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Gaza - 12 février 2008
Par Omar
Article initialement paru sur Al Jazeera : english.aljazeera.net/NR/exeres/12A80BFF-5A57-4180-A0A4-DB285D29D9D3.htm
Une autre nuit claire et étoilé à Gaza, et froide… comme chaque année à cette époque. Je frissonnais lorsque je me suis réveillé ce matin. Hier, ma famille et moi avons passé la soirée dans le noir et sans chauffage, à cause d'une nouvelle coupure électrique.
En allant travailler, je me suis rendu compte qu'il n'y avait presque personne dans les rues. Il fait un froid de loup et le vent rougit les mains et les visages. La plupart des gens restent chez eux, pour se réchauffer avec le peu qu'ils ont.
Vous voyez, c'est maintenant encore plus difficile de trouver des couvertures au marché parce que le gouvernement israélien autorise l'entrée et la sortie de Gaza de très peu de produits.
Pour être honnête, même s'ils trouvent des couvertures, la plupart des gens ne peuvent plus se permettre de les acheter. Au cause de ce blocus, tellement de gens ont perdu leurs salaires et les prix de presque tout ont augmenté, même des produits de base comme le pain. Hier, j'en ai acheté un pour 7 shekels (1€30) ; aujourd'hui, il est à 8 (1€50).
L'école reprend la semaine prochaine, mes enfants sont donc à la maison. Ca n'a pas vraiment été des vacances pour elles. Elles m'ont supplié ce matin de les laisser sortir jouer, mais il fait trop froid. Je n'ai pas envie de risquer qu'elles attrapent mal, alors j'ai dû leur dire non. Très peu de médicaments entrent en ce moment, alors si elles tombent malades, nous ne pourrons pas faire grand-chose pour elles.
Je vis dans le même immeuble que mon frère et souvent, après souper, je descends le voir, lui et sa famille.
Ce soir, lorsque j'ai frappé à sa porte, j'ai entendu qu'il avait des visites ; des voix que je ne reconnaissais pas bien.
A ma grande surprise, lorsqu'il a ouvert la porte, j'ai vu mon oncle et sa fille – ma cousine – qui venaient du Qatar. Quel choc ce fut, je ne les avais pas vus depuis 15 ans.
La frontière entre Gaza et l'Egypte, à Rafah, a été forcée par les habitants désespérés de Gaza pour aller acheter les produits essentiels dont le blocus les a privés.
Ainsi, après toutes ces années, ma famille a pu passer pour venir nous voir.
J'ai passé une demi-heure avec eux, avant qu'ils n'aillent voir d'autres membres de la famille et des amis, disant "au revoir" juste après avoir dit "bonjour", par crainte de ne pas repartir assez vite et d'être coincés à Gaza et emprisonnés ici avec le reste d'entre nous.
Choix cruels
Le choix cruel auquel ils étaient confrontés m'a ramené presque sept années en arrière, lorsque ma femme était sur le point d'accoucher de nos jumelles.
A l'époque, je faisais mes études aux Pays Bas. Je ne souhaite à aucun père d'être mis devant le choix que j'ai eu alors à faire : est-ce que je rentre pour être auprès de ma femme lorsqu'elle mettra nos deux enfants au monde et pour voir mes enfants ouvrir leurs yeux pour la première fois ?
Ou bien est-ce que je reste aux Pays-Bas pour continuer mes études et éviter d'être dans l'impossibilité de quitter Gaza pour continuer mes études ?
J'ai choisi de rester ; en poursuivant mes études, je garantissais à mes enfants un futur meilleur. Un choix déchirant qui signifiait que mes enfants ne me verraient pas pendant les neuf premiers mois de leurs vies. Un temps précieux perdu mais j'ai maintenant, pour ma famille, un salaire assuré et un emploi permanent. Quelque chose que beaucoup de pères de Gaza sont impatients d'avoir.
Des choix aussi cruels font partie de la cruelle réalité de la vie sous occupation.
Demain, mes deux filles fêteront leur septième anniversaire. Comme la plupart des enfants dans cette partie du monde, leur projet de fête, ce sont des gâteaux, des bonbons et des cadeaux. Cela me brise le cœur de les entendre dire : "Papa, tu iras au magasin, demain, pour acheter de quoi faire les gâteaux de notre anniversaire ?"
Bien que cela me dérange, j'ai dû leur dire la vérité – à savoir que peut-être je ne pourrais pas les avoir. Cela dépend des stocks de farine et de sucre disponibles, et si le chocolat est autorisé à entrer à Gaza ...
... Si les magasins n'ont pas dû fermer à cause du manque d'électricité ou de choses à vendre. En fait, ces jours-ci, quoiqu'elles demandent, je n'ai jamais la bonne réponse, et je réponds toujours "si, si, si".
Si seulement le blocus pouvait finir.
Source : Uruknet
Traduction : MR pour ISM
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