9 octobre 2015

Retour sur 5 jours de violence en Palestine occupée : 5 Palestiniens tués, dont un enfant de 13 ans, et plus de 750 blessés.

Par ISM France

Le Ministre de la Santé palestinien, le Dr Awwad Jawad, a annoncé jeudi 8 octobre que les attaques israéliennes visant des manifestants palestiniens en Cisjordanie ont fait 5 victimes civiles dont un enfant et que plus de 750 personnes ont été blessées par des tirs militaires israéliens à balles réelles, de balles d’acier recouvertes de caoutchouc et de grenades lacrymogènes.

Selon le communiqué du Dr Jawad, au moins 140 civils ont été blessés par des tirs à balles réelles tandis que 360 autres l’ont été avec des balles caoutchouc acier. Les autres blessés ont été traités pour les effets d’inhalations massives de gaz lacrymogènes. Il a précisé qu’au moins 90 civils ont été blessés par des attaques de colons israéliens visant délibérément des civils palestiniens. Le Dr Jawad a également fait état de 18 attaques de soldats israéliens contre des ambulances palestiniennes et a indiqué que 20 personnels médicaux ont été blessés alors qu’ils portaient secours à des blessés durant des manifestations. Le Ministre a également condamné l’attaque d’une équipe médicale par des colons israéliens à Tulkarem, une ville du nord de la Cisjordanie , ainsi que l’invasion de l’hôpital de la ville de Naplouse par des agents infiltrés israéliens qui y ont kidnappé un patient.

Pour ce qui est des munitions utilisées par l’armée israélienne, le Dr Jawad a déclaré que le Ministère a documenté l’utilisation de balles réelles de toutes sortes, y compris certaines à charges explosives, ainsi que des balles de gros calibre provenant de fusils de précision à lunette, pour des tirs de snipers. Il a expliqué qu’une majorité de blessures se situent dans le haut du corps, ce qui indique clairement que l’objectif est « de tirer pour tuer », et non pas d’utiliser des moyens de répression non létaux contre des manifestants, comme l’affirme l’armée israélienne.

Mercredi 7 octobre, plus de 288 Palestiniens ont été blessés à travers la Cisjordanie occupée, tandis que des combats violents continuaient d’opposer les Palestiniens aux forces armées israéliennes et aux colons pour le sixième jour consécutif. Mercredi, 89 personnes ont été blessées par des tirs de balles caoutchouc acier et 10 personnes par des tirs de balles réelles, les 189 autres ayant souffert d’inhalation massive de gaz lacrymogènes, selon le Croissant Rouge. Des heurts et des combats ont eu lieu à Ramallah, à Jéricho, à Naplouse, à Bethléem, ainsi qu’à Beit Ummar et dans la ville de Yatta proches d’Hébron. Les tensions restent vives, voire explosives, à travers toute la Cisjordanie occupée où les résidents Palestiniens essaient d’empêcher les attaques des colons illégaux contre leurs villes et villages, contre leurs terres et leur bétail.

Un étudiant a été gravement touché par un tir de balle caoutchouc acier à la tête et de nombreux autres blessés, après qu’une grande manifestation, partie de l’Université de Birzeit, ait été violemment réprimée. A Yatta, les violences entre les jeunes palestiniens et les forces armées israéliennes ont débuté après l’annonce de la mort d’un Palestinien, tué dans le sud d’Israël, à Kiryat Gat, identifié comme Amjad Hatem al-Jundi, âgé de 20 ans et originaire de Yatta. Il a été abattu après avoir essayé de poignarder un soldat, alors qu’il s’était réfugié dans un immeuble voisin. Plus tôt dans la journée, dans la vieille ville de Jérusalem Est occupée, c’est une jeune femme de 18 ans qui a été grièvement blessée par le tir rapproché d’un civil israélien qu’elle aurait tenté d’attaquer avec un couteau.

