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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Le raccourci vers la paix

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Parce qu'il est généralement accepté par la soi-disant « communauté internationale » que le Hamas est une menace majeure pour Israël, et aussi pour la paix et la sécurité du monde, la France a envoyé une frégate pour participer à un nouveau blocus de la Bande de Gaza. Le Sunday Times a rapporté que les vaisseaux de guerre US à la recherche des pirates dans le Golfe d'Aden ont reçu pour instruction de traquer les envois d'armes iraniennes (25 janvier). Beaucoup d'autres états européens ont offert leurs navires pour assistance. En effet, la résolution 1860 du Conseil de Sécurité des Nations Unies a mis l'accent sur la nécessité d'empêcher le trafic illicite d'armes et de munitions.

Le raccourci vers la paix


Malheureusement aucun pays européen n'a offert d'envoyer ses navires pour apporter de l'assistance humanitaire aux milliers de personnes blessées, affamées, dans le froid et sans abri dans Gaza à cause de l'attaque israélienne. Peut-être qu'aider des enfants en train de mourir de brûlures dues au phosphore blanc, ou juste au manque d'eau propre, serait vu comme un soutien au « terrorisme ».

L'hypothèse perverse derrière toutes les offres d'aide à Israël semble être que le Hamas et les autres groupes de résistance à Gaza tirent des roquettes sur Israël parce que les roquettes sont disponibles. Aussi, la logique veut que la paix prévale si la fourniture en roquettes était diminuée.

Une autre hypothèse étrange est que le Hamas importait librement les roquettes d'Iran ou d'ailleurs parce que les frontières de Gaza étaient ouvertes et libres de tout contrôle.

C’est ignorer le fait que depuis qu'Israël s'est « désengagé » de Gaza au cours de l'été 2005, le territoire côtier n'a jamais plus eu un accès libre au monde extérieur. Gaza a été sous différentes formes de siège et de blocus par terre, par mer et par air. Les pêcheurs n'étaient même pas libres de pêcher sans attaques constantes de la marine israélienne.

Le point de passage de Rafah reliant Gaza à l'Egypte est resté fermé sur l'insistance d'Israël jusqu'à ce qu'un régime de surveillance israélienne rapprochée et stricte, avec des surveillants européens agissant pour le compte d'Israël, soit établi.

Si le Hamas, en dépit du blocus et du boycott financier et diplomatique total avait réussi à importer autant de roquettes ou de matériels pour les faire, quel niveau de siège futur garantirait maintenant une fin de l'importation des armes ?

Mais la question évidente morale et légale est pourquoi la « communauté internationale » a mobilisé ses navires et ses efforts politiques pour protéger l'agresseur, préserver l'occupation, et refuser aux victimes tous les moyens de se défendre elles-mêmes. S'ils ne veulent pas que les Palestiniens résistent, pourquoi n'affrontent-ils pas eux-mêmes l'agresseur et n'obligent-ils pas à la fin de l'occupation, du siège et de la dépossession ?

Dans le passé récent, quand la guerre éclatait dans une région, la réponse immédiate était souvent d'imposer un embargo sur les armes de tous les côtés. Mais quand la population sans défense de Gaza a été attaquée par l'armée la plus puissante de la région, tous les appels ont été pour empêcher les victimes de se défendre elles-mêmes. Pendant ce temps, des fournitures incessantes d'armement sophistiqué étaient envoyées à l'occupant en dépit de sa domination déjà massive et des attaques indiscriminées et criminelles sur les civils.

Sans diagnostic objectif et audacieux des racines du conflit, il n'y a aucune chance pour un traitement effectif. Malheureusement cette leçon n'a jamais été apprise, même si elle a été écrite à maintes reprises avec beaucoup de sang innocent.

Quand les Palestiniens ont débuté leur premier soulèvement non armé en 1987, 40 ans après leur expulsion de leurs maisons et 20 ans après que la brutale occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza commence, ils n'avaient pas de roquettes ; ils avaient seulement des pierres pour affronter les forces d'occupation lourdement armées. Israël a utilisé ses fusils et ses sadiques briseurs d'os contre des manifestants non armés en tuant plus de 1500 personnes et en en blessant des dizaines de milliers dans ses efforts vains pour écraser ce soulèvement. Ce sont seulement les accords d'Oslo en 1993 qui ont rendu possible de mettre une fin à ce soulèvement.

