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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

Le choc de la réalité

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Alors que Bush arrive en Israël, je me souviens du moment où le fossé entre le langage officiel du «processus de paix» et la réalité sur le terrain m'avait frappé.
C’était en été 2004, et le matin avant de partir de chez moi, j'avais regardé le secrétaire d'Etat de l’époque, Colin Powell, faire le tapage habituel au sujet d'Israël, des Palestiniens et du rétablissement de la paix.

Le choc de la réalité


Photo AFP/Musa Al-Shaer : La colonie de Har Homa dans le sud de Jérusalem. Les négociateurs israéliens et palestiniens se sont rencontré pour la première fois depuis la relance du processus de paix, les pourparlers ont été éclipsés par l'expansion des colonies israéliennes de Gaza et de la violence

Puis, je m’étais rendu à mon travail en passant par le checkpoint de Bethléem tandis qu’à ma gauche, la colonie de Har Homa grossissait de plus en plus de façon incontrôlée.

De plus en plus jusqu’en Mai 2008. Har Homa est encore plus grosse, et la disparité entre les paroles et l'approche du processus de paix et de la situation dans les territoires occupés par la communauté internationale est encore plus nette.

Bush est en Israël cette semaine dans le cadre plus large d'une tournée au Moyen-Orient, et il participera ici à la conférence de demain de Shimon Peres qui fait partie des célébrations du 60ème anniversaire d'Israël.

Superficiellement, au moins, il y a eu des contradictions frappantes dans l’approche de la présidence Bush du sujet Palestine-Israël. D'une part, il a été l'un des présidents de l’histoire les plus pro-israéliens, et le premier à approuver publiquement les blocs de colonies illégales. D'autre part, il est aussi le premier président américain à demander un Etat palestinien

Ce qui paraît être des positions radicalement différentes positions devient plus facile à comprendre si l'on décode le langage du processus de paix au cours des dernières années. Il est devenu normal de soutenir verbalement l'idée d'un État palestinien, que ce soit d’Ariel Sharon et Ehud Olmert, à Condoleezza Rice, et Tony Blair. Tout dépend, bien sûr, de ce que cela signifie réellement.

En outre, l'approche de la paix de l'administration Bush, qui a été typique du Quartet en général, a été de voir le conflit presque exclusivement d’une perspective israélienne, tout en donnant un feu vert aux souffrances humanitaires ou économiques des Palestiniens. Un bon exemple, ce sont les fameux checkpoints.

Au cours des derniers mois, la couverture médiatique du processus de paix a été parsemée de références aux checkpoints, avec des gens comme Condoleezza Rice qui en ont fait l’une des principales questions lors de ses rencontres avec les responsables israéliens.

Tout d'abord, il est important de noter que la fragmentation de la Cisjordanie par les checkpoints, les bouclages et les systèmes de laissez-passer s'est en fait aggravée depuis Annapolis, tandis qu'Israël fait mine d’enlever les checkpoints pour des besoins de relations publiques.

Deuxièmement, le langage utilisé pour parler des checkpoints est souvent favorable au prétexte de la sécurité israélienne.

C'est comme si l’ensemble du sujet était une mesure de sécurité consommatrice de temps ennuyante de l’aéroport et non d'une composante de la matrice de contrôle israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

De plus, c’est un système spécifiquement conçu pour coloniser la terre et faire respecter une séparation entre les Israéliens et les colons et les Palestiniens.

Même Ha'aretz a décrit en janvier un rapport de l'ONU en notant que:

"… La quasi-totalité des obstacles qui créent le régime de restriction à la libre circulation sont situés le long d'un vaste réseau de routes réservées d'abord et avant tout aux habitants israéliens. C'est un résultat du fait que près de 40% de la Cisjordanie sont couverts de colonies, d’avant-postes, d'infrastructure militaire, de réserves naturelles et de zones fermées à l’ouest de la barrière."

Alors, les checkpoints ne sont qu’un moyen de dépouiller les Palestiniens de leur indépendance individuelle et collective, une humiliation et une subordination forcée qui ont une incidence sur l'accès à l'eau et l’endroit où l'on peut planter des arbres, aller au travail et prévoir un mariage.

Hier, j'ai rencontré Jad Isaac, le directeur général de l’Applied Research Institute of Jerusalem (ARIJ), une organisation qui, entre autres choses, documente sans relâche la colonisation israélienne dans les territoires occupés.
Il regarde la croissance des colonies voisines, et dans le cadre d’après-Annapolis, Israël continuer à consolider son emprise sur ses colonies (une estimation corroborée par d'autres organisations, comme la Paix Maintenant).

Une région de la Cisjordanie , vitale pour un éventuel Etat palestinien, c’est la Vallée du Jourdain. Cependant, aujourd'hui, la vallée est interdite aux Palestiniens non-résidents, et les villages font face à des difficultés dans la commercialisation des produits agricoles, même vers d'autres villes de Cisjordanie . Ce ne sont pas, comme le «mur de séparation», des mesures de sécurité temporaires».

En avril, un reportage a annoncé que le ministre des Affaires étrangères israélien, Tzipi Livni, avait présenté une carte aux Palestiniens, montrant que dans tout accord futur, Israël conserverait le contrôle des plus grands blocs de colonies de Cisjordanie ainsi que sur la Vallée du Jourdain et Jérusalem".

Peut-être que la clé pour comprendre l'approche de Bush tient dans une remarque qu'il a faite devant des journalistes israéliens cette semaine. Parlant du projet de l'État palestinien, Bush a noté que cet Etat "n'existera que si certaines conditions sont remplies". C’est encore aux Palestiniens de répondre à ces «conditions» : maîtriser les militants, reconnaître un Etat juif, apaiser et soulager les besoins de leurs occupants en matière de sécurité.

Même si une direction palestinienne est capable de faire des pieds et des mains pour y arriver, que peut-elle attendre en retour? Un Etat croupion, les miettes lancées de la table lorsqu’Israël aura annexé ses principales colonies et transformé en ghettos les grands centres de population palestinienne.

Malheureusement, dans ce qui pourrait bien être la dernière visite de Bush en Israël-Palestine au cours de son mandat, il ne se rendra même pas à Ramallah, sans parler des centaines de communautés palestiniennes dont l'existence même est menacée par une occupation de colonisation qui représente beaucoup plus que quelques checkpoints gênants.

Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM

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