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Gaza -

Il attend la mort par manque de médicaments

Par

Bulletin "Infos Gaza 599bis" du Comité Palestine 33.

Ahmad Akram Abu Mones Sefan, 35 ans, vit dans le camp de réfugiés de Nuseirat dans la bande de Gaza avec sa femme Mervat, 26 ans, et ses deux jeunes fils : Abed, 5, et Ahmad, 3. Il est un professeur de dessin spécialisé dans une école préparatoire de garçons de l'UNRWA dans le camp de réfugiés de Bureij. En 2009, après avoir entrepris une série de tests médicaux en Egypte, Akram a été diagnostiqué avec la leucémie myéloïde chronique, un cancer sévère des cellules sanguines. Depuis 2010, on lui a prescrit le Glivec, un nouveau médicament qui a augmenté de façon significative le taux de survie des patients. Depuis qu'il a commencé à prendre du Gilvec, la propagation du cancer à d'autres parties du corps s’est arrêtée et sa qualité de vie s'est considérablement améliorée.

Il attend la mort par manque de médicaments

Akram Abu Mones Sefan et son fils dans sa maison du camp de réfugiés de Nuseirat
"Ce médicament a changé ma vie", dit Akram. "Depuis que j'ai commencé le traitement avec Glivec les symptômes de la leucémie ont disparu et je me sens en bonne santé à nouveau." Cependant, depuis Janvier 2012, le Gilvec est indisponible dans le magasin central du ministère de la Santé de Gaza. Seulement une petite quantité de Glivec, couvrant les besoins de 69% de ces patients a été livrée le 15 Mars et dans 10 jours le stock sera à nouveau épuisé.

La fermeture absolue imposée par Israël sur la bande de Gaza depuis 2007 oblige les Autorités de Gaza à suivre une procédure de stricte coordination afin d'obtenir les médicaments nécessaires pour les services médicaux. Selon cette procédure, le ministère de la Santé à Gaza demande les médicaments au ministère de la Santé à Ramallah. Celui-ci se coordonne avec le gouvernement israélien pour les faire parvenir dans la bande de Gaza. Ces derniers temps, des problèmes financiers rencontrés par le ministère de la Santé à Ramallah ont affecté la disponibilité des médicaments essentiels pour la bande de Gaza.

La femme d’Akram, Mervat, explique son anxiété. "Mon mari souffre de forts maux de tête et de douleurs dans les jambes. Je fais de mon mieux pour cuire les aliments qui peuvent compenser les problèmes causés par sa maladie du sang." Le médecin leur a dit que l'interruption du traitement pourrait avoir des conséquences graves sur la santé d'Akram. Le manque de globules dans le sang peut provoquer une fatigue, une gêne des voies respiratoires et une insuffisance rénale. Néanmoins Akram essaie de détourner l'attention de son cas, "il y a beaucoup d'autres patients dans ma situation, mon cas n'est pas le seul dans la bande de Gaza."

À l'heure actuelle, parmi les patients cancéreux, 32 dépendent de la fourniture de Gilvec pour leur survie. "Les Palestiniens peuvent trouver des moyens de substitution au manque d'électricité, de carburant et de nourriture, mais nous n'avons pas d'alternative pour obtenir ce médicament. Il s'agit d'une question de vie ou de mort," dit Akram. En fait, ce n'est pas la première fois que le Gilvec est indisponible à Gaza, l'an dernier, Akram a dû interrompre son traitement pendant un mois et demi. Le coût élevé du Gilvec - aux Etats-Unis 3.700$ pour un traitement mensuel - empêche les patients de l'obtenir par le canal des circuits privés. "C’est une décision politique que d’empêcher l’accès des médicaments à Gaza," insiste Akram. "En gardant notre esprit occupé par le manque d'électricité, de carburant et de médicaments, Israël vise à accroître le "chacun pour soi" comme un moyen de saper la constitution de notre Etat. Israël ne veut pas seulement tuer les malades, son objectif est de détruire la vie entière des Palestiniens."

Selon Na'el Shih, le directeur du magasin central du ministère de la Santé à Gaza, 80 % des médicaments nécessaires aux patients font défaut. Nous sommes en train de mourir ici. 186 médicaments sont actuellement épuisés. Le stock restant sera terminé dans les 2-3 prochains mois. Depuis deux mois, il n'y a pas eu de vaccinations contre l'hépatite pour les nouveau-nés dans la bande de Gaza." En raison des problèmes financiers, la pénurie de médicaments affecte particulièrement les traitements coûteux tels que ceux liés à la transplantation rénale, le cancer, et le foie. "Bien que ces traitements soient la condition de survie des patients, l'hôpital n'est pas en mesure d'assurer leur approvisionnement."

Photo
La dernière boîte de Glivec sur les étagères du magasin central le 25 mars 2012


La convention internationale relative aux droits économiques, sociaux et culturels reconnaît le "droit de chacun au meilleur état de santé possible." Les autorités palestiniennes de la bande de Gaza et de Cisjordanie compromettent sévèrement ce droit quand elles politisent la fourniture de l'assistance sanitaire aux habitants de Gaza. Israël, en tant que puissance occupante dans la bande de Gaza, est astreint "à assurer le suivi de la coopération avec les autorités nationales et locales pour l’approvisionnement de leurs établissements médicaux et hospitaliers et leurs services, et plus généralement la santé et l'hygiène publiques dans le territoire occupé."

Source : PCHR

Traduction : Jacques Salles, Palestine 33

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