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Jérusalem -

Cette terre est votre terre, cette terre est ma terre

Par

Article paru dans Haaretz le 4 mars 2005

Les organisations juives des colonies, les éléments criminels palestiniens, la police israélienne des frontières, le Procureur général, le ministre de l’Intérieur- tous ont maintenant leur rôle à jouer à Jérusalem-Est dans le drame complexe de la confiscation des terres.
Ce qu’il est convenu d’appeler "terre d’état" et qui en fait est en fait propriété appartenant aux Palestiniens de Cisjordanie.

Aryeh King a un vocabulaire bien à lui.
Dans nos premières conversations téléphoniques, il a organisé une rencontre chez lui, c’est-à-dire à Ma’aleh Zeltim.

Où est-ce ?

"Sur le Mont des Oliviers, Har Hazeitim" explique-t-il.

En fait, King vit à Ras al-Amud, un quartier juif créé par le magnat juif américain Irwin Moskowitz, au cœur de la très peuplée Jérusalem-Est arabe.

King est "l’homme de Jérusalem", selon Moskowitz, mais King lui-même émet des réserves sur ce tableau. "Vous pouvez dire que je travaille avec Moskowitz, comme je le fais avec beaucoup d’autres gens" dit-il.

Plus tard, dans le bureau où l’interview se déroule finalement bureau présenté comme "le bureau du Moledet - (parti politique israélien ultranationaliste) à l’est de la ville, rue Naplouse, en face du consulat des Etats-Unis. Vous le reconnaîtrez aux drapeaux du Moledet à l’extérieur ») - se pose à nouveau le problème du vocabulaire.

King se réfère constamment aux "terres d’état" qu’on dit exister en abondance à Jérusalem. Ce n’est qu’après quelques questions qu’il devient évident qu’il veut parler de la terre que possède les Palestiniens de Cisjordanie les "Absents" dont le statut à Jérusalem fait l’objet de controverse depuis 1967.

Mais pour King, la controverse est résolue et le problème a trouvé sa solution : la terre, qu’il estime à des dizaines de milliers de dunams appartient simplement à I’état d’Israël. Ce sont des terres dont l’état, dans ce qu’il appelle une bourde, n’a pas encore pris le contrôle.

Beaucoup de gens n’ont pas apprécié la décision prise le mois dernier par le procureur général Menachem Mazuz, qui a effectivement annulé la décision qu’avait prise le gouvernement en juillet 2004 d’appliquer la loi sur la propriété des Absents à Jérusalem-Est.


L’existence de la décision du gouvernement a d’abord été donnée par le "Ha’aretz", après que l’hebdomadaire de Jérusalem "Kol Ha’ir" ait révélé que l’état avait informé les Palestiniens désireux d’accéder aux terres qu’ils possèdent à Jérusalem, qu’ils étaient considérés comme des "Absents" et que par conséquent, cette terre ne leur appartenait plus.


Le principal opposant a été le ministre des Finances Benjamin Netanyahu qui a déclaré que le gouvernement avait pris "la bonne décision sioniste".

De la même manière, le ministre de la Diaspora et de Jérusalem, Natan Sharansky qui a dirigé le comité ministériel qui avait pris cette décision en juillet dernier, a déclaré qu’elle avait été prise conformément à la loi et devait s’appliquer.

Les hauts gradés de la police des Frontières étaient eux aussi mécontents de l’initiative de Mazouz parce que "ceux qui vont en profiter maintenant sont les voleurs arabes de la terre, qui volent les Arabes, et maintenant les voilà contents" selon un haut gradé de la police des Frontières.

Aryeh King, des associations juives de Jérusalem-Est ("Ne m’affiliez à aucune association, je travaille avec toutes – Elad, Ateret Kohanim - avec toutes") est lui aussi mécontent de la décision de Mazuz. La différence c’est que King ne la prend pas très au sérieux.

