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Vallée du Jourdain -

La Vallée du Jourdain - Une occupation sans limites

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Ce n'est un secret pour personne que la mal nommée Administration civile de l'armée israélienne, qui traite les affaires en Cisjordanie, est lancée dans une offensive pour s'emparer de la stratégique Vallée du Jourdain. Depuis des années, l'armée a implanté des colons et de vastes palmeraies dans la vallée tandis que les fermiers et les bergers palestiniens se sont vus expropriés de leur terre, privés d'eau, chassés vers Jéricho ou d'autres villes. L'objectif israélien à long terme est bien sûr d'effacer les Palestiniens de la Vallée du Jourdain, source essentielle d'eau en Cisjordanie et zone agricole riche.

La Vallée du Jourdain - Une occupation sans limites

Destruction d'un puits à Al Nasaryah, le 12 juillet 2011
Israël affirme que la possession de la Vallée, ou du moins la bande de territoire qui court le long du de la rive frontalière du Jourdain avec le Royaume hachémite de Jordanie, est une nécessité stratégique et qu'il ne peut pas permettre aux Palestiniens d'être responsable de ce secteur ni d'avoir une frontière commune avec la Jordanie.

Lorsque Israël justifie ses exigences par des "raisons de sécurité", aucune des puissances occidentales n'ose s'y opposer. A leur avis, Israël doit décider de ses exigences sécuritaires. Ce qui permet bien sûr à Israël de dicter ses conditions aux Palestiniens, à la région et à la communauté internationale.

La dernière tactique de la stratégie israélienne pour s'emparer de la Vallée du Jourdain est de transformer la terre appartenant aux Palestiniens en terre d'Etat, puis de se l'approprier. L'objectif est d'acquérir le plus de terre de la Vallée du Jourdain possible puis d'insister sur l'annexion du secteur si et quand des négociations s'attaquent au sort des colonies. Israël argue que puisque pratiquement toute la terre de la Vallée du Jourdain lui appartient et que des milliers de colons y vivent, la Vallée doit être traitée comme les blocs de colonies construites le long de la vieille "Ligne verte" qui divisait jadis la Cisjordanie d'Israël avant son occupation de 1967.

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Serres de la colonie illégale de Ro'i, dans la Vallée du Jourdain


Cette tactique de privatisation-étatisation de terre a été révélée par le quotidien libéral israélien, Ha'aretz, dans sa dernière édition de vendredi 22 juillet. En plus de la Vallée du Jourdain, Israël est déterminé à garder le nord de la Mer Morte et la colonie Ariel, qui pénètre profondément la Cisjordanie . L'inclusion d'Ariel, écrit le Ha'aretz, "empêcherait l'établissement d'un Etat palestinien avec une continuité territoriale." C'est sous-estimer l'importance de l'effort : Israël ne veut voir la création de quelque Etat palestinien que ce soit. Israël n'a jamais été favorable à un Etat palestinien et fera tout pour empêcher son émergence.

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L'usine d'emballage Agrexco-Carmel, près de Kalia, dans la Vallée du Jourdain


Le mois dernier, j'ai visité la Vallée du Jourdain pour voir ce qui se passait sur le terrain. Muhammad Njoum, chef du bureau de Jéricho du Syndicat palestinien des comités agricoles (UAWC) a déclaré à Gulf Today que jusqu'en 2000, les Palestiniens cultivent 4.000-5.000 ha de terres dans la Vallée du Jourdain. Aujourd'hui, le chiffre est tombé à 350 ha.

Il déclare, "Les sources ont tari, les précipitations ont baissé de 15% et les cultures israéliennes prennent l'essentiel de l'eau de source. La rivière Al-Auja (jadis principale source d'eau pour l'irrigation) est asséchée elle aussi. C'est un signe de ce qui va arriver dans un futur proche, un assèchement des terres, un assèchement des précipitations et une sècheresse hydrologique. L'aquifère ne se recharge plus."

Parce que les Israéliens s'approprient l'essentiel de l'eau, les Palestiniens sont maintenant confrontés à la sécheresse mais, en fin de compte, les Israéliens eux aussi n'auront plus d'eau pour leurs palmeraies et leurs cultures sous serre. Les Palestiniens sont menacés d'expulsion, observe Njoum. "Israël a délivré des ordres de démolition pour chaque maison et chaque abri," dans le secteur sous son contrôle. "Les démolitions ne sont pas [nécessairement] liées aux ordres de démolition mais elles ont lieu dans les lieux d'importance politique."

