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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Honneur à Yousef Abu Oda, le Martyre

Par

Natalie Abu Shakra est Libanaise et fait partie de l'International Solidarity Movement. Elle a défié les ordres imposés par Israël aux citoyens libanais de ne pas aller à Gaza, et a pu y entrer avec le Free Gaza Movement.

Abu Oda avait décidé de choisir la voie du martyre, d’utiliser son corps comme réaction au récent massacre contre son peuple de l'oppresseur. Il avait décidé de se faire exploser sur la frontière, près des soldats des Forces de l'Occupation Israélienne qui étaient présents dans le secteur.
Abou Oda, ainsi qu'un autre jeune homme, Kafarneh, ont été tués alors qu’ils s’approchaient, et le TNT qu’ils portaient autour de leur taille a explosé immédiatement.

Honneur à Yousef Abu Oda, le Martyre


«Je ne marche pas sur la ligne, là où je place mon pied, la ligne commence."

«Plus fort, plus fort, chante plus fort! Chanter est toujours possible, c’est encore possible! "

"S'il vous plaît, dites-moi comment il était! Comment l’avez-vous trouvé? Son corps est-il encore complet? Est-il en morceaux? Vous devez me le dire!" demandait la mère du martyr Yousef Abu Oda.

Le Mercredi 10 Février 2009, nous avons été invités à nous joindre à une équipe d'habitants de Beit Hanoun dans la région de Bura pour rechercher le corps d'Abou Oda, qui n'a pas été trouvé, malgré deux jours de recherche. Nous étions une vingtaine de personnes et nos recherches avaient lieu dans une zone située à cinquante mètres du mur de l'apartheid sur la frontière nord.

Au bout d’une trentaine de minutes, alors que nous étions regroupés par deux, nous avons trouvé le corps d’Abu Oda, 21 ans, à proximité d'une colline où les Forces d'occupation israéliennes étaient présentes.

Il pleuvait abondamment, et des petits morceaux de glace tombaient du ciel. Le temps était nuageux et gris, et des soldats se trouvaient dans une jeep avec les phares allumés. Elle avait l’air d’objet bizarre dans l'obscurité environnante.

Un autre soldat se trouvait dans un carré comme un bloc de ciment, caché, en position de tireur d'élite, avec un casque sur la tête. Alors que les soldats menaçaient avec leur mégaphone de commencer à nous tirer dessus, quelqu'un derrière moi crié "Allahu Akbar! Allahu Akbar!"
Le cadavre avait été trouvé. Malgré une pluie intense, il a été porté dans des tapis jusqu’à une ambulance qui ne pouvait pas venir jusqu’à l’endroit où nous nous trouvions, par crainte que les FOI la prennent pour cible.

Abu Oda avait décidé de choisir la voie du martyre, d’utiliser son corps comme réaction au récent massacre contre son peuple de l'oppresseur. Il avait décidé de se faire exploser sur la frontière, près des soldats des Forces de l'Occupation Israélienne qui étaient présents dans le secteur.
Abu Oda, ainsi qu'un autre jeune homme, Kafarneh, ont été tués alors qu’ils s’approchaient, et le TNT qu’ils portaient autour de leur taille a explosé immédiatement. Le corps de Kafarneh avait été retrouvé un peu plus tôt, mais personne n'avait osé s’approcher de la frontière pour rechercher Abu Oda.

Yousef est le neuvième enfant d'une famille de dix personnes. Il livrait des chaises pour les services funéraires au cours des 22 jours d'attaques israéliennes contre la bande de Gaza.
"Sous les bombes, il insistait pour emmener les chaises aux services funéraires, en dépit de notre constant désaccord", a déclaré Reem, son cousin. Yousef a dit à sa famille qu'il voulait honorer son pays en choisissant le martyre.

Alors que j’étais assise aux côtés de sa famille lors de son service funèbre, je ne pouvais que penser à l'ironie de la situation. C’était à présent les funérailles de Youssef, les chaises de Youssef, la tente verte de Yousef sous laquelle des hommes étaient assis, les dattes de Yousef que la famille sert aux hôtes qui viennent présenter leurs condoléances.

"Quel âge avez-vous?" m’a demandé sa mère, et quand j'ai dit que j'avais 21 ans, des larmes se sont formées dans ses yeux bruns pétillants, "il avait 21 ans aussi."

Mais, ce n'était pas la fin. Les enfants souriaient, il y avait de la nourriture sur les tables, les femmes se réconfortaient et les hommes souhaitaient la bienvenue. Ils levaient la tête et ils se montraient forts face à la mort de leur fils.

Peut-être que Youssef ne sera pas mentionné dans les livres d'histoire, peut-être que le chagrin de sa famille ne sera pas remarqué, peut-être son histoire ne sera pas racontée souvent, mais son acte est un écho, un symbole, une décision provocatrice face à l'armement de la plus grande puissance nucléaire de la région.

"Je ne marche pas sur la ligne, là où je place mon pied, la ligne commence", disait Mahmoud Darwish dans Adieu ô guerre, adieu ô paix, avec ses mots qui ne meurent jamais. Yousef a marché sur sa ligne, le chemin vers la frontière.

A quoi pensait-il, personne ne le sait. Mais, ce qu'il faisait, des millions de personnes y réagiront, au symbole, à la signification, à l'écho. Ce n'est pas une culture de la mort, et ce n'est pas de la témérité. C'est le choix de la mort face à la vie.

C'est ce qui pourrait briser le sentiment d'impuissance de ceux qui ne possèdent pas de F16, de F15, de F35, d’Apaches, de phosphore blanc, de navires de guerres, de chars et de tireurs d'élite.

Youssef est un soldat, un soldat d'une armée cachée qui s'élève contre les injustices du temps, du lieu et des discours dominants du pouvoir. En Palestine, tout le monde est un soldat, chaque soldat avec une arme différente, chaque arme avec un écho différent, chaque écho avec une autre forme de résistance.


Entre les mains de qui se trouve la victoire?
L'homme ... la volonté humaine est victorieuse, et la politique tombe à ses pieds
(M. Darwich, 1974)

Source : http://palestinechronicle.com

Traduction : MG pour ISM

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