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Palestine occupée - 5 juillet 2019
Par Fadwa Nassar
4.7.2019 - Jaafar Izzidine mène la grève de la faim depuis le 16 juin dernier, refusant la détention administrative dont il est victime. Comme des centaines de prisonniers détenus administratifs, Jaafar Izzidine a été arrêté puis emprisonné, parce qu'il est Palestinien et qu'il refuse l'occupation de son pays.
Umm Hamza, son épouse, solidaire de Jaafar Izzidine dans sa grève de la faim
La détention administrative est la pire des formes de détention qui vise les Palestiniens, car elle n'est basée sur aucune logique, elle est juste arbitraire et dépend des services de renseignements de l'occupant, dont le dossier est souvent vide, hormis des soupçons que ces derniers peuvent avoir, avant d'ordonner l'arrestation. Mais le pire dans cette forme de détention, c'est que le prisonnier ne peut jamais savoir quand il sera libéré, car là aussi, c'est l'arbitraire total.
Les services de renseignements remettent un dossier « secret » au juge sioniste qui prononce souvent, quelques heures avant sa libération prévue, la prolongation de sa détention pour 4 ou 6 mois en général, et cette prolongation peut être prononcée plusieurs fois de suite, comme l'a fait remarquer un centre palestinien de soutien aux prisonniers en 2018 : 71 prisonniers ont été victimes de deux prolongations successives, 172 prisonniers ont subi 3 prolongations successives, 66 prisonniers ont subi 4 prolongations successives, et 25 prisonniers ont subi 5 prolongations successives, ce qui signifie, dans les faits, que le prisonnier palestinien, sous le régime de la détention administrative, peut passer 3 ou 4 années en prison, sans avoir été jugé pour ce que l'ennemi sioniste considère comme un crime, soit pour un acte de résistance. Le prisonnier placé en détention administrative vit dans l'arbitraire le plus total, depuis son arrestation et tout au long de sa détention.
C'est ce qui rapproche ce régime de détention de la torture psychique et morale, torture du prisonnier lui-même et torture de sa famille et de ses proches, qui doivent reporter à chaque fois leur accueil de leur fils/fille, sans aucune possibilité de recours contre cet arbitraire dont jouit l'occupant. Des étudiants ont dû arrêter leurs études, et des employés leur emploi, du fait de cette forme de détention qui a visé des dizaines de milliers de Palestiniens, notamment en Cisjordanie occupée au cours de la dernière décennie, qui est le champ ouvert aux invasions sionistes.
Mais le calvaire des prisonniers détenus administratifs ne s'arrête pas avec leur libération. La menace d'une arrestation et détention demeure, tant que dure l'occupation. Des milliers de Palestiniens ont été à nouveau arrêtés et placés en détention administrative, et quelques fois, quelques jours après leur libération.
L'enseignant Jaafar Izzidine a été plusieurs fois victime de cette forme de détention. Issu d'une famille de militants et combattants palestiniens, dans le bourg de Arraba, dans la province de Jénine, Jaafar Izzidine (48 ans), marié et père de famille, est membre du mouvement du Jihad islamique en Palestine. Il avait été libéré précédemment (avril 2016) d'une détention administrative qui avait duré 20 mois. Alors qu'il était en détention en 2012, il avait participé, avec le prisonnier Tareq Qaadan, à la lutte des prisonniers détenus administratifs pour soutenir la lutte de Khodr Adnane et réclamer l'abolition de cette forme de torture qu'est la détention administrative. Il avait été isolé, empêché de recevoir des visites et d'énormes pressions avaient été exercées contre lui pour qu'il mette fin à sa grève de la faim, mais il a poursuivi jusqu'au bout, arrachant sa liberté comme ses frères et soeurs qui avaient lutté comme lui.
Lorsqu'il avait été arrêté en janvier 2019, le tribunal de l'occupation a refusé de le déclarer « détenu administratif » pour l'empêcher de se mettre en grève. Il a alors inventé le chef d'accusation « appartenance au mouvement du Jihad islamique » pour le condamner à 5 mois et demi de détention. Mais le 16 juin, au lieu d'être libéré, il a été transféré à la détention administrative.
C'est une méthode fréquemment utilisée par les sionistes, pour empêcher la lutte des prisonniers. C'est la même tactique utilisée contre Khodr Adnane, son compagnon de lutte, consistant à prononcer un chef d'accusation, même si le dossier est vide. Le prisonnier préfère souvent cette « solution » qui fixe la fin de la détention. Mais les sionistes, si fourbes, transfèrent immédiatement le prisonnier, qui vient d'achever sa peine, à la détention administrative, à l'arbitraire, à une détention dont la fin ne peut être obtenue que par la grève de la faim.
Dans un message qu'il a réussi à faire parvenir à « Muhjat al-Quds », association qui s'occupe des prisonniers et martyrs, basée dans la bande de Gaza, Jaafar Izzidine se plaint des pressions permanentes venant de partout, les renseignements et les médecins sionistes, mais aussi « des gens que je ne connais pas qui viennent me donner des conseils médicaux, psychologiques et religieux, alors qu'ils ne savent pas de quoi il s'agit et quel est l'enjeu. Ce sont des paroles que j'ai maintes fois entendues, et qui n'ont plus de sens ».
Le prisonnier Jaafar Izzidine souffre de divers maux. Sa famille explique qu'il était déjà affaibli par les nombreuses grèves de la faim qu'il avait menées auparavant et que sa vie est en danger, mais il poursuit, avec un moral élevé, comme il l'écrit lui-même, car il réclame sa liberté. Refusant les auscultations médicales, il ne prend que de l'eau, depuis le début de son mouvement. Un tribunal interne à la prison Meggido a décidé de l'isoler et de l'empêcher de recevoir les visites d'un avocat et de sa famille.
Jaafar Izzidine lutte contre la détention administrative, et à ses côtés, onze prisonniers ayant le même statut ont entamé la grève de la faim. Le FPLP a lui aussi décidé de lancer un mouvement progressif de lutte contre cette forme de torture exercée par l'occupant colonial sioniste.
Les prisonniers en détention administrative réclament la solidarité arabe, musulmane et internationale pour faire plier l'occupant.
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Fadwa Nassar
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