"Tout ça n’a pas de sens" dit-il entre un coup de fil avec un groupe d’investisseurs qui voudraient acheter de la terre à Shuafat Ridge, une conversation sur son cellulaire avec la femme d’un Palestinien qui a offert de lui vendre des terres "d’Absents" à Jérusalem-Est ("Pas chez vous ? Okay shukran – "merci" en arabe) - continue la conversation surréaliste entre King et la femme) et un autre appel sur une seconde ligne avec Shimon, un membre du Comité central du Likoud qui voudrait acheter de la terre du côté de Har Homa, le nouveau quartier juif au sud de Jérusalem.

"Après tout, l’administrateur de la propriété des Absents n’observera pas ce que dit Mazuz" explique King.

"Il fait ce que le ministre dit. Avec tout le respect que je lui dois, c’est une décision ministérielle. Ils peuvent décider tout ce qu’ils veulent.
Je sais du Trésor et du ministère de Sharansky que de leur point de vue, rien n’a changé et que lui (Mazuz) ne décide pas pour eux. Ils m’ont fait comprendre, le peuple m’a fait comprendre, qu’appliquer la loi sur la propriété des Absents et renforcer la loi à Jérusalem-Est est légal, et qu’en conséquence il n’y a pas de raison de ne pas l’appliquer."



Sharansky versus Mazuz

En ce qui concerne Sharansky, au moins, King connaît indubitablement la pensée du ministre.

Au milieu de notre conversation, le mobile de King sonne ; c’est du style télégraphique : "Hélena de la part de Sharanksy" veut vous passer un appel de Louisa, qui, s’avérera au cours de la conversation être l’assistante de Sharansky.

Voilà la transcription de la conversation :

Louisa : Salut, Aryeh

King : Louisa, je n’ai pas eu de nouvelles de vous depuis longtemps

Louisa : En vérité, je suis sure que vous en avez eue par Dadidaleh. David Be’eri, responsable de l’association Elad, spécialisée dans l’installation des Juifs du village de Silwan contigu à Jérusalem, la cité de David, juste à l’extérieur de la vieille ville de Jérusalem (Elad est l’acronyme de « Pour la cité de David »)

King : Je veux être tenu au courant

Louisa : Pourquoi ne viens-tu pas ?

King : quoi, il y avait une réunion aujourd’hui ?

Louisa : Non, pas aujourd’hui. Mais nous nous sommes rencontrés ce dimanche, pas à la demande de Natan seulement, mais la même équipe tout le temps ».

King : Oui, je sais, c’était dimanche

Louisa : Exact. En fait, Davidaleh n’était pas là. J’ai pensé que quelqu’un de chez toi aurait dû se montrer en tout cas

King : Je vais te dire, et pour dire les choses en termes mesurés, nous ne sommes pas tellement contents de cette histoire.

Louisa : Pourquoi ? A propos de quoi, exactement ?

King : Parce que ça ne prend pas la direction que nous pensions… pas du tout

Louisa : C’est-à-dire ?

King : C’est-à-dire ? Que leur manière de penser n’est pas ce que nous espérions qu’ils penseraient.

En corollaire à la décision d’appliquer la loi sur la Propriété des Absents à Jérusalem-Est, le comité de Sharansky stipulait que les propriétés en question pourraient être transférées aux autorité de développement - en d’autres termes, qu’elles doivent pouvoir être utilisées pour la construction et autres besoins.

J’avais rencontré le ministre précédemment, à son bureau.
Sharansky était furieux contre le communiqué de Mazuz disant que deux représentants du procureur général qui assistaient à la réunion du comité ministériel en juillet dernier, avaient essayé de contester la décision formulée par Sharansky et Zevulun Orlev (National Religious Party – Parti National Religieux) mais que leurs objections avaient été rejetées.

Sharansky et Orlev disait le communiqué de Mazuz, avaient aussi décidé de rejeter la proposition faite par les représentants du procureur général pour que chaque décision déclarant une propriété comme tombant sous la catégorie des "Absents" devrait être confirmée par le conseiller juridique du Ministre des Finances (nommément Yamima Mazuz, qui, se trouve être la sœur procureur général).

"J’ai été surpris, parce que ce communiqué contenait des choses dont font foi les procès verbaux" a dit Sharansky. "Il est légitime de contester la décision, mais non de dire qu’elle a été prise illégalement".

Selon Sharansky, les responsable du bureau du procureur général n’ont exprimé aucune opposition réelle à l’énoncé de cette décision.