La veille, mardi 6 octobre, des membres officiels du Croissant Rouge et du Ministère de la Santé de l’Autorité Palestinienne avaient fait état de 129 blessés sur la journée, dont certains dans un état grave suite à des tirs à balles réelles. Errab Foqaha, porte-parole du Croissant Rouge avait également communiqué sur les attaques perpétrées par les forces israéliennes contre ses ambulances et ses équipes médicales, cibles de 13 nouvelles portant leur nombre total à 27 depuis dimanche. Elle a précisé à Ma’an News que le bilan des dégâts humains et matériels est de 17 membres du personnel médical blessés et 10 ambulances détériorées.

C’est dans un climat déjà tendu depuis de nombreuses semaines, généré par les restrictions d’accès à la mosquée d’Al-Aqsa et par les attaques et provocations récurrentes des partis et groupuscules israéliens d’extrême droite, qu’un couple de colons a été tué par plusieurs tirs sur leur véhicule, en présence de leurs 4 enfants, alors qu’il circulait entre les colonies illégales de Itamar et de Ilon Moreh, dans la région de Naplouse, dans la soirée du jeudi 1er octobre. Le 30 juillet 2015, c’est dans cette même région, dans le village de Duma, que des colons israéliens avaient mis le feu à la maison de la famille Dawabsha, causant la mort d’un bébé de 18 mois, rejoint depuis par son père et sa mère morts de leur blessures, sans aucune poursuite judiciaire engagée contre les suspects qui ont tous été relâchés.

Depuis l’annonce de la mort du couple de colons dans le nord de la Cisjordanie , les attaques de colons contre les Palestiniens se sont multipliées dans tous les territoires occupés. La mort du couple est aussi à l’origine de nombreux raids armés israéliens et d’arrestations dans les villes palestiniennes ; un déchainement de violence des forces armées israéliennes qui a fait deux jeunes victimes palestiniennes âgées de 13 et 18 ans. Lundi 5 octobre, Abdul-Rahman Shadi Obeidallah, âgé de 13 ans, a reçu une balle dans la poitrine alors qu’il se trouvait en compagnie de camarades de classe, dans le camp de réfugiés d’Aïda à Bethléem. Immédiatement transporté à l’hôpital de Beit Jala pour y être opéré, il est décédé peu après son arrivée. Ce même jour, un communiqué officiel du Croissant Rouge a annoncé la mort de Huthayfa Othman Suleiman, âgé de 18 ans, grièvement blessé à la poitrine la veille par un tir israélien et décédé en salle d’opération.

Dans le même temps, le dimanche 4 octobre, dans la vieille ville de Jérusalem, deux autres Israéliens sont morts poignardés et leur attaquant palestinien tué sur place par les forces armées. Dans la soirée, des groupes de sionistes israéliens ont sillonné plusieurs rues de Jérusalem en chantant des slogans racistes et en cherchant à s’attaquer à des arabes. C’est un jeune Palestinien âgé de 19 ans qui en est vraisemblablement mort ; Fadi Alloun, originaire du village d’Issawiya, a été tué de sang froid par un policier alors qu’il était pourchassé par une soixantaine d’Israéliens appelant à son meurtre. Il serait prétendument responsable d’une tentative d’attaque au couteau contre un jeune israélien, selon la version officielle israélienne démentie par la famille. La police n’a toujours pas rendu le corps à la famille.

Depuis plusieurs semaines, la tension n’a cessé de monter dans les territoires occupés palestiniens, en raison notamment des restrictions imposées par Israël aux Palestiniens cherchant à se rendre sur le site de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem Est. L’OLP a prévenu que la multiplication des attaques conjointes des soldats israéliens et des colons est le signe que « le gouvernement israélien cherche à créer délibérément une situation de violence et d’instabilité qui menace de se transformer en spirale hors de contrôle ».


Source : MA’AN News Agency – IMEMC – WAFA News Agency

Photo : Abdul-Rahman Obeidallah, 13 ans, tué par un tir de sniper israélien à Bethléem lundi 5 octobre 2015 - Photo par WAFA


Traduiction : CR pour ISM-France