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ISM France - Archives 2001-2021

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Ramallah -

Haïfa, Beyrouth et là-bas …

Par

L’International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.

Nous avons marché sur la plage d’Haïfa et j'ai plongé mes pieds dans la mer et je me suis souvenue des femmes de Biddu. Je me suis souvenue de leur regard quand je leur ai dit que j'allais à Haïfa. C’était un mélange de joie et de tristesse. Je pouvais voir leur tiraillement, parce qu’elles étaient heureuses que j’y parte pour rencontrer ma famille mais elles étaient tristes parce qu'elles ne pouvaient pas y aller.

Il me semble que je n’ai pas écrit depuis longtemps. Ecrire n’est pas facile pour moi, je préfère parler et discuter avec les gens qu’être assise toute seule et écrire. C’est encore plus difficile lorsque je dois parler de moi.

La semaine dernière, j’ai rencontré, pour la première fois, ma famille à Haifa. Pour ceux qui ne connaissent pas, mon père est né à Haifa en 1940, sa mère, Badia, - ma grand-mère – est d’Haifa. Mon grand-père Antoun est de Jérusalem.

En 1948, mes grand-parents sont partis avec leurs enfants se mettre à l’abri au Liban. Après la création d’Israël, les autorités israéliennes ne les ont jamais autorisés à revenir dans leur maison à Haifa. Mes grand-parents ont vécu le reste de leur vie au Liban et je suis née à Beyrouth. Le frère de ma grand-mère, Suleiman, est resté à Haïfa en 1948; il venait juste de construire un immeuble de quatre étages et voulait le garder. C'est lui et sa famille que j'ai rencontrée vendredi dernier.

Il y a quelque chose d’étrange à rencontrer des personnes totalement étrangères , de sauter toutes les étapes normales et avoir des relations de famille. Amira, la cousine de mon père, est venue me chercher à la gare routière d’Haïfa. Je lui avais dit que je portais une chemise grise et un pantalon bleu; elle m'a dit qu'elle portait une chemise rouge et un jeans. Nous avons fini par passer l’une à côté de l’autre sans se reconnaitre.

Nous avions à l’esprit toutes les deux une image différente de ce à quoi l’autre pouvait ressembler mais puisque nous étions toutes les deux à la recherche de quelqu'un, nous avons rapidement réalisé que nous nous recherchions.

Amira a les cheveux courts avec des mèches rouges ce qui la rend beaucoup plus jeune que je le pensais. Elle m'a dit plus tard que j'étais beaucoup plus mince et que j’avais la peau plus foncée qu'elle s’était imaginée. – la conséquence de deux mois de manifestations en plein soleil. Elle m'a emmenée dans sa maison où j'ai rencontré son mari Nabil et ses enfants : Rami, Rana, et Amir.

J’étais assise là, dans une maison étrangère entourée de personnes que je n'avais jamais rencontrées et qui avaient toutes les yeux fixés sur moi. Les yeux pleins de questions, de curiosité, d'affection et d'excitation.

L'heure suivante, j'ai dû répondre à un milliard de questions au sujet de ma vie, de ma soeur, de mes parents, de mes tantes et de mes cousins au Liban. Et alors ils ont commencé à me raconter des histoires au sujet de leurs vies et lentement, j’ai commencé à me sentir de plus en plus chez moi.


Ils m’ont emmené ensuite en balade dans Haifa. J’ai vu la maison où mon père est né, j’ai marché dans les rues où mon père et mes tantes jouaient, je suis allée jusqu'à l’école que mon père fréquentait lorsqu’il était enfant. Il s’avère que c’est également l’école où vont Rami, Rana et Amir. J’avais vu une photo de la maison dans un livre.
L’un des collègues de mon père était allé à Haifa et lui avait acheté un livre. Alors qu’il le lisait, mon père avait reconnu la maison dans laquelle il avait vécu lors des premières années de sa vie. La maison se situe à proximité d’une église qui faisait l’objet de la photo.


