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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Jeux de Guerre à Beit Leed

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Ce qui arrive à Beit Leed presque tous les mercredis soirs depuis 3 mois est à peine croyable.
Tous les mercredis soirs, l'armée israélienne utilise le village et les villageois de Beit Leed pour metre en pratique leurs scénarios de jeux de guerre.
L'armée a choisi Beit Leed parce qu'il ressemble à la Syrie ou au Liban. C'est leur terrain d'entrainement pour qu'ils n'aient pas à subir une autre défaite comme celle de l'été dernier

Jeux de Guerre à Beit Leed


Photo : Le village de Beit Leed

Beit Leed est un village palestinien entre Naplouse et Tulkarem. C'est un village complètement isoléQ Que vous veniez de Naplouse ou de Tulkarem, vous devez franchir un checkpoint géré par de jeunes soldats israéliens et équipé de détecteurs de métaux, de cages, de tourniquets où les gens attendent et attendent en rang que les soldats israéliens les laissent passer pour qu"ils puissent aller à leur travail, à leurs cours ou rendre visite à leurs familles.

Ce qui arrive à Beit Leed presque tous les mercredis soirs depuis 3 mois est à peine croyable.

Imaginez : Vous habitez en Pennsylvanie. Le Canada pénètre dans votre Etat et installe des équipements militaires dans toute la Pennsylvanie. Ces équipements prennent la forme de murs de 8 mètres de haut, des fossés, des barrières, des tours de tireur isolé.

Puis, vous avez des checkpoints gérés par des soldats canadiens. Bon nombre d'entre eux ne parlent pas anglais mais ils parlent français.
Et vous devez expliquer à ces soldats canadiens pourquoi vous voulez passer de votre secteur pennsylvanien au secteur pennsylvanien voisin où vit votre grand-mère pennsylvanienne malade.
Il fait chaud l'été en Pennsylvanie.

Vous êtes enfermés avec des centaines d'autres Pennsylvaniens à attendre en rang que ce soit votre tour de vous expliquer aux occupants canadiens de votre région.

Des pancartes "Interdit de Fumer" sont disséminées dans la cage où vous attendez. L'ambiance est tendue. Il fait chaud.

Les soldats rigolent dans une cabine climatisée et vous êtes presque à bout parce que vous avez été coincés comme un animal dans cette zone clôturée.

Maintenant, imaginez que c'est la Palestine. C'est le checkpoint d'Huwara qui mène à la principale partie de Naplouse. Puis, vous tombez sur un autre, avant le village de Beit Leed.

Et le mercredi soir, l'armée israélienne utilise le village et les villageois de Beit Leed pour metre en pratique leurs scénarios de jeux de guerre. L'armée a choisi Beit Leed parce qu'il ressemble à la Syrie ou au Liban.
C'est leur terrain d'entrainement pour qu'ils n'aient pas à subir une autre défaite comme celle de l'été dernier.


Voilà ce que nous raconte le maire de Beit Leed :

"Dans notre ville ici à Beit Leed, les gens vivent tranquilles. La plupart des habitants d'ici sont des fermiers ou des ouvriers. Ils se couchent tôt parce qu'ils doivent se lever tôt.
Vous allez vous couchez et vous êtes réveillés de bonne heure par des cris et des hurlements de soldats autour de votre maison et ils crient vraiment fort.

On dirait des animaux et alors vos enfants se réveillent. Et vous savez que, en tant que père, vous ne pouvez pas protéger votre enfant, vous essayez de le réconforter mais vous savez que vous n'êtes même pas vous-même en sécurité.

Donc, que peut-on attendre d'un enfant qui grandit dans ces conditions et qui est réveillé chaque nuit par des invasions et des tirs et avec des soldats qui débarquent dans vos maisons.

Je ne suis contre personne. Je n'ai rien contre les Juifs ou les Chrétiens.

Mais j'aimerais poser une question aux sociétés occidentales….
Pourquoi, quand je vais prier à la Mosquée, je suis un terroriste ? Et quand un Juif ou un Chrétien va prier à la synagogue ou à l'église, ils sont appelés des croyants ?
Pourquoi si je me laisse pousser la barbe, on dit que je suis du Hamas mais certains d'entre vouss portent la barbe, vous appelez ça comment ?


Je respecte toutes les religions. Les Juifs ont la leur et moi j'ai la mienne. Ces trois religions : le Judaisme, la Chrétienté et l'Islam, elles ont le même Dieu.

Pourquoi l'armée vient-elle dans notre ville la nuit ?
Pourquoi les soldats viennent-ils dans nos maisons et la nuit ?

