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Jérusalem - 17 avril 2004
Par Neal et Emilie
L’International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.
L’ensemble des villages du nord-ouest de Jérusalem y compris Biddu et Beit Surik ont essayé résolument depuis deux mois de résister par la non-violence à la construction du mur de l’Apartheid qui passe par leurs terres. L’armée israélienne a non moins résolument réprimé toute forme de contestation avec une violence invraisemblable dans cette région, a tué trois jeunes Palestiniens au cours de la première semaine de manifestation et en a blessé un grand nombre.
Jeudi 15 avril 04, la communauté de Biddu et les villageois voisins se sont réunis sur le site des travaux pour protester contre la destruction de leurs terres agricoles.
Ils ont été rejoints et soutenus par plus de 50 militants israéliens et internationaux. Les manifestants avaient l’intention d’empêcher les bulldozers d’infliger d’autres dégâts à leur terre.
Mais comme ils approchaient du site, ils ont été rapidement arrêtés par une barricade qu’avaient érigée l’armée israélienne et la police des frontières sur une route qui mène au chantier en contrebas du village..
L’important déploiement militaire (les manifestants les ont estimés à plus de 100) qui protégeaient deux chantiers et encerclaient les vergers d’oliviers, s’était positionné stratégiquement le long de la route et sur le flanc de la colline, sans parler des positions de snipers sur le toit des maisons palestiniennes.
Le spectacle était étrangement semblable à celui du 26 février quand les soldats ont tiré et tué Mohammed Beduan à partir du même toit, lui logeant une balle de caoutchouc entre les yeux.
Des snipers en position sur le toit d’une des maisons ont visé la foule de manifestants non violents. La totalité du chantier autour de Biddu et Beit Ijza a été déclaré zone militaire interdite par l’armée israélienne tôt le matin pour empêcher les gens d’aller manifester.
Vers 11h30, la foule des manifestants non violents s’est approchée lentement des barricades tandis que les militants israéliens s’adressaient aux soldats avec un mégaphone.
L’armée israélienne a déclenché la violence en tirant des gaz lacrymogènes et des bombes assourdissantes dans la foule. La plupart des manifestants se sont dispersés excepté quelques uns qui ont essayé d’affronter les soldats en dépit de la puanteur des gaz. Les militants israéliens ont continué de s’adresser aux soldats en hébreu et l’armée à balancer des gaz lacrymogènes et des bombes assourdissantes contre les gens, en ignorant les appels des militants à cesser l’emploi inutile de la violence.
Au bout de quelques minutes, l’armée a chargé les manifestants, chassant les gens à cent mètre de là, dans la rue, et les renvoyant dans le village. Jusque là pas une seule pierre n’avait été lancée.
Les leaders de la communauté ont mis la majorité des jeunes garçons vers la queue de la manifestation, pour les empêcher de jeter des pierres sur les soldats. Au cours d’une de ces charges, l’armée à emmené Neal, l’activiste d’ISM et deux militants israéliens.
Pendant l’arrestation de Neal, deux autres militants ont essayé d’empêcher son arrestation mais ont été violemment repoussés par les soldats. Le soldat a cogné la tête de Neal, et il a été emmené. On l’a mis à l’arrière d’une des nombreuses jeeps militaires présentes sur le site et on lui a refusé tout examen médical, de son arrestation à sa libération de prison quatre heures plus tard..
Les internationaux et les israéliens ont alors décidé de se ranger en ligne devant les soldats et de les appeler à arrêter toute violence contre les civils sans armes. Ils sont allés à la rencontre des soldats qui ont immédiatement chargé, et attrapé Huwaida et Rebekah, militants de l’ISM qu’ils ont violemment traînés par les cheveux jusqu’aux jeeps.
C’est à ce moment là que la manifestation s’est scindée en deux groupes : l’un est resté dans le village, à l’endroit du départ pendant que l’autre a essayé d’atteindre les bulldozers par un autre chemin à travers les vergers.