Un des responsables, Yaakov Shapira a seulement dit qu’il n’y avait pas besoin de décision : une déclaration de clarification suffirait. Quant à l’annulation de la clause qui réclame une autorisation spéciale pour chaque déclaration concernant la propriété d’un Absent – ça n’a pas été fait à la demande de Shapira.

En fait Shapira est resté jusqu’à la fin de la réunion et a aidé à formuler la décision finale (Le ministre de la justice a soutenu cette version, selon laquelle Shapira a insisté sur le besoin d’une consultation des responsables juridiques avant toute déclaration faite en vertu de la loi sur la propriété des Absents, mais sa position a été rejetée)



Vols de terre

Louisa Walitsky, l’assistante de Sharansky, a raconté qu’elle était présente à la réunion du comité interministériel.

"Elle s’est occupée de tout ça" dit le porte-parole de Sharansky.

Sharansky a expliqué que la décision n’était qu’un détail technique, une clarification et rien de plus.
Quand on lui a demandé d’expliquer pourquoi cette clarification était si nécessaire, il a répondu que les représentants du Trésor et des administrateurs de la propriété des Absents avaient dit au comité qu’il y avait trop d’anarchie en ce qui concernait les terres de Jérusalem-Est, qu’on était en train de saisir la terre.

"L’administrateur doit remettre les choses en ordre" a-t-on dit à Sharansky.

Sa collaboratrice chante la même chanson.

Les responsables du Trésor ont expliqué que les vendeurs de la terre arabe s’emparaient de la terre appartenant aux Arabes et en dépossédaient les vrais propriétaires.

Ainsi, lui a-t-on demandé, Netanyahu aurait envoyé ses gens au comité interministériel juste pour protéger les propriétaires de terre arabes de Jérusalem ?

Elle a visiblement trouvé ça rigolo et s’est mise à rire.

Le vol des terres à Jérusalem-Est est sans nul doute un sérieux problème. La police a mis à jour un certain nombre de gangs de Palestiniens qui, par la fraude et les falsifications se sont emparés de terre appartenant à leurs compatriotes.

Dans certains cas la terre appartenait à des "Absents" c’est-à-dire a des habitants de Cisjordanie , et dans d’autres cas c’était la terre de Palestiniens qui ont émigré, ou propriété d’habitants de la ville chassés par la force.

Ce n’est qu’en 2004, selon la police de Jérusalem, que onze plaintes ont été déposée à la Brigade anti-Fraude pour des enregistrement truqués de centaines de dunams de terre à Jérusalem-Est.

Six accusations ont été envoyées au bureau du Procureur d’Etat en vue de préparer les poursuites.
Trois autres plaintes ont été soumises à la Brigade des Minorités et trois d’entre elles ont été déférées au procureur d’état.

La Police des Frontières, qui est responsable de la sécurité pour les zones du mur de séparation à Jérusalem, a rencontré des problèmes jamais rencontrés au préalable, quand la construction de cet obstacle a commencé.

"Nous avons commencé à travailler sur le mur avec des tracteurs" ont raconté des gradés "quand tout d’un coup, des gens nous ont dit qu’ils étaient les propriétaires de la terre. Ils nous ont apporté leurs documents rédigés en arabe et nous n’en avons pas compris un mot. Nous avons été dirigés sur un conseiller pour l’administration de la propriété des Absents, qui nous a appris que la plus grande partie des terres était propriété des Absents et nous a donné des conseils pour pouvoir endiguer cette histoire."

La Police des Frontières a maintenant un personnel spécial pour s’occuper de ce problème. Les faux, disent-ils, concernent surtout la terre d’habitants de Cisjordanie qui sont catalogués « Absents ».

D’un côté, l’état n’a pas saisi cette terre à cause de la décision de principe de ne pas appliquer la Loi sur la Propriété des Absents à Jérusalem ( la loi que le comité interministériel a annulée l’été dernier).

D’un autre côté, les propriétaires ne pouvaient pas vendre leur propriété, parce qu’elle se trouve sur la liste des terres des Absents au Registre de la Terre.

