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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Ce que signifie la persécution d'Azmi Bishara pour la Palestine

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L'Etat israélien et le mouvement sioniste ont entamé le dernier assaut de leur siècle de lutte pour débarrasser la Palestine de sa population indigène et transformer son pays en une enclave à suprématie juive : la persécution d'Azmi Bishara, l'un des plus importants dirigeants et penseurs nationaux palestiniens aujourd'hui. Son cas a une signification énorme pour le mouvement de solidarité palestinien.

Ce que signifie la persécution d'Azmi Bishara pour la Palestine


Bishara est un citoyen palestinien d'Israël, un des un million et plus qui vivent à l'intérieur de l'Etat juif, tous survivants ou descendants du nettoyage ethnique sioniste qui a obligé la plupart des Palestiniens à partir en 1947-1948.

Elu à la Knesset en 1996, Bishara est le fondateur de l'Assemblée Démocratique Nationale, un parti qui demande qu'Israël passe d'une ethnocratie sectaire à un Etat démocratique pour tous ses citoyens.

Dimanche, Bishara est apparu sur Al-Jazeera, après des semaines de spéculations de la presse sur le fait qu'il était en exil et démissionnerait de la Knesset. Il a révélé qu'en fait, il est la cible d'une enquête au plus haut niveau des services secrets israéliens qui, semble-t-il, envisagent de porter contre lui de sérieuses accusations de "sécurité".

La censure sur ce sujet est tellement stricte dans l'Etat "démocratique" d'Israël que jusqu'à il y a quelques jours, les journaux israéliens avaient interdiction de seulement mentionner l'existence de cette enquête. Il leur est toujours interdit de rapporter quoique ce soit sur la substance de cette investigation, et Ha'aretz a admis qu'à cause de la censure officielle, il ne pouvait même pas imprimer ce que Bishara avait dit devant des millions de téléspectateurs.

Bishara lui-même est resté vague sur les allégations. Même s'il en connaît les détails, il se mettrait lui-même en grand danger en en parlant. Il a dit qu'il pense toujours à ses options, y compris son retour en Israël. Alors qu'il s'interrogeait sur l'intérêt de passer des années à prouver son innocence pour des faits qu'il ne considère pas comme illégaux, tels que le maintien de contacts étroits avec le monde arabe, dont il ressent qu'il fait partie, il a réfléchi qu'en fin de compte, il avait le choix entre la prison, l'exil ou devenir un martyr. Ce sont bien sûr les seuls choix qu'Israël propose aux Palestiniens qui refusent de se soumettre à la loi raciste du sionisme.

Ce sur quoi il a été clair, c'est qu'il est la cible d'une campagne, coordonnée aux plus hauts niveaux de l'Etat israélien pour le détruire politiquement, lui et son mouvement. Il a sans aucun doute raison sur ce point et il y a eu plusieurs précédents.

En 2001, le procureur général d'Israël, Elyakim Rubinstein, a accusé Bishara de "mettre l'Etat en danger" par ses commentaires lors d'une visite en Syrie, et la Knesset a voté pour la première fois de son histoire la levée de l'immunité d'un de ses membres pour que Bishara puisse être poursuivi.

En 2003, le Comité central israélien des élections a tenté d'empêcher Bishara et son parti de se présenter aux élections nationales, sur la base que le parti n'adhérait pas au dogme qu'Israël doit rester un "Etat juif". Selon les lois israéliennes, tous les partis doivent épouser le dogme qu'Israël doit toujours garantir aux Juifs des droits privilégiés, ce qui signifie que les partis réellement démocratiques flirtent toujours avec l'illégalité. Cette décision avait été finalement annulée par les tribunaux (bien qu'il faille noter que le bannissement avait l'appui de l'ancien procureur général Rubinstein, qui est maintenant Juge à la Cour Suprême !).

De telles persécutions contre les Palestiniens vivant en Israël sont la norme depuis que l'Etat a été créé. Jusqu'en 1966, ils vivaient sous "gouvernement militaire", une forme d'occupation militaire intérieure similaire à celle que subissent les Palestiniens de Cisjordanie et dans la Bande de Gaza aujourd'hui. Les lois, les pratiques et les politiques qui continuent de nier leurs droits humains fondamentaux sont très bien décrites dans le récent livre de Jonathan Cook : Blood and Religion: Unmasking the Jewish and Democratic State (Pluto Press, London/University of Michigan Press, Ann Arbor, 2006 - ISBN 0-7453-2555-6)

Au cours des dernières années, les sondages d'opinion ont montré que la majorité des juifs israéliens soutenaient fermement les efforts du gouvernement pour forcer les citoyens palestiniens à quitter le pays (ces dernières semaines, l'ancien premier ministre israélien et actuel chef du Likud, Benjamin Netanyahu, a déclaré que le mieux serait que Bishara ne revienne jamais).

