Egypte - 1 mai 2011

#Jan25 – Le mythe de la ‘non-violence’

Par Arabawy

Suez a été surnommée la Sidi Bouzid de l'Egypte pendant les 18 jours de soulèvement. La ville a été témoin de quelques-uns des actes de répression les plus sanglants par la police, et aussi de la résistance la plus féroce de la part des manifestants. Dans la vidéo ci-dessous, prise le 28 janvier, "vendredi de la colère", les révolutionnaires de Suez, après avoir pris d'assaut les postes de police et s'être emparés des fusils, s'en servent pour riposter aux tirs de la police.

Un des plus grands mythes inventés par les médias est lié au fonds de commerce de Gene Sharp (1) : la révolution égyptienne était "pacifique." J'ai bien peur que ce soit faux. La révolution (comme n'importe quelle autre révolution) a été témoin de violences par les forces de sécurité qui ont conduit au massacre d'au moins 846 protestataires.

Mais le peuple n'est pas resté assis en silence, acceptant cette violence avec le sourire et des fleurs. Nous avons riposté. Nous avons riposté à la police et aux voyous de Moubarak à coups de pierres, de cocktails Molotov, de matraques, d'épées et de couteaux. Les prises d'assaut des postes de police dans pratiquement chaque quartier, le "vendredi de la colère", n'étaient pas l’œuvre de "criminels", comme le régime et quelques activistes de la classe moyenne essaient de le propager. Ce sont les manifestants, des citoyens ordinaires, qui l'ont fait.

Les Egyptiens comprennent bien à quoi sert un poste de police. Il y a dans chaque famille un membre qui a été maltraité, torturé ou humilié par les forces de police de son quartier. Et je ne parle même pas ici des usines à torture de la police de la sûreté d'Etat. Je parle de la "police ordinaire".

D'autres symboles du pouvoir et de la corruption ont été attaqués par les protestataires et incendiés pendant le soulèvement. La violence révolutionnaire n'est jamais le fait du hasard. Ces bâtiments incendiés ou pillés appartenaient en grande partie au Parti national démocratique de Moubarak.

Dans un certain nombre de provinces comme dans le nord du Sinaï et Suez, les manifestants ont saisi des armes et les ont retournées contre la police pour se défendre. Les locaux de la Sureté de l'Etat à Rafah et al-Arish, par exemple, ont été soufflés au lance-grenades, grenades à main et fusils automatiques, tandis que les gazoducs en direction de la Jordanie et d'Israël étaient attaqués.

Est-ce que je condamne cette violence ? Absolument pas. Chaque révolution dans l'histoire a connu sa part de violence. Elle part toujours de l'Etat, pas du peuple. Les gens sont obligés de prendre des armes ou tout ce qu'ils ont sous la main pour se protéger.

Puissent tous nos martyrs reposer en paix. Ils n'ont pas versé leur sang en vain. La révolution continue...

PS - Quelques minutes après que j'ai écrit ces lignes, le gazoduc du Nord Sinaï qui exporte vers Israël a à nouveau été attaqué. Voir la vidéo sur Ash-Shrouq


(1) Gene Sharp est un politologue américain connu pour ses nombreux écrits sur la non-violence (Wikipédia)

Source : Arabawy

Traduction : MR pour ISM