Le jour suivant, nous sommes allés rendre visite à Suleiman et à son épouse Nadime, la rencontre attendue depuis si longtemps. J'avais tellement de questions pour Suleiman, des questions sur sa soeur, ma grand-mère, sur les événements de 1948, sur comment il avait décidé de rester quand tous ses frères et soeurs partaient, et sur sa vie depuis lors.

Mais mes questions sont restées la plupart du temps sans réponse comme si la mémoire de Suleiman lui échappait. Son épouse Nadime, qui est en bonne santé, a essayé de répondre à une grande partie de mes questions, elle m'a montré des photos de ma grand-mère quand elle était jeune et d'une photo de mon papa lorsqu’il était gosse.
J'ai reconnu les grands yeux de mon père, son grand front et ses petites lèvres. Nous avons parlé de la famille et je leur ai dit que ma grand-mère avait été tuée lors d’un bombardement sur Beyrouth.

J'ai passé trois jours avec eux, nous avons rendu visite à Suleiman et à l'autre fille de Nadime, Lilly et moi avons rencontré ses jeunes filles énergiques qui étaient si exitées de me voir qu'elles me suivaient partout où j’allais. Nous avons échangé nos adresses email et nous sommes promis que nous resterions en contact. Ils m'ont donné les noms de tous les derniers chanteurs arabes et j'ai maintenant une liste d'artistes dont je dois acheter les CD.

Nous avons marché sur la plage d’Haïfa et j'ai plongé mes pieds dans la mer et je me suis souvenue des femmes de Biddu. Je me suis souvenue de leur regard quand je leur ai dit que j'allais à Haïfa, c’était un mélange de joie et de tristesse. Je pouvais voir leur tiraillement, parce qu’elles étaient heureuses que j’y aille pour rencontrer ma famille mais elles étaient tristes parce qu'elles ne pouvaient pas y aller.

Elles m'ont dit de me baigner dans la Méditerranée pour elles, pendant qu’elles rangeaient les sacs de lentilles, de sucre, et de farine que le Programme de Développement des Nations-Unies (l’UNDP) avait généreusement donné.

Sur chaque sac, il y a un drapeau américain et chaque famille obtient un sac de lentilles, un sac de sucre et un sac de farine tous les quatre mois. Pour obtenir cette aide, une famille doit avoir plus de cinq enfants et gagner moins de 2 dollar par jour. Je me suis sentie complètement malade ce jour-là. Le drapeau américain n’a rien à faire sur cette aide humanitaire, sur cette nourriture.

J’ai quitté Haifa lundi. Je reviendrai certainement leur rendre une autre visite avant de quitter le pays. Je sais que ma famille au Liban, qui ne peut pas venir en Israël, m'inondera de questions concernant mon séjour ici. J'ai pris autant de photos que j’ai pu pour essayer de satisfaire leur désir d’être proche de leur patrie.

Et par un étonnant hasard, j’ai vu jeudi un spectacle de danse moderne à Ramallah qui s’intitulait :"Haïfa, Beyrouth et là-bas…" de la Troupe de Danse Populaire palestinienne EL-Funoun.
Le spectacle était délicieux avec des costumes étonnamment colorés, la formidable musique de Marcel Khalife, des poèmes de la voix la plus éloquente de la Palestine, Mahmoud Darwich, et une performance de danse incroyable donné par la troupe qui était un mélange de danse moderne et de Dabke, la danse traditionnelle arabe.

Pour finir, le samedi 15 mai, c’était le jour de la Nakba. Nakba signifie la catastrophe en arabe; et elle représente la catastrophe palestinienne de la dépossession en 1948.

C'est le jour où Israël a déclaré son indépendance et où 700.000 Palestiniens ont été transformés en réfugiés et ont été interdits de revenir dans leurs maisons.

Mes copains pacifistes et moi sommes allés à Ramallah pour se joindre aux manifestations. Avec des copains Palestiniens, nous avons fabriqué des pancartes où on pouvait lire : "Palestine : depuis 1948, la Justice lui est refusée" et "Les réfugiés palestiniens : il est temps qu’ils rentrent à la maison" et en arabe "Une nouvelle catastrophe que nous refusons, de Budrus à Biddu le Mur tombera ".

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM-France

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