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ISM France - Archives 2001-2021

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Hébron -

Hébron sous attaque et pillage israélien

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Pendant que tous les regards sont tournés, à juste titre, vers Gaza, l'occupant sioniste redouble de brutalité en Cisjordanie. Deux rapports nous en donnent la mesure :
- Tirs dans les rues, invasions de maisons et kidnappings à Hébron (ISM)
- Pillage dans l'orphelinat d'une association caritative islamique (Khaled Amayreh)

Hébron sous attaque et pillage israélien


Les locaux dévastés de l'association caritative (article ci-dessous)

Tirs dans les rues, invasions de maisons et kidnappings à Hébron , par ISM

Il y a trois jours, Hébron a été réveillée par les bruits des tirs et des cris. L'armée a dégagé la zone du checkpoint à la grenade lacrymogène et aux balles caoutchouc-métal puis a occupé une maison pour pouvoir tirer sur les gamins jeteurs de pierres.

Quelques minutes plus tard, l'armée et la police des frontières sont arrivées avec quatre ou cinq jeeps. Ils ont commencé à faire reculer les gamins avec des tirs de balles caoutchouc-métal et des lacrymogènes. Les tirs ont duré toute la journée, avec les diverses manifestations qui ont amené jusqu'à 3.000 personnes dans le centre ville.

Les gamins ont dressé des barricades et lancé des cocktails Molotov. L'armée a répondu par des tirs à balles réelles et il y a eu beaucoup de blessés, certains parlent de 40, d'autres beaucoup plus.

Le lendemain, les tirs ont continué, même s'ils étaient moindres. La plupart des Hébronites observaient simplement les affrontements entre l'armée et les gamins, et entre 50 et 100 d'entre eux ont été blessés. La plupart des pierres n'atteignaient pas l'armée, mais les militants des droits de l'homme ont témoigné de l'usage de balles réelles et caoutchouc-métal.

Hier, l'armée a appelé les services de l'Autorité Palestinienne (AP). Le centre d'Hébron a été occupé par des douzaines d'officiers de l'AP armés d'AK-47. Les bagarres ont été courtes, sporadiques, avec un seul réel incident qui a été rapidement réglé par les Forces israéliennes d'occupation.

L'armée a arrêté beaucoup de personnes pendant toute la journée, essayant de localiser les meneurs ou ceux qui avaient été les plus violents. Les militants témoignent que six garçons ont été gardés au checkpoint de Tel Rumeida. Ils étaient menottés et les yeux bandés. La plupart ont entre 17 et 22 ans, mais il y avait deux gamins de 14 et 15 ans. Après deux heures de détention, 4 des plus âgés ont été emmenés par la Police des Frontières. Les 2 plus jeunes ont été détenus au checkpoint toute la nuit, soit 14 heures au total. Les militants se sont assurés qu'ils aient de l'eau et qu'ils puissent aller aux toilettes mais les soldats ont refusé qu'on leur donne des couvertures, bien qu'ils n'aient que des T-shirts et que la nuit soit froide. Un soldat a déclaré qu'ils "étaient des criminels et méritaient d'être punis." Un autre a dit qu' "ils souffriraient toute la nuit pour leur donner une leçon". On a quand même pu leur faire passer une couverture, pendant la nuit.

Le jour suivant, 3 autres garçons ont été arrêtés et emmenés au checkpoint. Ils n'ont pas eu les yeux bandés et les militants ont pu prendre leurs noms et leurs âges. L'armée les a emmenés à la base militaire de Tel Rumeida.

Le village de Beit Ummar n'a pas échappé à la violence ces derniers jours. Avant les drames de Gaza, le village a organisé des manifestations non violentes qui ont été rapidement dispersées par l'armée. Lors d'une d'entre elles, les colons de Karmi Sour sont venus tirer dans la foule à balles réelles, heureusement personne n'a été touché. En réponse au massacre de Gaza, les étudiants ont organisé plusieurs manifestations contre la tour de contrôle militaire qui surveille le village. Un garçon a été blessé à la jambe par une balle caoutchouc-acier et un autre à la tête par une balle réelle. Il est toujours à l'hôpital d'Hébron, dans un état critique.

Hier, la vielle ville d'Hébron a été fouillée de fond en comble par l'armée, qui a fermé beaucoup de magasins, improvisé des checkpoints et interdit aux gens d'entrer. Elle a fouillé la plupart des commerces et a bouclé des zones entières. Les habitants craignent que l'armée ne trouve une excuse pour boucler la vieille ville.

Pour le moment, les tirs semblent être terminés à Hébron. Hier l'assemblée municipale des enfants a organisé une réunion en lien avec le Croissant Rouge en réponse aux tirs et aux massacres à Gaza. Beaucoup de suggestions ont été faites, dont l'utilisation de l'aide internationale, le boycott des produits israéliens et une meilleure utilisation des médias. Cette réunion pourrait bien être la première de nombreuses réunions qui décideront de la réponse de la ville à la situation.

Les troupes israéliennes pillent de la nourriture, des vêtements, des meubles et des équipements dans un orphelinat, par Khaled Amayreh

Des centaines de soldats d'occupation israélienne ont saccagé un orphelinat et un internat palestiniens, hier jeudi, à Hébron, pillant des quantités de produits congelés et frais, d'habits, de chaussures, de réfrigérateurs et de matériel de cuisine, ont déclaré les responsables locaux et les témoins.