Résultat : les sources de la Police des Frontières disent : "Les escrocs ont pu s’emparer de la terre et en tirer des millions."



L’ordre au milieu du chaos

Des sources de l’institution de la Défense, disent que le problème a été soulevé dans les discussions interne dès le moment où les discussions sur la construction d’un mur à Jérusalem. Ce qui a conduit a l’idée qu’appliquer la loi sur la Propriété des Absents "mettrait de l’ordre' dans le chaos.

Il y a avait aussi des situations au cours lesquelles déclarer une terre propriété d’Absent abrégeait les procédures nécessaires à la construction du mur.

En Cisjordanie , qui est sous la responsabilité du gouvernement militaire, l’armée a le pouvoir de saisir la terre nécessaire à la construction du mur par le biais d’un ordre donné par le chef du commandement territorial.

A Jérualem-Est, où la loi israélienne fait force depuis que la région a été annexée en juin 1967, la procédure de saisie de terre est plus compliquée et peut être très longue.

Pour exemple, le Cliff Hotel sur la frontière entre Jérusalem et la ville d’Abu Dis.
La Police des Frontières voulait cet hôtel pour l’utiliser comme position d’observation et l’a attribué au Ministère de la Défense.
"Le Ministère de la Défense a expliqué que l’obtention d’un ordre de réquisition est un processus trop long" dit le commandant Amitai Levy, directeur de la "Jerusalem Envelop" une division de la Police des Frontières.

"Je leur ai dit que j’avais besoin de ce local aussi vite que possible. Alors le Trésor m’a dit que je n’avais pas besoin d’ordre de réquisition parce que l’hôtel avait reçu la "Propriété d’un Absent".

Les avocats de l’hôtel soutiennent que le certificat de propriété d’un Absent n’a été donné qu’après que la procédures pour obtention d’un ordre de réquisition ait commencé.

La Défense dit que l’hôtel a d’abord été déclaré "Propriété d’un Absent" et seulement ensuite a été réquisitionné. Ce qui n’est pas contesté, c’est que l’hôtel est maintenant possession de la Police des Frontières et que le processus généralement très long pour obtenir un ordre de réquisition a été grandement abrégé.

L’avocat Mohammed Dahleh, qui représentait les propriétaires de l’hôtel à l’époque, dit que le commandant Lévy a proféré des menaces, disant que si les propriétaires n’étaient pas d’accord pour héberger la Police des Frontières au dernier étage, tout le bâtiment serait déclaré Propriété d’un Absent et confisqué. Ce que Lévy dément.

Un grand nombre de Palestiniens affirment que la Police des Frontières est devenue un élément qui fait la politique de Jérusalem-Est. La Police des Frontières décide ce qui doit être démoli et son personnel enquête sur les lieux où la terre est propriété juive et aide à les surveiller.

Ce que démentent catégoriquement la Police d’Israël et la Police des Frontières : "Nous appliquons seulement les ordres et agissons en vertu de la loi" dit la police.

Un des exemples les plus parlants cités par les Palestiniens est le village de Walalah, situé pour moitié dans la zone municipale et pour moitié dans le territoire de l’Autorité Palestinienne.

Benny Cohen, un commerçant juif qui dit avoir acheté de la terre dans la zone du village et avoir l’intention d’y construire un quartier, a été vu traversant le village en compagnie de Policiers des Frontières, au plus grand déplaisir des habitants.

Barghout, un villageois, dit que Cohen était présent même quand il (Barghout) a été interrogé par le commandant Lévy au checkpoint 300 entre Jérusalem et Bethléem.

Lévy ne se rappelle rien de tel. "Si lui (Cohen) était là, c’est qu’il devait y être comme suspect ou pour interrogatoire" dit Lévy.

Lévy confirme bien, pourtant, que Benny Cohen bénéficie de l’aide de la Police des frontières et que c’est à leur mutuel bénéfice : "Cohen est venu chez nous et a déclaré que des gens étaient en train de construire sur sa terre de Walalah » raconte Lévy.

