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ISM France - Archives 2001-2021

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Bilin -

Reportage de Leila sur la manifestation de Bi’lin

Par

... plus tard, après que quatre Palestiniens aient été blessés par des balles en plastique et des bombes assourdissantes, je vois ces jeunes soldats israéliens qui semblaient avoir des visages normaux, frapper méchamment mon nouveau compagnon T, qui a juste 20 ans et qui était tellement choqué par ce qu’il venait de voir.
T protègeait un Palestinien qui saignait déjà des coups de matraques qu'il a reçus avant que T se soit jeté au milieu des soldats pour prendre les coups à sa place...

Je reviens à l’hotel pour voir le film de la manifestation d'hier à Bil'in, qui semble être une très bonne documentation de la violence des soldats envers les Palestiniens. J'espère que ça l’est, parce que la femme qui l'a filmé est expulsée pour cela. Mais elle a réussi à faire passer son enregistrement, et j'espère que cela lui apporte un peu de soulagement.

C’était tellement fou, vous savez ? Tout d'abord, cela ressemblait un peu à une manifestation de rue.
Les gens marchaient sur leur terre. Puis les soldats, qui se tenaient à une certaine distance, sont descendus pour leur dire qu’ils ne pouvaient pas rester là. Donc, certains sont restés mais d’autres sont partis un peu plus loin. Alors, les soldats sont allés leur dire QU’ILS ne pouvaient pas rester LÀ.

Cela ressemblait beaucoup au scénario énervant que vous avez avec la police et les protestataires en Grande-Bretagne où un groupe trace une ligne imaginaire qu'il ne veut pas que l'autre groupe dépasse, alors le groupe essaye de le traverser, ainsi la ligne imaginaire se déplace, etc... Sauf que cela se passait sur des collines pentues et dans une vallée profonde au terrain difficile et rocheux avec des arbres.

Mais tout à coup, ce n’était plus familier parce qu'un soldat a tiré une boîte métallique de gaz lacrymogène et l’a jeté sur - BANG - fumée.

Les shebab (des adolescents et des jeunes hommes) et les enfants se sont éparpillés en criant - ils répondent à tout d'une façon assez puérile.
Nous et les adultes tentions de rester sur place, ou de nous déplacer calmement si nous le devions.

Mais il y a plus de bangs – des grenades assourdissantes sont maintenant mélangés au gaz - et encore plus de fumée, et les gens crient parce que vous devez faire savoir à ceux autour de vous quand les soldats visent, quand quelque chose vient dans votre direction, quand quelqu'un est blessé et qu’il a besoin d’aide. Et si vous ne voyez pas le tir de ces boîtes métalliques alors vous ne les voyez pas avant qu’elles tombent près de vous ou vous frappent, à moins que quelqu'un crie.

Et d'abord vous pensez que tout va bien parce que vous pouvez voir la fumée, et qu’elle se dégage bien sur le flanc de la colline. Mais alors vous réalisez réellement que la fumée blanche n’en est qu’une partie, le gaz qui vous affecte est invisible, vous ne le savez que lorsqu’il vous atteint.

J'ai seulement eu un goût de brûlé, mais d'autres sont tombés à terre pour essayer de reprendre leur respiration, incapables de voir. Les gens écrasent des oignons et des citrons dans leurs mains, se les distribuent pour les respirer afin dégager les poumons.
J, la femme néo-zélandaise a du parfum au thé vert qu'elle porte pour cela.

En essayant de regarder dans toutes les directions, je vois soldat viser in Palestinien à seulement quelques mètres de lui et lancer une grenade assourdissante sur lui. Elle éclate et il tombe à terre, il pleure et met ses mains sur sa tête; quatre hommes courent pour l'emmener.

La route est loin, et nous sommes en pleine campagne, je ne sais pas où se trouve l'ambulance la plus proche. Des soldats les visent alors qu’ils tentent de grimper en courant en haut de la colline.


Un Palestinien crie en colère par cette attaque directe sur des personnes non-armées, les soldats israéliens leur crient, je présume de partir, de bouger.

Une femme se tient au milieu de la foule et semonce les soldats en hurlant. Quelqu'un près de moi dit qu'elle crie : "Vous avez tiré sur mon mari, sur mon frère, sur mon fils, maintenant vous voulez que je meure ici, sur la terre."
Une plus jeune femme essaye de rester près d'elle. A chaque fois que je la regarde, elle a la même pierre dans la main, comme si elle voulait la jeter tout en sachant à quel point c’est inutile, ou qu’elle n'est pas assez forte pour la jeter assez loin, ou peut-être juste qu’elle se sent plus en sécurité avec.

La tension s’est intensifiée et soudainement les soldats visent avec leur armes, sans doute pour tirer des balles en plastique. Beaucoup de gens crient, en colère et désespérés - tout que je peux comprendre c’est ce que nous, les internationaux crions : cela varie selon les lignes - "Personne est armé ici !" "Pourquoi faites-vous çla ? Comment pouvez vous faire ça?" "Calmez-vous, svp!" "Shalom, shalom!"
et "Schwee, schee" (doucement, doucement) aux Palestiniens.


Nous essayons de laisser aucun Palestinien sans surveillance mais nous ne sommes pas beaucoup. Je me mets quelque part entre deux groupes de villageois, jetant un coup d'oeil sur eux de chaque côté, et sur les soldats, en particulier sur un qui vise plusieurs hommes de l'autre côté et n’a plus qu’à tirer sur la détente.

Mes bras sont tendus, largement écartés, les paumes vers le haut, je suis gelée tout d’un coup.

Je fais face aux soldats, les Palestiniens sont derrière moi. " S’il vous plait ne faites pas cela."
Je leur crie : "S’il vous plait." Mes genoux tremblent, mais je pense que c’est juste l’intensité et la concentration, comme si avec mon corps et ma voix je devais et pouvais sauver la vie de quelqu’un aujourd'hui...

... plus tard, après que quatre Palestiniens aient été blessés par des balles en plastique et des bombes assourdissantes, je vois ces jeunes soldats israéliens qui semblaient avoir des visages normaux, frapper méchamment mon nouveau compagnon T, qui a juste 20 ans et qui était tellement choqué par ce qu’il venait de voir.
T protègeait un Palestinien qui saignait déjà des coups de matraques qu'il a reçus avant que T se soit jeté au milieu des soldats pour prendre les coups à sa place...

Puis le Palestinien est traîné à l’écart mais les soldats se sont déjà saisis de K qui était en train de filmer - j'essaye de les empoigner mais je peux seulement attraper son pullover. Elle et T se sont accrochés l’un à l’autre et n'ont plus aucun membre pour saisir ma main.

A chaque fois que j'arrive presque à les agripper, les soldats me jettent en arrière – j’entends que les coups tombent sur leurs épaules - K me jette sa caméra - ils les traînent vers le haut de la colline et d'autres soldats courent en notre direction pour nous attraper.

Je ne peux pas croire que nous perdons les deux d’un coup.

K, qui a travaillé pendant des mois dans un camp de réfugiés, apprend l’utilisation des ordinateurs à des femmes, à faire des films et des documentaires à des adolescents et qui a passer des mois à élaborer le projet. Les autorités israéliennes le savent et elles la mettront dans le prochain avion.

T, est un étudiant, et est tout nouveau dans ce genre de chose, il faisait la formation avec moi seulement hier, et c’est un coeur.

Et en fin de compte, ils sont frappés et arrêtés parce qu'ils ont regardé et vu les Palestiniens comme des êtres humains et des camarades. Et parce qu’ils savent qu'aucun être humain ne mérite de vivre comme ça.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM-France

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