Mais les soldats avaient déjà sécurisé les points d’accès aux chantiers et ont rapidement empêché l’autre groupe d’approcher les bulldozers.
Les soldats israéliens ont attrapé un gamin palestinien de 12 ans, l’ont mis sur le capot d’une des jeeps qui se trouvaient dans les vergers et l’ont attaché aux barreaux de protection du pare-brise de la jeep.
Arik Ascherman, membre de Rabbis for Human Rights (Rabbins pour les droits de l’homme) a essayé de négocier avec les soldats pour qu’ils libèrent le gamin visiblement terrifié et en danger d’être atteint par les pierres que lançaient les shebabs. Arik a été arrêté et physiquement menacé par le commandant qui a refusé de donner son nom.
Dans son témoignage Rabbi Ascherman a déclaré que l’armée s’était servi du gamin comme bouclier humain avec trois autres personnes dont un Palestinien, Arik Ascherman lui-même et Nils un militant de l’ISM. Ils ont été mis à l’avant d’une seconde jeep. Le jeune garçon a reçu l’autorisation de rentrer chez lui vers 18h30. Il est resté plusieurs heures dans le froid, sans surveillance médicale. Un quatrième militant israélien, Shellyu Nativ, a aussi été arrêté un peu plus tard dans l’après-midi.
L’armée a occupé plusieurs maisons de Biddu pendant toute la confrontation qui a duré tard dans la soirée. Ils ont tiré énormément de gaz lacrymogène et n’ont pas cessé de charger les manifestant même si les villageois n’ont jamais essayé de s’approcher du chantier et étaient principalement postés sur le versant opposé de la colline.
Presque toutes les personnes arrêtées pendant la manifestation ont été relâchées sous condition tard dans la nuit. On leur a dit qu’elles avaient été arrêtées pour s’être trouvées dans uen zone militaire interdite, ce qui est illégal.
Pourtant, pas un seul des journalistes qui travaillaient dans l’environnement des soldats n’a été arrêté bien que leur présence dans une zone militaire interdite ne soit pas plus légale. Deux des interpellés, Huwaida et Shelly ont été emmenés à la Peace Court de Jérusalem plus tard dans la soirée mais ont aussi été relâchées. Arik Ascherman et Nils ont été relâchés du poste de police de Givat Ze’ev tard dans la nuit. Un des Palestiniens est toujours détenu à la base militaire d’Ofer.
Pendant ce temps, l’armée n’arrêtait pas de tirer des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes sur les shebabs, poursuivant les gens à travers les vergers d’oliviers ; la plupart des villageois sont restés figés sur le flanc de la colline qui fait face au chantier, regardant les bulldozers détruire encore leur terre pour faire le passage du mur qui, au bout du compte, transformera leur village en prison à ciel ouvert. Il seront coupés de leur terre, de leurs ressources en eau, des établissements scolaires, du réseau d’égouts.
Aujourd’hui fut un autre jour dans le long enchaînement alarmant des manifestations non violentes mais férocement réprimées par l’armée israélienne qui a systématiquement criminalisé toute forme de résistance non violente à sa loi, quand la survie de la communauté est en jeu.
A Biddu, la communauté s’est battue pour son futur, pour le futur de ses enfants, pour sa liberté et pour ses droits fondamentaux à exister et à vivre sur sa terre. Les soldats israéliens ont tiré des gaz lacrymogènes, des balles de métal enveloppées de caoutchouc et utilisé un enfant comme bouclier humain pour protéger la construction d’un mur dévastateur pour la terre palestinienne qui prive les Palestiniens du droit de choisir leur avenir.
Comme ça a été précédemment le cas, la communauté de Biddu et des villages alentour continuera de résister à la construction du Mur et à l’annexion de leurs terres et de leurs ressources. La survie de ces communautés restera menacée tant que durera la construction, et les gens continueront à défendre leur droit à exister sur leur terre.
Source : www.palsolidarity.org
Traduction : CS pour ISM-France
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