Tulkarem - 28 août 2004

L’histoire de Rahim

Par ISM

Pendant tout ce temps, Riham avait les mains et les pieds attachés à son lit d'hôpital.
Riham était accusée d’avoir tenté d’attaquer un soldat au checkpoint. Riham était seule, elle marchait, elle avait seulement 15 ans, et il y a toujours beaucoup de soldats au checkpoint.
En haussant les épaules, elle nous a demandé : « Est-ce je ressemble à quelqu'un qui voudrait ou pourrait faire ce type de chose??

Fawzieh et Nada de l’Union Générale des Femmes Palestiniennes et le bureau de l’ISM a Tulkarem ont emmené les membres de l’ISM rendre visite aux familles de prisonniers qui vivent dans le camp de réfugiés de Tulkarem..


Nous avons rencontré Riham Sheikh Moussa, une jeune fille de 16 ans qui a été emprisonnée à l’age de 15 ans et a passé 1 an en prison. Elle est belle et chaleureuse, souriante et pleine de sagesse et elle nous a raconté son histoire.

Riham a quitté Tulkarem en soirée pour rendre visite à sa famille à Taybeh, un village palestinien juste de l’autre côté de la frontière en Israël.

Alors qu’elle s’approchait à pied et seule du checkpoint, elle a reçu une balle dans la poitrine et une autre dans la jambe tirées par un sniper israélien de sa tour de surveillance.

Elle a été sérieusement blessée mais les soldats n’ont pas laissé approcher l’ambulance avant qu’ils aient terminé de fouiller la zone.

Ensuite Riham a été emmenée dans un hôpital en Israël où elle est restée inconsciente pendant deux semaines. Elle avait de sérieuses blessures au colon, à l’estomac et aux reins, et a dû subir de graves opérations.

Pendant tout ce temps, Riham avait les mains et les pieds attachés à son lit d'hôpital.
Riham était accusée d’avoir tenté d’attaquer un soldat au checkpoint. Riham était seule, elle marchait, elle avait seulement 15 ans, et il y a toujours beaucoup de soldats au checkpoint.
En haussant les épaules, elle nous a demandé : « Est-ce je ressemble à quelqu'un qui voudrait ou pourrait faire ce type de chose??

Lorsque Riham était à l'hôpital l’organisation israélienne «Docteurs pour les Droits de l'Homme » a refusé de la soigner tout pendant qu'elle serait enchainée. Ils ont appelé pour faire pression sur Israël afin que soient enlevées les chaines de Riham.
Riham a également eu comme soutien juridique : Defense for Children International.

En dépit de toutes les tentatives pour les faire enlever, les chaines n'ont pas été retirées et la famille n’a pas eu l’autorisation de lui rendre visite. Plus tard et après beaucoup d'efforts, la mère de Riham a obtenu le droit de venir la voir à l'hôpital.

Tous les deux, elle et Riham, n’ont pas eu le droit de se parler, elles ont seulement pu se regarder mutuellement à travers la pièce. Les couvertures étaient sur Riham de sorte que personne ne pouvait voir qu'elle était enchainée. Après cette visite, la mère de Riham est devenue très malade.


Le gouvernement israélien a effectué une première audition de Riham à l'hôpital peu de temps après que Riham ait repris conscience. Bien que Riham ait bénéficié de la présence d’un avocat, elle n’a pas eu l’autorisation de parler à l'audition.

Quand Riham a récupéré de ses opérations, elle a été emmenée en prison. Elle a été placée dans une cellule d’1 M sur 1,5 M. Elle ne pourrait pas s’alonger complètement, en particulier avec ses blessures à l'estomac. Cela veut dire qu’elle ne pouvait que très peu se reposer ou dormir. Riham a été confiné de cette manière pendant trois semaines et son état s’est détérioré jusqu'à ce qu'elle soit ramenée à l'hôpital.

Plus tard, Riham a été placée dans une cellule de 2 m sur 3 m qu’elle partageait avec 8 autres femmes.

Riham a subi des interrogatoires pendant un certain temps. Elle dit qu’elle a été menacée et intimidée pour qu’elle signe des déclarations de confession.

Riham a également décrit comment en tant que jeune femme elle a été mise dans une position très difficile. Elle n’a pas été plus explicite, mais mon interprétation est qu'elle a été menacée d’abus sexuel.

Riham a indiqué que les enquêteurs ne lui ont rien fait parce qu'elle a signé un confession avant que toutes les menaces soient mises à exécution.

En conséquence, elle a été condamnée à un an et demi de prison. Riham a décrit les conditions de la prison: Aucunes visites, pas assez de nourriture, des repas à pein mangeables. Elle nous a dit que la nourriture était préparée par les prisonnières israéliennes qui étaient, la plupart du temps, condamnés pour drogue et détenus dans la même prison.
Les Palestiniens ne font pas confiance à la nourriture préparée par les prisonnières israéliennes.
Riham a indiqué qu'elles y trouvaient des cheveux et d'autres ont ajouté y avoir trouvé des insectes et des animaux et des choses bien pires. Il y avait également des périodes sans eau pour se doucher.

Après un an de prison, Riham a été libérée. Elle croit qu'elle n'a pas eu à faire toute sa peine parce qu'elle avait besoin d'une autre opération et d'autres traitements médicaux. Si elle était toujours incarcerée par le gouvernement israélien, ils auraient dû payer. Riham pense qu'elle devrait aller à l'étranger pour le traitement dont elle a besoin, mais son dossier médical n'a été fourni par les autorités israéliennes, ainsi personne ne sait exactement quelles opérations elle a subies et quel est exactement son état.

Riham est une personne très intelligente, mûre et forte. A l’école, elle est une bonne élève et travaille très dur. Elle nous a dit qu'elle voudrait être journaliste pour pouvoir, à l'avenir, raconter des histoires comme les siennes. Elle nous a également dit que c'est sa philosophie de prendre les choses avec le sourire et de mettre son passé derrière elle. C'est quelque chose que bon nombre d'entre nous pensent, mais à ce moment-là avec Riham il était difficile de comprendre un déclaration si authentique.

Deux semaines après que Riham ait été libérée de prison, sa soeur âgée de 19 ans, qui est un étudiante à l’université, a été arrêtée. Elle n’a pas été libérée. Sa famille ne l'a pas vu depuis 1 an et ils ne savent pas de quoi elle est accusée. On a dit à son avocat qu’il s’agissait d’une question de très haute sécurité qui ne pouvaitt pas être divulguée.

Encore une fois Riham a souri quand elle nous a dit que qu'elle pensait que sa soeur allait certainement participer à la grève de la faim actuelle des prisonniers.

Source : www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM-France