Le matériel pillé devait servir à nourrir et habiller sept cents orphelines et orphelins, dont beaucoup vivent dans des internats gérés par l'Association Caritative Islamique.

Selon les voisins, le pillage a commencé mercredi vers minuit lorsque les soldats ont envahi le quartier al-Harayek, à Hébron, où est situé le local de stockage de l'Association Caritative Islamique.

"Ils [les soldats israéliens] ont enfoncé la grille principale et les portes, puis ils ont commencé à tout charger sur des camions qui les accompagnaient", dit Muhammed Awwas, un des responsables des stocks de l'Association.

"Ils ont pillé pour des millions de dollars de matériel et de produits, c'est un vol organisé, à part que c'est fait par l'armée d'un Etat qui se proclame civilisé et démocratique."

Awwad dit que les soldats ont saisi des centaines de cagettes de viande congelée, de nombreux containers de nourriture ainsi qu'une énorme quantité de vêtements, dont des pyjamas, des sous-vêtements, du matériel sanitaire, du papier toilette, des chaussures, des équipements de sport, des couvertures, des matelas et des mouchoirs.

"Ils ont même pillé les sous-vêtements des filles. Ils nous ont tout volé", dit Awwad.

Ahmed Farrah, un responsable de l'organisme caritatif, a accusé l'armée israélienne de "nous traiter comme les nazis ont traité les Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale."

"Ils se comportent comme la Gestapo et les SS."

Un porte-parole de l'armée israélienne a dit que la campagne de plus en plus draconienne contre les institutions caritatives islamiques et autres associations de charité palestiniennes "fait partie du travail des Forces de Défense Israélienne pour combattre la terreur palestinienne."

Israël qualifie systématiquement d'"actes de terreur" toute forme de résistance à ses 40 ans d'occupation brutale de la terre palestinienne.

Le porte-parole a dit que l'armée pensait que l'Association Caritative Islamique d'Hébron était liée au Hamas, qu'Israël considère comme l'ennemi n° 1 de l'Etat sioniste.

Cependant, Farrah a catégoriquement démenti toutes connections avec le Hamas ou toute autre faction palestinienne.

"Nous sommes une association caritative, nous n'avons rien à voir avec la politique. Nous fonctionnons depuis 1964, avant l'occupation israélienne, et l'armée et les services secrets israéliens ont enquêté de nombreuses fois et n'ont jamais trouvé aucune preuve suggérant des activités illégales. La véritable raison, c'est qu'ils veulent affaiblir la société palestinienne, ils veulent liquider nos infrastructures sociales et éducatives."

Farrah a dit qu'il pensait que le motif réel derrière ce "saccage barbare" était à relier à la haine israélienne de l'Islam en tant que religion et que l'Islam était le dernier obstacle sur le chemin israélien d'une possible liquidation de la cause palestinienne.

"Et la deuxième raison, c'est qu'ils veulent nous torturer et nous harceler dans l'espoir que nous nous soumettions à leurs projets.

"Mais cela n'arrivera pas. Jamais, jamais."

La semaine dernière, l'armée israélienne s'est empire de plusieurs bâtiments scolaires, orphelinats, bureaux et autres biens appartenant à l'Association Caritative Islamique, la plus importante des territoires palestiniens occupés.

Parmi les propriétés confisquées se trouvent un orphelinat, deux écoles, un supermarché, plusieurs immeubles d'appartements à étages, plusieurs autobus scolaires et autres.

L'armée est venue avec des camions pour emporter le matériel volé, y compris des ordinateurs, des meubles, des chaises, du matériel de cuisine et scolaire, dans une base militaire voisine.

"Ils ont même emporté les fenêtres en aluminium", dit Mua'atsem Shawar, un des employés de l'association.

Selon l'ordre de confiscation, tout Palestinien entrant dans les bâtiments confisqués pour quelque raison que ce soit sera passible d'un minimum de cinq années de prison et verra ses biens confisqués ou démolis.

L'Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas a mollement dénoncé "l'agression israélienne contre nos institutions civiles".

Le gouverneur de l'Autorité Palestinienne (Fatah) d'Hébron, Hussein Al-Araj, s'est dit "étonné et choqué par ce comportement", qui est "incompatible avec les efforts actuels pour la paix entre l'Autorité Palestinienne et Israël".

"C'est un acte illégal. Nous poursuivrons cette affaire par les voies légales."

Cependant, quelques personnalités d'Hébron ont implicitement accusé le régime de l'Autorité Palestinienne de connivence avec Israël contre les organisations islamiques.

"Ils veulent les contrôler. Et si le Fatah est autorisé à les contrôler, elles sont finies", dit Akram Nasseruddin, un homme d'affaires local.

"On ne peut pas faire confiance au Fatah. Les gens ici ne lui font pas confiance, et ne veulent pas lui donner l'argent des associations."

Le secteur d'Hébron dans lequel l'Association Caritative Islamique est situé est supposé être sous l'autorité du régime de Ramallah soutenu par l'Occident du Président Mahmoud Abbas.

Toutefois, le gouvernement israélien, en particulier depuis la scission entre le Hamas et le Fatah l'année dernière, considère l'Autorité Palestinienne d'Abbas comme une entité collaborationniste.

Pour preuve les quasi quotidiens raids et incursions israéliens dans les centres palestiniens de population, y compris dans la propre capitale de facto de l'Autorité Palestinienne, Ramallah.

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