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Les cultures côté colons


Il réfute catégoriquement les affirmations israéliennes que la Vallée est essentielle pour la sécurité. "Ils veulent que la Vallée du Jourdain fasse partie d'Israël et qu'elle soit le secteur principal [de l'économie israélienne] avec une population majoritairement israélienne et une majorité de propriétaires terriens israéliens."

Israël n'a pas loin à aller en ce qui concerne la Vallée du Jourdain. Plus de 88% de la Vallée a été classé en Zone C par les défunts Accords d'Oslo. La plus grande partie de la terre est déjà terre d'Etat, qu'Israël s'approprie, tandis que la terre privée est saisie sous un prétexte ou un autre.

Njoum suggère que je rende visite aux Palestiniens dont les maisons ont été démolies dans le rush israélien pour la possession exclusive de la Vallée. Juste au nord d'Al-Auja, se trouve le campement de Farisiya, sur une étendue de terre aride parsemée de roches, de gravats et de détritus. Le 14 juin, les bulldozers israéliens sont arrivés à Farisiya et ont écrasé les abris de 18 familles. Depuis, quelques cabanes ont été montées pour les personnes et les poulets au moyen de ferraille et du matériau noir dont se servent les Israéliens pour couvrir les serres où les plants ont besoin d'obscurité pour pousser.

Le chef de la communauté, Issa Ghazzal, me dit, "Nous sommes des villageois et des bédouins chassés de la région de Bethléem par les colonies israéliennes et le mur." Plusieurs familles ont des brebis et des chèvres ; quelques hommes travaillent dans les colonies israéliennes. 22 familles qui n'ont pas été les cibles de la dernière démolition vivent dans des cabanes délabrées faites de plastique, de toile et de tissu. Une ou deux ont une antenne parabolique. Ils ont de l'électricité mais pour l'eau, ils dépendent des camions-citernes. Ces abris ont été démolis il y a quelques années.

A Jifliq, je suis allé voir un grand campement démoli le 24 décembre 2010 et reconstruit par les 200 personnes, toutes du même clan, qui y vivent et élèvent quelques 3.500 brebis et chèvres. Bien que les abris semblent plus solides que ceux de Farisiya, ce ne sont pas des structures en ciment mais des cadres métalliques couverts de divers types de matériel et d'un toit de tôle recouvert de paille pour dévier les rayons et la chaleur du soleil estival.

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Berger de la communauté Samara, dans la Vallée du Jourdain


Adnan Da'is, porte-parole de la communauté, dit, "Les Israéliens sont arrivés sans prévenir et ont détruit au bulldozer les enclos sur les brebis et les chèvres. 30 sont mortes... Nous avons de l'eau grâce aux camions-citernes. Nous avons un puits mais les Israéliens l'ont bloqué." Il me montre un amas de tuyaux tordus, de rondins, de plastique et de troncs de palmier.

Près du campement se dresse une longue rangée de serres israéliennes bien irriguées et, de l'autre côté de la route, une colonie israélienne bien abritée sous de grands arbres, derrière un mur.

Fariziya est une terre d'Etat, mais le clan Da'is habite sur une terre palestinienne privée louée à son propriétaire. Les deux reçoivent le même traitement. La semaine passée, l'Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a publié un rapport sur les démolitions en Cisjordanie . Il indique qu'il y a eu davantage de démolitions pendant la première moitié de 2011 qu'en 2009 et 2010 réunis.

OCHA rapporte que 342 structures appartenant à des Palestiniens ont été démolies pendant les 6 premiers mois de cette année, faisant de 656 personnes des sans-abris, dont 351 enfants (OCHA ne mentionne pas le nombre de bêtes privées d'abris). C'est presque 5 fois le chiffre pour la même période, l'an dernier. 3.000 autres ordres de démolitions sont en cours, y compris pour 18 écoles. Plus de 60% de la Cisjordanie est considéré comme Zone C, d'où Israël était censé se retirer, selon les Accords d'Oslo. Ce qu'il n'a jamais eu la moindre intention de faire.


Photos d'un reportage sur les démolitions de fin juin, Washington Post.

Pour toute information et contacts, le site Jordan Valley Solidarity.

Source : The Gulf Today

Traduction : MR pour ISM

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