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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

L’échec moral de Ban Ki-moon

Par

Hasan Abu Nimah est l'ancien représentant permanent de la Jordanie à l'Organisation des Nations Unies. Cet essai est paru d’abord dans The Jordan Times et est republié avec la permission de l'auteur.

La semaine dernière, selon le site d'informations de la BBC en Arabe, un rapport a été soumis au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, sur l'ampleur des destructions infligées par Israël aux installations des Nations Unies dans la Bande de Gaza. Cela a également été mentionné dans le journal d’information de BBC News, le 1er Mai, mais je n'ai trouvé aucune trace de cette histoire ailleurs.

L’échec moral de Ban Ki-moon


Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, lors d'une conférence de presse dans la ville de Gaza à l'extérieur du Siège de l'ONU, encore fumant suite au bombardement par Israël du bâtiment, le 20 Janvier 2009. (Wissam Nassar / MaanImages)


La brève déclarait que le rapport de l'ONU contient des informations secrètes fournies par Israël à propos d'un incident au cours duquel plus de 40 civils palestiniens ont été massacrés lorsque des obus israéliens sont tombés "à l’extérieur" d’une école de l'ONU où de nombreux Palestiniens s’étaient réfugiés.
Le secrétaire général examinerait la quantité d’information pouvant être publiée sans révéler les informations fournies par Israël, disait la brève, en ajoutant que le rapport de l'ONU avait conclu que les combattants du Hamas ne se trouvaient pas à l'intérieur des bâtiments des Nations Unies, mais juste à côté.

En commentant le rapport, la BBC déclarait qu'elle avait été informée par une source diplomatique, que les États-Unis avait informé le bureau de Ban que le rapport ne devrait pas être publié dans son intégralité en raison des problèmes que cela pourrait causer aux négociations de paix au Moyen-Orient, en d'autres termes (en fait, les miens) à Israël.

L’objet ici n’est pas de juger prématurément un rapport non publié - en dépit d'une erreur manifeste en ce qui concerne les bombardements "à l’extérieur" du bâtiment de l'ONU qui a été gravement endommagé -, ni de prédire quelle quantité d’informations sur ce rapport le secrétaire général décidera-t’il enfin de publier.

(Alors que nous préparions la publication de cet article, des détails sur le rapport de l'équipe d'enquête des Nations Unies ont été publiés. Cette enquête, menée par Ian Martin, un ancien directeur d'Amnesty International, accuse Israël de n’avoir pas protégé les installations des Nations Unies et les civils, rejètte comme "fausses" les affirmations israéliennes disant que les combattants du Hamas avaient tiré depuis les bâtiments de l'ONU, tient pour responsable Israël pour l’ensemble des morts et blessés dans six des neuf incidents, et appelle à une enquête sur de possibles crimes de guerre. Ban a rejeté les appels à poursuivre l’enquête, mais a demandé à Israël de payer 11 millions de dollars en réparations pour les dommages causés à l'ONU.)

Mais nous ne pouvons oublier les jours sombres qui viennent de s'écouler, quand Israël a massacré des gens innocents dans la bande de Gaza et que le monde s’est tenu à ses côtés, en blâmant même le Hamas - qui avait scrupuleusement observé un cessez-le-feu négocié jusqu'à ce qu’Israël le brise – pour avoir provoqué l'apocalypse.

Alors que les bombardements israéliens commençaient à se calmer, Ban a décidé de se rendre à Gaza. Cela a fait naître l'espoir que l'ONU avait finalement décidé d'agir avec courage et responsabilité. Gaza avait été interdit aux personnalités internationales parce qu’une prétendue organisation terroriste politiquement contagieuse avait pris le contrôle des lieux et que personne n'est censé se risquer à avoir des contacts avec elle, même si des considérations humanitaires impérieuses le requièrent.

Eh bien, le secrétaire général a décidé, le 20 Janvier, de défier les règles et d’aller à Gaza. Mais son courage n’est allé que jusque là. Son convoi hautement protégé l’a emmené directement au bâtiment encore fumant de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), dont les entrepôts de vivres et de carburant avaient été détruits par les attaques israéliennes ainsi que leur contenu. Il a dû remarquer que la destruction massive ne pouvait avoir causée par des «bombardements à l’extérieur du bâtiment".
«Je suis consterné", avait-il dit, "Tout le monde sent encore l'odeur de ce bombardement. Il brûle encore. C’est une attaque scandaleuse et totalement inacceptable contre les Nations Unies."

Ce flash de la colère a été limité uniquement aux installations de l'ONU. Il a parlé comme si le reste de la bande de Gaza - où plus de 7000 personnes ont été tuées ou blessées, et que des milliers de maisons, d’écoles, de mosquées, d’universités, de postes de police et de bâtiments publics ont été détruits - n'existait pas, ou n’était pas la préoccupation des Nations Unies .

