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Gaza - 30 mars 2008
Par Motasem Dalloul
Alors que la majorité des médias sont focalisés, à juste titre, sur le manque d'électricité, de nourriture et de médicaments, les fermiers de Gaza et leur commerce moribond continuent à être les victimes silencieuses de l'interminable siège israélien.
Les fermiers obligés de détruire leurs récoltes au point frontalier Gaza-Israël
"Je ne peux exporter qu'une petite quantité de ma récolte de pommes de terre, que j'ai fait pousser avec tous les soins nécessaires pour être sûr qu'elles aient le niveau élevé de qualité nécessaire pour l'exportation", dit à IslamOnline.net Nafeth abu-Shiekh, fermier de 47 ans, près de frontière orientale de Gaza.
"Ils ont promis de résoudre le problème du siège mais malheureusement, il ne s'est rien passé et je suis quelquefois obligé de détruire mes légumes de mes propres mains", ajoute-t-il avec amertume et désespoir.
"Je ne récupèrerai même pas les dépenses des graines, des pesticides et des engrais, pas plus que le salaire minimum des ouvriers", dit Nafeth.
Israël a fermé les sorties de la Bande de Gaza du reste du monde depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire en juin dernier, après avoir défait son rival Fatah.
Il a complètement bouclé la région côtière depuis janvier.
"Les choses empirent à Gaza, cette fois", dit l'agronome Younis Zaytoonya, directeur au Ministère de l'Agriculture.
"Il semble qu'il n'y ait rien à faire avec les produits agricoles, à part les détruire", regrette-t-il.
"Les pommes de terre rapportaient de l'argent, avec plus de 7.000 tonnes exportées et des centaines de tonnes stockées pour la vente pendant le reste de l'année, mais aujourd'hui, c'est une culture désastreuse à cause de ses énormes pertes."
Le docteur Mohammed al-Agha, Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement de Gaza, évalue les pertes quotidiennes du secteur à plus de 150.000 $, résultat du siège israélien.
"Si rien ne change, ce chiffre dépassera les 125 millions de $ à la fin de cette année."
Il souligne que ceci aggrave la situation des Gazans, dont la majorité vit déjà sous le seuil de pauvreté depuis des années.
L'année agraire est constituée de 3 saisons pour les fermiers de Gaza.
"Le revenu saisonnier pour les 45.000 producteurs de légumes à Gaza est de 90 millions de $ par saison", explique al-Agha.
"Tout est perdu. Et c'est pareil pour les 15.000 producteurs de fruits."
Agriculture à l'ancienne
Ramadan Salah, qui a deux épouses et 9 enfants, ne s'en sort pas mieux.
"Je vais à la ferme tous les jours, je regarde ma terre mais je ne peux rien faire", dit-il.
"Je ne plante que quelques légumes, pour la consommation de la maison, et quelques-uns en plus que j'espère vendre pour avoir un peu d'argent pour mes enfants", ajoute-t-il.
Jamal al-Khodari, le président du Comité Populaire contre le Siège, dit que le siège israélien a également obligé beaucoup de fermiers à planter à l'ancienne.
"Les Israéliens n'autorisent aucun matériau productif pour l'agriculture ou l'industrie, dont les graines modifiées, les pesticides ou les engrais chimiques utilisés dans l'agriculture".
"Les prix élevés et la pénurie de fuel affectent les fermiers qui ne peuvent pas se servir de leurs tracteurs pour cultiver leurs terres."
Ceci a obligé la plupart des fermiers à revenir aux méthodes traditionnelles de culture.
"En plus des retours sans profit, les vieilles méthodes d'agriculture épuisent les fermiers et ne produisent pas des produits de haut standard", dit Zaytoonya, l'agronome.
Pas d'avenir
Même si le siège était levé dans un avenir proche, ce qui reste peu vraisemblable, les souffrances des fermiers de Gaza ne se termineraient pas.
"Les graines modifiées, les pesticides et les engrais manquent et je ne suis pas sûr d'en trouver pour la prochaine saison", dit abu-Shiekh.
"Alors, après avoir licencié les six ouvriers qui m'aidaient à la ferme, je ne plante plus que pour la consommation familiale."
Tawfeeq Salama, fermier de 41 ans de Beit Laheya, n'envisage pas de planter pour la prochaine saison, à cause des pertes de la saison en cours.
"C'est clair que quoi que nous plantions, nous perdrons de l'argent."
Il dit qu'ils n'ont planté, cette saison, qu'après les promesses israéliennes de faciliter les exportations et les importations de fruits et de légumes.
Salama regrette d'avoir cru les Israéliens et d'avoir planté ses fraises favorites.
"Je n'ai pu exporter qu'une petite partie de ma récolte et j'en ai vendu un peu sur les marchés locaux, avant de détruire le reste. J'ai payé 9.000 $ pour 9 dunums de fraises, mais je n'ai eu que 3.000 $. Je ne pourrai donc rien planter, même si le siège était levé rapidement, à cause de tout l'argent que j'ai perdu."
Source : IslamOnline
Traduction : MR pour ISM
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