Bishara voit le dernier stratagème d'Israël comme le signal d'un changement des "règles du jeu". Si lui, officiel élu, personnage public bien connu, fait l'objet de telles manœuvres, à quoi va être confrontée le reste de la communauté ?

Evidemment, après la publication récente par des dirigeants palestiniens en Israël d'un rapport appelant quelques réformes de l'Etat israélien, la police secrète d'Israël, le Shin Bet (qui travaille avec des escadrons de la mort et la torture dans les territoires occupées) s'est précipitée pour avertir qu'ils "mettraient fin aux activités de tout groupe qui chercherait à modifier le caractère juif ou démocratique d'Israël, même s'ils utilisent des moyens démocratiques" ("Arab leaders air public relations campaign against Shin Bet," Ha'aretz, 6 April 2007).

Il y a un précédent d'une telle mesure, pas seulement contre les Palestiniens, mais même contre les Juifs Mizrahi d'Israël dont les tentatives de travailler contre la discrimination ashkenaze ont été bloquées par le Shin Bet – voir le livre de Joseph Massad : The Persistence of the Palestinian Question.)

Les militants de la solidarité palestinienne doivent comprendre et agir sur le signal qu'Israël envoie en persécutant Bishara. Depuis des années, le principal courant du mouvement palestinien et ses alliés ont pratiqué la politique de l'autruche avec le slogan "Fin de l'occupation". Si jamais elle l'a été, cette vision n'est plus assez large.

Nous devons reconnaître que la guerre d'Israël contre les Palestiniens ne discrimine pas parmi les Palestiniens, épargnant les uns et condamnant les autres. Elle prend des formes différentes, selon la localisation des Palestiniens.
- Ceux de Jérusalem, de Cisjordanie et de la Bande de Gaza vivent sous une forme extrême de tyrannie militaire, appelée souvent maintenant "apartheid", même s'il devient de plus en plus clair que c'est même pire.
- Les Palestiniens à l'intérieur des frontières israéliennes de 1948 vivent sous un système de lois, politiques et pratiques qui les excluent politiquement et les oppressent économiquement et socialement.
- Des millions de Palestiniens hors du pays sont victimes de lois racistes qui leur interdisent le retour pour l'unique raison qu'ils ne sont pas Juifs.

En pratique, cela signifie que le mouvement de solidarité palestinien doit trouver un nouveau message qui brise le fantasme erroné d'une séparation en états nationaux.

Cela signifie que nous devons nous centrer sur la lutte contre le racisme et le colonialisme israéliens sous toutes leurs formes contre ceux qui vivent sous occupation, ceux qui sont à l'intérieur et ceux qui sont en exil.

Nous devons apprendre ce qui se passe sur toute la Palestine, et pas seulement en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.

Nous devons être et agir en solidarité avec Azmi Bishara et avec tous les Palestiniens à l'intérieur des lignes de 1948, qui ont été depuis trop longtemps marginalisés et abandonnés par les principaux courants politiques palestiniens. Soutenir l'appel de la société civile palestinienne au boycott, au désinvestissement et aux sanctions est particulièrement urgent (voir http://www.pacbi.org/)

En pratique, nous devons construire une vision de la vie après l'apartheid israélien, une vie dans laquelle les Israéliens et les Palestiniens pourraient vivre égaux, partageant le même pays.

Si Gerry Adams, du Sinn Fein, et le dirigeant unioniste irlandais de la ligne dure Ian Paisley peuvent s'asseoir et former ensemble un gouvernement, comme ils le font, et si Nelson Mandela et le Parti National d'apartheid peuvent faire de même, c'est dans le domaine du possible en Palestine si nous l'imaginons et si nous travaillons dans ce sens.

Azmi Bishara est le seul dirigeant palestinien de stature internationale à exprimer une vision et une stratégie pertinentes pour tous les Palestiniens, capables de défier efficacement le sionisme.

C'est la raison pour laquelle sa vie, sa sécurité et son avenir sont en danger, pendant que le "président" collaborateur Mahmoud Abbas, à Ramallah, reçoit de l'argent et des armes des Etats-Unis, et du thé et des gâteaux d'Ehud Olmert.

Source : Electronic Intifada

Traduction : MR pour ISM

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