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Gaza -

Des murs d’aciers ne contiendront pas la lutte pour la liberté

Par

Hasan Abu Nimah est l’ancien représentant permanent de la Jordanie aux Etats-Unis. Cet article est d’abord paru dans The Jordan Times et est publié sur EI avec la permission de l’auteur.

Comme si le siège de Gaza n’était déjà pas assez ignoble, Israël et l’Egypte s’acharnent à resserrer la prison qui contient les 1,5 million de Gazaouis. Selon des articles récents, l’Egypte est en train de construire un mur, le long de ses 10kms de frontière avec la Bande de Gaza. Apparemment, ce mur ne s’élève pas seulement au-dessus du sol, mais plonge profondément dans le sol pour tenter d’empêcher les Palestiniens de creuser les tunnels qui assurent la survie du territoire.

Des murs d’aciers ne contiendront pas la lutte pour la liberté


Photo du nouveau mur en construction à la frontière Gaza-Egypte (photo Al-Masry Al-Youm)

Dès juillet 2008, le quotidien israélien Ha’aretz rapportait que l’Egypte engageait des consultations avec le Corps des Ingénieurs de l’armée US sur le projet, et selon des informations récentes, les USA sont impliqués dans ce plan cruel pour isoler davantage la population de Gaza et violer leurs droits, en tant que population occupée, selon la 4ème Convention de Genève.

On sait bien que les Palestiniens ont creusé des centaines de tunnels pour contrer le siège actuel de Gaza et pour importer d’Egypte les nécessités de base, puisque tous les points de passage de Gaza, du côté égyptien comme du côté israélien, sont systématiquement fermés depuis près de trois ans.

Normalement, la contrebande est illégale, fait honte et incrimine ceux qui la pratiquent. Pourtant, dans le cas de Gaza, où une population assiégée est obligée de se comporter comme des taupes et de creuser profondément le sol pour importer ses produits vitaux, du kérosène ou de l’huile de cuisine – utilisée aussi pour les voitures – jusqu’au bétail, elle est un affront au soi-disant monde civilisé, mais plus spécifiquement au monde arabe qui tolère le blocus mortel et l’humiliation imposés aux Palestiniens.

Si le siège est un acte d’agression et de guerre, alors le briser par tous les moyens est un acte d’autodéfense et de résistance. L’histoire relate les luttes populaires de libération et d’indépendance contre toute forme de répression ou d’agression comme héroïques et honorables.

Chaque nation est fière de ces actes passés et de la réussite de sa lutte pour ses objectifs nationaux, comme de ses victoires et de ses réalisations héroïques, peu importe combien de guerres, de violence, d’effusions de sang, de morts et de destructions ont été nécessaires. Pourquoi les Palestiniens devraient-ils être constamment punis, par leurs amis comme par leurs ennemis, parce qu’ils cherchent simplement leur dignité, leur libération, leurs droits usurpés et leur liberté ? Des dizaines de Palestiniens ont donné leur vie à creuser et à exploiter les tunnels dangereux, mais vitaux.

Les Palestiniens ont longtemps été condamnés comme “terroristes”. En comparaison, les Israéliens sont ceux qui toujours, dans toutes les circonstances, ont agi en « auto-défense » contre les « agressions » palestiniennes. Pour Israël et ses partisans, l’expulsion illégale des Palestiniens de leur patrie n’est pas de l’agression ou du terrorisme. L’occupation continue de la Cisjordanie , aujourd’hui dans sa cinquième décennie, n’est pas une agression. L’étranglement de Gaza n’est pas une agression. L’emprisonnement de plus de 10.000 Palestiniens n’est pas une agression. L’occupation des terres syriennes depuis 1967 n’est pas une agression. Les incursions quotidiennes dans les villes et villages palestiniens pour arrêter ou assassiner des Palestiniens ne sont pas une agression. Pas plus que les guerres dévastatrices qui ont causé la mort de milliers de civils, contre le Liban (2006), contre Gaza (2008/09) et les raids aériens contre la Syrie ne sont des formes d’agression. Mais les représailles ou la résistance à n’importe lequel de ces actes sont du « terrorisme ».

Le prétexte pour le siège de Gaza, israélien, égyptien, arabe ou international, est le prétendu « coup d’Etat » du Hamas contre l’Autorité palestinienne « légitime » de Ramallah en juin 2007, et les roquettes du Hamas tirées sur Israël. Il y a un autre « crime » du Hamas, la détention d’un seul prisonnier de guerre israélien. Bien qu’il ait été prouvé maintes et maintes fois qu’il n’y a pas eu coup d’Etat du Hamas, mais de fait une action d’une autorité légitimement élue pour faire avorter un coup d’Etat. Bien que le Hamas n’ait tiré aucune roquette pendant le cessez-le-feu qu’Israël a violé en novembre 2008, et que le Hamas ait décidé d’une trêve unilatérale même quand Israël continuait ses attaques et ses invasions de Gaza.

Mais supposons que le Hamas mérite toutes ces punitions, et d’autres encore, pourquoi les 1,5 million d’innocents Gazaouis devraient-ils être collectivement punis en même temps qu’eux ? La population de Gaza doit-elle se contenter de rester assise à regarder ses enfants mourir de faim ? N’est-ce pas un devoir moral et une nécessité existentielle, pour tout peuple, de lutter pour sa dignité et sa survie ? Pourquoi ces droits ne seraient-ils refusés qu’aux Palestiniens ?

S’il est vrai que l’Egypte soit en train de construire le mur d’acier – elle l’a nié en dépit d’autres affirmations par ailleurs – ce sera à l’évidence une mesure honteuse de soumission aux pressions étasuniennes et israéliennes.

Pour mettre fin à la « contrebande » à Gaza, il y a un moyen moins coûteux et plus facile que la construction de plus de murs cruels et futiles : ouvrir le terminal de Rafah pour la nourriture et les besoins domestiques, les matériaux de construction et les approvisionnements énergétiques et insister pour qu’Israël ouvre ses carrefours qui relient Gaza au reste du pays.

Pour Gaza, les alibis peuvent être les roquettes ou les tunnels mais en fait, le resserrement du siège de Gaza fait partie de l’acharnement d’Israël à assiéger la population palestinienne toute entière dans les territoires occupés. Depuis plus de 40 ans, les Palestiniens de Cisjordanie occupée vivent sous un siège de plus en plus hermétique. Tout d’abord, leur liberté de mouvement à l’intérieur et à l’extérieur du territoire occupé a été sévèrement restreinte et plus tard – en particulier pendant les années du soi-disant « processus de paix » - l’occupant a imposé des barrières intérieures qui ont rendu virtuellement impossible de passer d’une ville à une autre sans rencontrer un des centaines de barrages routiers et de checkpoints qui ont transformé la Cisjordanie en une série de ghettos encerclés par des colonies en expansion. Et enfin, il y a le mur d’apartheid illégal – dans lequel des Palestiniens courageux et héroïques ont récemment fait plusieurs brèches, démontrant qu’aucune quantité de béton ou d’acier ne peut venir à bout du désir humain de libération.


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