"Nous avons envoyé des enquêteurs sur le site avec lui, avec du personnel du ministère de l’Intérieur. Les responsables du Ministère de l’Intérieur ont dit que la terre n’étaient pas à lui, qu’elle appartenait à des Arabes, et que les travaux de construction y étaient illégaux.
Nous avons alors cessé de nous occuper de cette affaire ; après, quand on nous a donné pour tâche d’enquêter pour trouver quel était le village illégal, nous avons aussi demandé à Benny Cohen ce qu’il savait de ce village et il nous a donné des informations. Je l’ai rencontré deux fois, c’est tout"


Du point de vue de Lévy, Cohen a été d’une grande aide dans une enquête importante parce que, dit Lévy, trois terroristes en route pour Jérusalem passaient par Walalah. Naturellement, cette opération n’est pas perçue de la même façon par les habitants du village.



Le point de vue différent de King

Tandis que la Police des Frontières envisage la situation à travers le prisme de la sécurité, Aryeh King envisage de façon complètement différente la question de la propriété des Absents.

En vérité, lui aussi, comme la Police des Frontières, parle de vol massif de terre, mais sa préoccupation est différente.

La propriété des Absents, dit-il, appartient tout simplement à l’état et constitue les réserves de terres de Jérusalem. Si on laisse passer cette terre, les Juifs ne pourront vivre nulle part à Jérusalem.
Par conséquent il garde un œil sur la terre des Absent de la ville, transmettant comptes-rendus et rapports à l’administrateur, et le pressant d’agir.

C’est pourquoi lui, et toutes les associations juives de Jérusalem-Est avec, pensent que l’échec de l’application de la Loi sur la Propriété des Absents depuis des années a été une faute, la décision du comité Sharansky était logique et l’initiative de Mazouz idiote.

Sharansky, on peut l’affirmer au, est d’accord, et pas seulement à cause de ce que son assistante a déclaré sur les rencontres qu’il a avec les activistes des associations,

C’est aussi parce que Avi Maoz qui a été pendant des années le bras droit de Sharansky, qui a servi comme directeur général de l’Industrie et Ministre de l’Industrie et du Commerce, et au ministère du Logement a été aussi une importante personnalité d’Elad.

Benny Cohen aussi, a probablement le même bagage.
Le directeur général de sa compagnie, Givat Yael, qui se prépare à construire des milliers d’unités d’habitation près de Walalah, n’est autre que Meir Davidson qui a été une personnalité importante d’Ateret Kohanim (N.T : Université religieuse de Jérusalem) au début des années 90.

Sous Davidson, cette association était derrière la prise de contrôle par les juifs et par des moyens suspects de propriétés arabes de la Vieille Ville de Jérusalem, ce qui a été durement critiqué dans le rapport de la Commission Klugman en 1992.

A la suite de ce rapport, le premier ministre Yitzhak Rabin avait décidé de suspendre l’application de la Loi sur la Propriété des Absents à Jérusalem-Est.

King, n’en continue pas moins à parcourir Jérusalem-Est en quête de sites susceptibles d’être propriétés d’Absents. Il n’est rien moins que méticuleux, fouillant le Registre de la Terre et les archives municipales et restant en contact étroit avec l’administration de la propriété des Absents.

"Comment sait-on qu’une personne donnée est Absente, que cet endroit en particulier appartient à un Absent ?" demande King tout en expliquant sa méthode, "c’est quand il fait une transaction."

Dans ce cas, la transaction doit être enregistrée au Registre de la Terre et le permis de construire doit être accordé par la municipalité, alors King entre en action. Il passe en revue les listes, trouve les Absents, recherche toutes les terres enregistrées à leur nom et avec ces informations approche les autorités de l’état, et leur dit : "Prenez-les, c’est à vous".

Et que fait l’Etat ?

King : "Rien. Pas depuis cette décision d’il y a bientôt douze ans (celle de Rabin)"

- De qui vous tirez vos informations ?

King : De l’administrateur de la propriété des Absents. Je dois avoir ici un exemple de lettre que je lui ai envoyée. On ne s’y trompe pas ici. Si quelqu’un demande un permis de construire, je vérifie tout.

- Comment savez-vous qu’il y a une telle demande ?

King : Je vois la demande quand elle la Gazette du Gouvernement la publie.