Reparti dans son convoi, il n'a pas pris la peine de s'arrêter et de parler à l'une des victimes d’Israël : les familles qui venaient juste de sortir de sous les décombres les restes de leurs proches ou avec ceux ayant des blessures horribles dans les hôpitaux de Gaza débordés. Ce sont pour ces mêmes personnes, les réfugiés palestiniens, que l'ONU est dans Gaza et qu’elle doit aider, mais semble-t-il, il n’avait pas de temps à leur consacrer.

Cependant, Ban a déclaré qu'il avait "condamné, dès le début de ce conflit, l'usage excessif de la force par les forces israéliennes dans la bande de Gaza», et a ajouté "je considère que les tirs de roquettes sur Israël sont totalement inacceptables." Il a également dit qu'il allait envoyer une équipe d’estimation des besoins humanitaires dirigée par le coordinateur spécial des Nations Unies.

En réalité, ce qu’il disait, c’est qu’il trouvait l'attaque d'Israël contre Gaza parfaitement acceptable, mais qu’il n'était pas d'accord avec le nombre de bombes larguées par les avions israéliens. En effet, il aurait dû préciser le nombre exact d’enfants morts, le nombre de maisons démolies, le nombre de victimes brûlées, le nombre de mosquées détruites, qu’il ne tolérerait pas parce que "excessifs".

Est-ce que la moitié du nombre de tués et la moitié des dommages infligés auraient été suffisants, ou peut-être un tiers? Il serait utile aux deux parties qu’elles le sachent afin que les Israéliens limitent leurs meurtres aux quotas spécifiés par l'ONU, et les habitants de Gaza connaitraient le nombre d’entre eux qui devraient se sacrifier pour le massacre sacré approuvé par l'ONU.

Donc pour Ban, les bombardements israéliens sont bien - mais il aimerait peut-être en voir un peu moins. Mais, en accord avec ses maîtres politiques, il considère que les Palestiniens n’ont pas droit à toute forme d'auto-défense contre l'occupation israélienne, l'agression constante et le siège mortel des Israéliens, soutenu par la communauté internationale, avec les moyens qu'ils ont à leur disposition.

Afin de maintenir le faux sentiment de juste milieu entre l'agresseur et la victime, Ban s’est rendu dans la colonie israélienne de Sderot. Quand il a patiemment inspecté les cicatrices laissées par les roquettes du Hamas qui ont tué un total de trois Israéliens, il a déclaré : "les projectiles sont des armes aveugles, et les attaques du Hamas sont des violations du droit humanitaire de base."

C’est le même Ban interdiction qui n'a pas invoqué une seule fois le droit concernant les violations massives et incessantes d’Israël.

Il faut également noter que les roquettes tirées par les factions de la résistance palestinienne ne sont pas tellement "aveugles" puisqu’elles ne sont pas guidées. Il n'y a aucune raison de penser que si les Palestiniens avaient accès aux systèmes de guidage fournis par les Américains que possède Israël, ils ne viseraient pas les bases militaires israéliennes (en fait, ils ont essayé de le faire que, bien que la censure militaire israélienne ne permette pas d’effectuer des reportages sur les frappes contre ses installations militaires).
D’autre part, les bombardements israéliens, comme ne l’a pas noté Ban, sont très discriminatoires – en visant délibérément des maisons et des bâtiments civils.

A Sderot, Ban a également exhorté Israël de mettre fin à son blocus paralysant contre Gaza, mais pas parce que le blocus est une violation flagrante du droit international, des conventions de Genève, qu’il est inhumain et injuste. Non, il s'est seulement inquiété au sujet du fait que le blocus pourrait permettre le renforcement du Hamas, sinon comme les doses mesurées de bombardements, il serait parfaitement bien.

Ban aurait dû inspecter la destruction dans la bande de Gaza, et rendre visite et passer du temps avec les victimes palestiniennes d'Israël avant de mettre le pied dans un bâtiment des Nations unies. Mais il semble qu'il ait effectivement évité cela afin d'envoyer le message qu'il n’avait aucune sympathie pour les «terroristes» ou pour les personnes accusées de les héberger, afin de s’immuniser de toute critique de la part d'Israël et de ses troupes d’apologistes.

Il a certainement vu l'exemple du rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l'homme, le professeur émérite de Princeton et expert en droit international, Richard Falk, qui a été expulsé et calomnié par Israël et l'administration américaine pour avoir exercé loyalement et honnêtement son mandat.

Ce n'est que l'une des nombreuses histoires tristes sur la façon dont le haut dirigeant des Nations Unies a trahi et a échoué dans sa mission. L'ONU ne doit pas exister seulement pour protéger son personnel et ses installations.

Le drapeau de l'ONU devrait à lui seul fournir ce type de véritable protection : une immunité qu’aucun Etat n’ose violer, sans crainte des conséquences. Mais Israël a, à maintes reprises, attaqué les installations des Nations Unies, les écoles, les forces et les équipes de maintien de la paix en Palestine et au Liban en sachant très bien que c’est lui, et non l'ONU, qui jouit de l'immunité pour ses actes. La prochaine fois qu’Israël attaquera des bâtiments de l'ONU, une partie de la responsabilité incombera à ceux qui ont échoué à agir correctement cette fois-ci.

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM

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