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Palestine -

Appel urgent à la transparence et à la participation

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7 septembre 2011 - A moins de quinze jours de la session de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la Palestine, au cours de laquelle la direction officielle palestinienne présentera une initiative sur l'Etat de Palestine à la communauté mondiale, les débats vont bon train entre ses partisans et ses détracteurs. Pourtant, même sans entrer dans ces débats, l'une des préoccupations les plus graves est le processus fondamentalement vicié qui sous-tend la candidature à l'ONU, et qui donne une impression de déjà-vu consternant des erreurs passées.

Appel urgent à la transparence et à la participation

A deux semaines de la date cruciale du 21 septembre, personne ne connaît encore le texte et les détails de l'initiative proposée à l'ONU. Comme l'ont déclaré nombre d'organisations, d'intellectuels et d'activistes palestiniens, nous ne pouvons pas soutenir et nous ne soutiendrons pas une initiative dont nous ne connaissons pas le contenu. Le cœur du problème est le fait que notre direction a porté cette initiative sans qu'elle fasse l'objet d'aucune discussion publique et elle veut maintenant que le peuple palestinien la soutienne aveuglément. Ceci est révélateur d'un problème beaucoup plus profond au sein des organes politiques palestiniens et motive un appel urgent à la transparence, à la responsabilisation et à la participation populaire.

Les Palestiniens se souviennent tous de ce moment, en 1993, quand les dirigeants palestiniennes ont pris tout le monde par surprise en présentant les Accords d'Oslo qui venaient d'être négociés. Après des décennies de luttes, de sacrifices et de souffrances d'un peuple tout entier, celui-ci faisait confiance à ses dirigeants. Nous les avons cru lorsqu'ils nous ont assurés que les Accords d'Oslo étaient une étape vers la réalisation de nos droits. Personne n'était réellement informé des Accords de Paris, l'accord économique qui complétait les Accords d'Oslo et étranglait davantage la vie palestinienne.

Dans les vingt années qui ont suivi, ces mêmes personnes qui avaient négocié Oslo ont poursuivi des négociations lors de rencontres secrètes et sans qu'aucun élément de référence ne soit agréé officiellement et collectivement. Comme les "Palestine Papers" publiés par al-Jazeera l'ont finalement révélé, les nombreuses rumeurs sur ces négociations interminables en coulisses étaient vraies : de trop nombreuses fois, nos négociateurs ont négocié sur nos droits eux-mêmes plutôt que sur les moyens de les obtenir.

Aujourd'hui, le "processus de paix" et les négociations connexes sont presque unanimement considérés comme un échec, un instrument aux mains d'Israël pour perpétuer la colonisation de notre terre, le vol de nos ressources et le déplacement de notre peuple. Au sommet de tout cela, le processus fut un trompe-l’œil qui a dépeint l'occupation et l'apartheid comme la paix et la compréhension. Et ces mêmes personnes responsables de deux décennies de processus de "paix" raté nous demandent une fois encore d'avoir confiance en une nouvelle initiative, dont les risques et le contenu continuent d'être tenus à l'écart du public.

Il semble que la direction officielle palestinienne ne veuille pas reconnaître l'écart énorme qui la sépare du peuple, comme si elle voulait que nous oublions que les élections à l'Autorité nationale palestinienne et au Conseil législatif palestinien n'ont apporté ni responsabilisation ni légitimité à cause de l'interférence occidentale, que les structures de l'OLP ont été laissées à l'abandon depuis le début des années 1990, et que leur représentativité s'est érodée. Pendant tout ce temps, les partis de la gauche palestinienne se sont apparemment retrouvés dans la même position d'indécision qu'en 1993, incapables de proposer une alternative ou même de faire une intervention significative sur cette question. La société palestinienne a heureusement retenu deux leçons des deux dernières décennies : d'abord, quand il s'agit du destin d'un peuple tout entier, celui-ci doit avoir son mot à dire, et ensuite, ne pas croire en des processus sans objectifs ni échéances.

