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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Mahmoud était très fier de sa chevelure gominée.

Par

> badia.benj@wanadoo.fr

Depuis mon retour de Palestine je cherche à rendre compte de la situation des familles des enfants prisonniers politiques là bas.
Mais que pèseront mes mots face aux mensonges d'un Etat qui se définit comme l'unique démocratie du Moyen-Orient?
Comment dire la détresse de ces familles auxquelles sont arrachés un, deux, plusieurs enfants.
Enfants livrés aux tortures, aux mauvais traitements, à l’humiliation, à l’enfermement, sans motif et pour des durées indéterminées.

Séparer un enfant de manière si brutale de sa famille, de son univers scolaire pour l’exposer à l’injustice et lui démontrer par là même que les adultes, ses parents, sont incapables de le protéger. Assurément, ces méthodes ont était pensées pour anéantir tout un peuple.

Quand en ce premier lundi d’avril j’ai appris l’arrestation de Mahmoud Abou Draa l’espiègle, le gracieux cela m'a profondément choquée.

Comment peut-on jeter un enfant en prison ?

Cette immense douleur des enfants arrachés à leurs familles se comptera-t-elle un jour?

Sur quelle échelle et devant quel juge ?

Qu'a-t-il fait de mal ?

Il était allé se promener en dehors du camp avec un copain, après l’école.

Les soldats l'ont attrapé. Ils l'ont battu des heures durant. L'on peut s'interroger sur leur degré d'inhumanité.

Mahmoud est détenu au centre d'interrogatoire de Houarra.

Il a un frère déjà détenu, ce qui pèsera sur son devenir carcéral. Sa mère a déjà versé assez de sang et de larmes à cause de la folie d'Israël.

Un mari assassiné sous ses yeux.
Le fils aîné, un enfant de 16 ans déjà emprisonné.
Et maintenant on lui arrache son deuxième garçon, Mahmoud âgé de quatorze ans.

Quand je me suis présentée au check point pour rentrer à Naplouse, le gradé - appuyé par de jeunes soldats en treillis et armes en bandoulière qui ont le pouvoir de ne pas laisser passer et d'arrêter les Palestiniens qui empruntent cet axe Nord-Sud de la Cisjordanie - hurlait dans un arabe approximatif que les femmes pouvaient passer, mais que tous les Palestiniens de sexe masculin étaient retenus.

Durant de longues heures j'ai pu observer leur manière de traiter les gens et leur irritabilité à ces soldats couverts d'oreillettes sur la tête et des téléphones et talkies-walkies aux extrémités des bras. Le regard est instable, la parole criée, les ordres aboyés à la face de Palestiniens qui demeurent impassibles et silencieux, sans rien montrer de leur ressentiment à se voir ainsi humiliés.

Avec la jeune Fayrouz, que je venais à peine de connaitre, nous avons décidé de contourner cette machinerie à humilier et nous sommes entrées à Balata à travers la montagne. Le camp de réfugiés de Balata a été construit en 1953 sur 250 dunums, sans espace vert. Il compte aujourd'hui 40 000 réfugiés.

La maison de Fayrouz donne sur Market Street.

Tout vous rappelle l'enfant absent. Mhammed Abou Draa, le fils aîné de la famille arrêté le neuf août 2004.

Il est emprisonné à Meggido, cette prison sous tentes en texture inflammable dans laquelle il y a eu récemment un incendie et un prisonnier brûlé vif décédé.


Mhammed a été chargé de quatre chefs d'accusations :
possession d'armes, tentative d'homicide, préparation de bombes artisanales, échange de coups de feu avec les soldats de l'occupation.

À six reprises au moins, le jugement a été différé, et la peine encourue avoisine 10-15 ans.

Les visites sont interdites aux membres de sa famille.

Ce jeune lycéen n'avait aucune activité politique. Il fut blessé à la cuisse en décembre 2003 lors d'une opération de l'armée. Il jouait un peu le rôle du père de cette famille de sept enfants.

Le père a été tué par balles à l"abdomen et au coeur en 1994, à quelque mètres de sa maison.

Au cours de la soirée nous plaisantions avec Mahmoud, l'enfant fluet, gracile qui jouait qui au protecteur de ses frères ; il était maintenant l'aîné.

Mahmoud était très fier de sa chevelure qu'il coiffait avec force gel comme les jeunes garçons de son âge.

Aujourd’hui Mahmoud doit renoncer à son rêve de rejoindre la troupe de danse du petit théâtre maintes fois détruit par les soldats du Tsahal, qui vient d’être reconstruit.



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