- Alors vous parcourez constamment la Gazette du Gouvernement ?

King : Là où je sais déjà qu’il y a beaucoup d’Absent – je connais les blocs où il y a de telles situations – je prends le nom et je fais des recherches.

- Que se passe-t-il quand vous trouvez le nom d’un Absent ?

King : Ils annulent la vente

King ne se satisfait pas de son succès à bloquer les ventes de terres pour les Arabes de Jérusalem-Est.
Au contraire ; il se sent frustré.

En vérité, l’administration a introduit une notification pour les Absents à propos de la propriété concernée, mais depuis la décision du gouvernement Rabin, les propriétés n’ont pas été transférées à l’autorité du Développement, qui fait partie de l’Administration des Terres d’Israël.

En bref, l’état ne peut pas se servir de cette terre pour construire de nouveaux quartiers (pour des habitants juifs, évidemment). Ce n’est de l’autorité de l’administrateur que sur le papier.

"Ce qui est arrivé, à cause de cette malheureuse décision, c’est que même si nous trouvions une propriété d’Absent et allions voir l’administrateur, il introduisait une notification. Ca n’a pas bougé sur le terrain." se plaint King.

"Les Arabes ont exploité la situation – qu’ils connaissaient – et sont allée en ville. Ils se sont emparés de tout ce qui était enregistré comme propriété des Absent et ont construit puis vendu.
Avez-vous idée du nombre de lots qui m’ont été proposé - en terre des Absents ?
Un quart d’heure avant votre entrée, quelqu’un m’a appelé et m’a offert de la terre à Jabel Mukhaber là où je meurs d'envie d’acheter, en bordure du quartier Tapiot à l’Est de Jérusalem d’après 1967."

- Pourquoi n’avez-vous pas acheté ?

King : Si je l'achète, une notification sur l’Absent sera introduire et la terre sera confisquée. Si je l’achète, l’état viendra et en confisquera la propriété

Ainsi vous avez demandé que la loi sur la Propriété des Absents soit restaurée et que la terre soit transférée à l’Autorité du Développement ?

King : Demandé ? Nous le demandons depuis des années

- Et la décision de l’été dernier était aussi une réponse à votre requête explicite ?

King : Quelle requête ? Du jour où la décision a été prise il y a douze ans, la pression s’est exercée sur quiconque, dans l’éventail politique, a la moindre influence. Parce que ça signifie la perte des réserves de la terre d’état. C’est ça tout simplement.
La décision aurait pu être prise tout aussi facilement il y a quatre ans. Aussi longtemps qu’il y a eu un gouvernement de droite, c’est ce qui se passait.
Mais bon, il se trouve que ce sont des considérations politiques.


C’est donc la demande des colons juifs qui a conduit à la décision de Sharansky en juillet 2004 ?

King : Non, au contraire. De mon point de vue, ce sont les institutions de l'Etat elles-mêmes qui se trouvaient derrière la demande de revenir à la situation précédente – l’administrateur de la propriété des Absents, l’Administration des Terres d’Israël. Et aussi, de mon point de vue, la municipalité de Jérusalem aussi. Ca a coïncidé avec le moment de la bataille pour le plan de (l’architecte Moshe) Safdie.
Tous les groupes "Verts" se sont opposés à ce plan, d’étendre la ville à l’ouest. Ils recherchent une alternative , et où pourraient-ils en trouver ?
Jérusalem doit s’agrandir. L’alternative, ce sont les terres d’état ."



Mais si ces terres sont transférées à l’état, elles seront vendues par adjudication publique. Quel profit en tireront les colons juifs ?

King : "Nous n’avons pas à gagner. Nous voulons que l’état gagne".

Faites-vous confiance à l’état pour construire des quartiers pour les juifs ?

King : "Construire un quartier pour les Juifs ou utiliser la terre pour autre chose - un théâtre, un amphithéâtre – peu importe.

- Du moment qu’on ne s’en sert pas pour une construction arabe ?

King : "Les Arabes ont… Y-a-t-il un manque de terres pour que les Arabes construisent ? Ils ont un plan d’aménagement pour 20 000 logements

Source : Haaretz

Traduction : CS pour ISM

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