Il n'est pas surprenant qu'une des exigences fondamentales du mouvement de la jeunesse palestinienne, qui a émergé au lendemain du Printemps arabe, soit l'appel à des élections immédiates et directes au Conseil national de l'OLP pour permettre la participation de la population aux processus politiques. Une nouvelle génération de Palestiniens grandit pour prendre la lutte là où nous l'avons laissée et pour rejoindre la résistance populaire.

Cependant, une fois de plus, la direction palestinienne adopte la même attitude arrogante vis-à-vis de son peuple. Au lieu de le soutenir dans sa lutte, l'Autorité nationale palestinienne cherche continuellement à limiter et à contrôler la mobilisation populaire dans les secteurs sous son contrôle administratif. Les confrontations avec l'occupation sont entravées pour essayer de transformer la résistance populaire en une manifestation de soutien à telle ou telle initiative. En conséquence, une véritable résistance populaire ne croît aujourd'hui que dans les zones C, où l'ANP n'exerce pas de présence policière.

Alors qu'existe certainement au sein du peuple palestinien un large consensus qu'il est trop tard pour un changement de stratégie hors négociations, il y a aussi un besoin urgent de discuter collectivement, démocratiquement et ouvertement de la direction à prendre. Repenser et ré-énoncer la stratégie de la lutte palestinienne est bien sûr nécessaire et ne peut être laissé entre les mains de quelques-uns. La direction palestinienne ne doit pas perdre de vue qu'elle est au service de son peuple et espérer au contraire que le peuple soit au service de ses dirigeants.

La démarche devant l'ONU risque de constituer - en fonction du contenu toujours opaque de la proposition - un éloignement monumental de la lutte de libération nationale pour une querelle entre un Etat factuel et un Etat virtuel, une démarche qui peut menacer les lieux de revendications concernant les droits des réfugiés palestiniens et modifier les structures de la représentation officielle. D'autres argumentent qu'au contraire, l'initiative à l'ONU ne touche à aucune de ces questions et n'apportera aux Palestiniens que plus d'occasions de tenir Israël pour responsable dans les instances internationales. Cela soulève la question de savoir pourquoi l'OLP n'a pas eu jusqu'ici recours aux instruments qu'elle avait déjà à sa disposition. Pourquoi, en sept ans, n'y-a-t-il eu aucune tentative d'activer la décision sur les conséquences juridiques du mur prise par la Cour Internationale de Justice le 9 juillet 2004 ? L'OLP soutient-elle activement la Turquie dans son intention de porter le siège de Gaza devant la même cour internationale ? Pourquoi ne se sert-elle pas du Rapport Goldstone pour faire rendre compte à Israël de ses crimes de guerre ?

Pour conclure, l'initiative actuelle à l'ONU marque l'apogée d'une crise au sein des structures politiques représentatives et requiert d'urgence des réponses à court et long termes. A court terme, nous avons besoin d'une clarification immédiate sur le contenu exact de l'initiative à l'ONU et d'un forum de discussion ouvert et inclusif où les préoccupations du peuple et des experts soient prises au sérieux et intégrées à la proposition ; un forum qui inclut les Palestiniens et leurs expressions politiques et sociales de toute notre patrie et de la diaspora. A moyen et long termes, des élections directes au Conseil national de l'OLP et un renversement général de l'attitude actuelle de nos dirigeants vers un plus grand respect, la confiance et le soutien à la lutte de la population sont essentiels. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons bâtir de nouveaux processus qui rendent possible un véritable consensus sur la stratégie nationale palestinienne post-Oslo.

Si dans les deux prochaines semaines notre direction se montre prête à un processus réellement transparent, responsable et participatif, alors non seulement l'initiative à l'ONU en tirera profit, mais cette approche pourrait ouvrir la voie à une restructuration de l'organe politique palestinien, réduire l'écart entre la direction et le peuple et jeter les bases d'une refonte efficace de la stratégie nationale palestinienne.

Jusque là, nous ne soutiendrons rien les yeux fermés.

Source : Stop the Wall

Traduction : MR pour ISM

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