Le Hamas, comme mouvement de résistance, est né en 1988. Israël désespérant de briser le monopole politique de l'Organisation de Libération de la Palestine comme unique représentant du peuple palestinien, a tacitement permis au Hamas de prospérer.

Avant qu'aucun Palestinien ne tire un seul coup de feu au début du second soulèvement en septembre 2000, Israël avait déjà tiré sur des dizaines de manifestants désarmés. Les Palestiniens ont bien appris ces leçons : Israël répondra à toute tentative de paix avec une force mortelle, aussi autant se préparer à résister.

Nous devons nous souvenir de ces faits pour comprendre la pure folie et le détachement de la réalité de la politique internationale aujourd'hui. La tendance a été de choisir comme « cause » du conflit pour être abordée seulement ce qui est politiquement convenable et facile, que ce soit juste ou faux, juste ou injuste, légal ou illégal. Le point de départ de l'histoire est choisi non pas en fonction de l'origine du problème, mais en fonction du point qui convient au récit du plus fort.

Il est absolument trompeur et malhonnête de prétendre -comme beaucoup le font maintenant-que la somme totale du conflit israélo-palestinien est une confrontation sur ce que le Président au mandat expiré de l'Autorité Palestinienne et marionnette d'Israël Mahmoud Abbas a qualifié de « roquettes stupides ». Prétendre que l'arrêt de la fourniture de roquettes va faire une différence sur le cours du conflit qui résulte d'une dépossession historique -la Nakba- d'une nation entière, et son remplacement par un état raciste et crapule qui a exilé, occupé et massacré les survivants pendant 61 ans est le comble de l'illusion.

Il est commode pour l'occupant et l'agresseur d'oublier toutes ces choses et de parler seulement des roquettes. Et c'est pratique pour les couards qui se prétendent diplomates et n'osent pas dire la vérité.

Ne devrions-nous pas reconnaître – s'il y a un réel désir de résoudre ce conflit- que la résistance ne tire pas de roquettes juste parce qu'elle en a, et qu'Israël ne perpètre pas ses massacres barbares juste parce qu'il veut les arrêter ? Ne devrions-nous pas reconnaître l'indiscutable vérité que le Hamas n'a pas rompu la trêve, mais qu'Israël l'a fait quand il a attaqué à travers la frontière le 4 novembre en tuant six Palestiniens ? Le Hamas ne refuse pas de renouveler la trêve -comme Abbas et les officiels égyptiens l'ont confirmé. Tout ce qu'il demandait était que l'arrêt des meurtres soit étendu à la Cisjordanie (ce qu'Israël a refusé) et que le siège draconien qui était en train de tuer à petit feu les Palestiniens à Gaza soit levé. N'avons-nous pas tous appris que le blocus est un acte d'agression et que l'occupation légitime la résistance ?

Les navires de guerre que l'Europe envoie pour surveiller les détenus du ghetto de Gaza ne sont pas des manifestations de force, et ne sont pas - ni les récentes déclarations choquantes du Chef des Affaires Humanitaires de l'Union Européenne Louis Michel à Gaza reprochant au Hamas les crimes d'Israël le 26 janvier - les actes d’une diplomatie responsable à la poursuite de la paix et de la stabilité ; ils sont une nouvelle prescription, si ce n'est un clair aval pour de futurs crimes de guerre sanglants. Ils sont le signe d'une faiblesse morale et d'une corruption sans parallèle depuis que les Européens restaient silencieux dans les gares et regardaient leurs compatriotes qui étaient conduits dans les trains nazis.

Qui aurait pu penser qu'au 21ème siècle de telles choses auraient besoin d'être dites – et à ceux dont nous pensions qu'ils avaient surmonté leur terrible histoire ? Mais le silence n'est pas, et ne doit pas être une option. Depuis des années nous avons dit que nous devions apprendre de l'épisode le plus sombre dans l'histoire de l'Europe, mais que nous ne devions jamais faire de comparaisons avec lui de peur de diminuer son énormité. Mais les atrocités horribles dans Gaza, dont un officiel israélien avait fièrement prédit en mars dernier qu'elle serait « un plus grand holocauste », nous oblige à mettre de côté nos réserves.

Il y a un raccourci vers le calme, l'élimination de la violence et éventuellement la paix. C'est une leçon qui devrait être apprise depuis de nombreuses années, et sans compter les milliers de vies perdues : la justice.

Source : Electronic Initifada

Traduction : MM pour ISM

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