle dans la capitale est plus au point, les hauts gradés s’y trouvent ainsi que le gros des bataillons tous services confondus : appelés, police, militaires de carrière, services spéciaux.

Peut-être que si la révolte et riposte des militants de Viva Palestina avait eu lieu au Caire, les forces de l'ordre n'auraient pas étaient débordées.

Enfin, dans la masse de 21 millions d’habitants du Caire, nos actions dans les artères centrales de la ville ne faisaient pas la UNE des commentaires cairotes.

Cadeau empoisonné de Suzanne Moubarak

L'offre de 2 bus, c’est-à-dire 100 personnes pour se rendre à Gaza.

A partir du moment où nous avons compris l'atmosphère au Caire, accepter ce cadeau était pour nous (IJAN) de l'ordre de l'épouvante ; d’abord parce que c’était aller dans la direction opposée aux demandes faites par les différentes délégations dans leurs échanges avec le GE, et de surcroît, parce que nous avions largement eu le temps de saisir l'hostilité avérée du président égyptien envers les habitants de Gaza qui résistent aux dictats de l'impérialisme et de ses collabos. La communication du GE, qui faisait référence aux 100 marcheurs comme à des gens « responsables », et aux autres comme à des aventuriers, a franchement alourdi le tableau de ce "cadeau".

J'ai ressenti cela comme accepter un cadeau de la femme de Videla, dans les jours les plus sinistres de sa présidence en Argentine ; même chez les CodePink les avis divergeaient.

La BG a refusé tout de suite, ainsi que les délégations les plus politisées ; J-C. Lefort de l'AFPS a manifesté son opposition à la délégation, parce que dans sa grande majorité, à ses dires, elle était composée par des étasuniens et les européens ne faisaient que de la figuration.

Plusieurs délégations ont envoyé un représentant, parmi lesquels la CCIPPP, la position claire des palestiniens se faisant attendre. Mais, après une hésitation, des délégués ont reçu le message des Palestiniens, comme Omar Barghouti et Haidar Eid, disant qu'il fallait refuser ; 40 personnes ont alors pris la décision de descendre des bus (dont le délégué du "collectif") ; quelques autres marcheurs se sont précipités sur les places disponibles et 92 sont arrivés à Gaza.

Sans vouloir diaboliser les militants qui ont pris les bus, c’est à mon avis une erreur d'appréciation ! J'ai vu et écouté ces personnes à leur retour : tous sont unanimes pour dire qu'ils ont été bien traités ; le premier jour la "surveillance" Hamas était forte, le lendemain, ils ont pu se promener à leur guise.

Je pense que c’est par les Egyptiens que les voyageurs ont été malmenés, pas par le Hama.

La déclaration du Caire

La délégation sud-africaine, qui a une légitimité évidente, a promu les réunions pour élaborer le texte.

Le BNC palestinien a donné son accord au contenu de la déclaration IJAN France et USA ont été actifs dans le processus qui a abouti au document final. Le texte parle de l'égalité de droits de tous les résidents de la Palestine historique et ne mentionne pas de droit à l'existence de l'Etat sioniste.

Nous avons fait parler la presse nationale et internationale de Gaza, nous avons dévoilé le régime autoritaire, pro-impérialiste et anti-palestinien de Moubarak. Nous avons été créatifs avec des nombreuses actions au Caire, à El Arish.... le drapeau palestinien sur les pyramides.

Beaucoup ont fait plusieurs essais pour se rendre à Rafah. La presse arabe a parlé de la solidarité internationale avec Gaza. Nous avons un texte phare international, qui souligne les fondamentaux des droits palestiniens, plus un plan d'action pour l'année a venir.

Espérons que les animateurs de tout poil soient plus sensibles à la réalité géopolitique (certains ont eu une vision plus dynamique que d'autres), à la température, à la disponibilité et au dévouement des militants (qui ont participé à de nombreuses actions, tout azimuts, sans préjugés, en toute liberté et contre l'avis de certains responsables) et moins "donneurs de leçons" (diabolisant les adversaires etc.).

A bas le sionisme, l'impérialisme et la réaction arabe,
Vive la lutte de libération nationale du peuple palestinien.




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24 janvier 2010