Je crois qu'en Israël, il existe des terrains découverts où ils peuvent effectuer leur entrainement.
Donc, pourquoi viennent-ils ici et pourquoi la nuit, s'ils ne viennent pas pour terroriser les gens et leur faire peur ?
Pourquoi ne le font-ils pas à l'intérieur d'Israël ou quelque part ailleurs mais pas en plein milieu d'une ville palestinienne ?

Nous sommes terrifiés par la peur que les soldats envahissent nos maisons dans notre ville – qu'ils puissent entrer dans nos maisons à tout moment.

Le nombre d'enfants traumatisés a récemment augmenté. Habituellement, ils se réveillent la nuit par des cauchemars, en particulier depuis les récents entrainements militaires.

De plus, le matin, les enfants préfèrent rester à la maison au lieu d'aller à l'école parce qu'ils ont peur de sortir et de se retrouver face aux soldats.

Vous pouvez imaginer que c'est pour les gosses mais pour les personnes âgées, comme moi, quand je veux aller à la mosquée pour prier, je préfère le faire à la maison. Ou pour aller travailler, je préfère rester ici parce que j'ai peur.

Imaginez ce que peuvent ressentir les personnes âgées, ce que peuvent ressentir ces petits enfants.

Pour un enfant palestinien, le soldat israélien est un cauchemar. Et si les Israéliens voulaient vraiment la paix, et il est clair qu'ils n'en veulent pas, ils feraient au moins attention à donner une bonne image d'Israël aux jeunes Palestiniens parce que nos enfants ne connaissent que ces soldats armés et dans leurs cauchemars. Donc, quand ils grandiront, c'est la seule image qu'ils auront des Israéliens en Israël.

Cet entrainement dure depuis près de trois mois. L'armée amène les soldats en hélicoptères sur le sommet de la colline. Et tôt le matin, vers 2 ou 3h, ils envahissent le village. Naturellement, l'armée ne nous prévient pas.
Ils font cela parce qu'ils veulent que l'effet psychologique soit le plus fort possible sur la population, pour que les Palestiniens soient étonnés par la présence de l'armée.

Nous avons essayé de contacter certaines organisations légales. Nous avons contacté des organisations de droits de l'homme à l'intérieur d'Israël, nous avons contacté les médias israéliens.

Il y a eu quelques articles sur ce qui se passe dans notre ville. Mais nos ressources ne sont pas nombreuses.
Et les Israéliens sont au-dessus des lois.
Ils ne respectent pas les lois avec leurs invasions. Et naturellement, s'ils respectaient les lois, ils ne viendraient pas ici.
Selon le droit international, leurs invasions sont pourtant illégales.

En réponse à la publication des articles au sujet de ce qui se passe à Beit Leed, un commandant de l'armée israélienne a déclaré : "L'armée israélienne a le droit d'aller en Cisjordanie et de s'entrainer dans les villes et villages palestiniens."


. . .

Donc, ayant cela à l'esprit, nous sommes sommes sortis la nuit dans Beit Leed, caméras à la main et vestes fluorescentes sur le dos, pour filmer cette infraction du droit international.

Il y avait du vent et l'air était humide. Puis la pluie est arrivée et les réverbères se sont éteints. Il n'y avait pas un Palestinien dans les rues, sauf deux guides et des habitants curieux qui nous ont interrogés sur la raison de notre présence et nous ont raconté leurs histoires personnelles

Peut-être que c'était parce que l'armée savait que nous étions là. Ou peut-être que c'était parce qu'il n'y avait plus d'électricité et qu'il faisait un temps de chien. Mais l'armée n'est pas venue. Nous sommes rentrés dans la maison où nous étions hébergés vers 4h30 du matin, fatigués mais prêts au cas où nous aurions entendu entrer dans le village ces jeeps payées par les Américains.

Nous avons découvert le lendemain qu'un petit régiment de l'armée israélienne avait envahi un village palestinien voisin situé près de la colonie israélienne illégale de Kedumim.

Peu importe, au moins Beit Leed a eu une meilleure nuit de sommeil pour un mercredi. Mais tout comme l'armée, nous reviendrons. Ils auront leur bouquin sur la pratique des jeux de guerre ou plutôt du terrorisme d'Etat. Nous aurons nos caméras et nos journaux.

Et pendant ce temps, vous dormirez tous confortablement.
Il n'y a pas d'occupation canadienne.
Pas de checkpoints avant d'arriver à votre travail à l'hôpital.
Pas de soldats de 18 ans qui fouilleront votre serviette avant d'arriver dans votre classe où vous enseignez la sociologie.
Pas de murs d'Apartheid qui vous sépare de votre café-restaurant préféré de l'autre côté de la rue.

Source : http://www.palsolidarity.org/main/

Traduction : MG pour ISM

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