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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Deux Etats ou un seul ?

Par

Cette idée horrifie beaucoup d'Israéliens qui la voit comme un complot pour " détruire Israel " puisque le taux de natalité est largement plus élevé chez les Palestiniens ce qui les rendrait rapidement majoritaires entre la Rivière du Jourdain et la Méditérranée, tels qu'ils étaient avant 1948.

Lorsque l'OLP a formellement reconnu Israël avec ses frontieres internationalement reconnues et a donné son accord pour une solution de deux-états en 1993, je l'ai avalé, difficilement, mais je l'ai accepté.

Nous pensions que ce compromis, sans précédent dans l'histoire, quoiqu'amer, était nécessaire pour instaurer la Paix. Ceux qui ont totalement rejeté la création d'un Etat limité à la Cisjordanie et à la Bande de Gaza - seulement 22% du pays dans lequel les Palestiniens étaient une majorité écrasante il y a 50 ans - ont été rélégués en marge du mouvement Palestinien, aussi bien la Gauche que la Droite Islamiste.


Israël a donné l'impression qu'il accepterait un Etat Palestinien et que cela n'était qu'une affaire de formalités techniques. Mais presque 10 ans plus tard, Israël n'a toujours pas reconnu le droit palestinien aux structures d'un Etat et encore moins donné son accord pour la création d'un tel état.

Au contraire, en pratique il a tout fait pour rendre impossible l'émergence d'un tel Etat en continuant de construire des colonies dans toute la Cisjordanie , la Bande de Gaza et Jérusalem-Est. La population des colons en Cisjordanie a plus que doublé depuis 1993, et il n'y a pas un jour sans nouvelle colonisation.


Parce que cette politique a réussi à renforcer le contrôle Israélien, et a, comme prévu, rendu virtuellement impossible une partition rationnelle du pays, un nombre croissant de Palestiniens, incluant quelques représentants de l'Autorité Palestinienne, ont commencé à parler, une fois de plus, d'un état bi-national -

La création d'un seul Etat démocratique pour les Israéliens et les Palestiniens - comme seule solution viable du conflit.


Cette idée horrifie beaucoup d'Israéliens qui la voit comme un complot pour " détruire Israël " puisque le taux de natalité est largement plus élevé chez les Palestiniens ce qui les rendrait rapidement majoritaires entre la Rivière du Jourdain et la Méditérranée, tels qu'ils étaient avant 1948.
Personne n'est plus horrifié par cette perspective que le traditionnel "Camp de la Paix" israélien représenté par les Travaillistes ou le Meretz.

Et pourtant, en raison de ses valeurs libérales, le " Camp de la Paix " est incapable d'accepter un apartheid officiel ou un nettoyage ethnique pour " résoudre le problème démographique " comme le font les partis israéliens de Droite.

Les libéraux veulent à la fois les avantages du privilège Juif qui vient du fait de vivre dans un " Etat Juif " et en même temps être fidèles à leurs valeurs démocratiques. Ils se sont montrés être en échec total moralement, intellectuellement et politiquement, et n'avoir aucune idée sérieuse pour résoudre le labyrinthe de leur hypocrisie.

En théorie ils sont chaleureusement d'accord avec la structure d'un Etat Palestinien mais en pratique ils ne ratent aucune opportunité pour le miner, le saboter et pour présenter des propositions pour une structure d'Etat insensée et symbolique dans un Etat Israélien plus grand.


Je fais partie de ceux qui ont accepté la solution de deux Etats (bien que j'étais opposé aux accords d'Oslo parce que je pensais qu'ils ne pouvaient pas mener à ce but), pas de façon enthousiaste, mais parce qu'ils offraient aux Palestiniens et aux Israéliens un chance d'arriver un jour à la normalité - comme l'Union Européenne - et de construire un avenir de Paix et de prospérité sur les cendres de la guerre et de la haine.

D'ailleurs un schéma légal international existe déjà pour la transition de la situation actuelle vers une structure d'Etat Palestinien, au moins en théorie, rendant le chemin plus facile que toute autre solution.


Pour les Palestiniens, abandonner les 78% de la Palestine qui est devenu Israël en 1948 équivaut à abandonner une part d'eux-mêmes. C'est un vrai déchirement, et pour certains impossible. Je respecte cela. Pour des millions de Palestiniens c'est la terre dont sont issus leurs parents ou leurs grand-parents.

Une société entière a été déracinée de leurs maisons et de leurs fermes, de leurs boutiques et de leurs usines, de leurs églises et de leurs mosquées et a obtenu en échange de décennies d'expropriations, la misère des camps de réfugiés, et sa démonisation par Israël et ses défenseurs. Mais, comme des millions d'autres, j'était prêt à l'accepter pour l'amour de la Paix.


Cependant je reconnais que la solution de deux états deviendra bientôt impossible, si ce ne l'est pas déjà, en raison de la construction implacable des colonies israéliennes. Je crois qu'il pourrait y avoir une dernière chance si Israël est prêt à accepter les règles suivantes :

1) Israël doit reconnaître que les Palestiniens ont déjà fait un compromis historique en acceptant un Etat sur seulement 22% de leurs terres, et que des concessions supplémentaires ne peuvent plus leur être demandé. Israël doit déclarer qu'en ayant conquis 78% de la Palestine en 1948, beaucoup plus qu'il ne leur en avait été attribué par le plan de partage des Nations-Unies en 1947, il a complètement rempli ses ambitions territoriales et qu'il ne doit pas chercher à s'étendre encore plus.

2) Israël doit immédiatement cesser toute construction dans les Territoires occupés, y compris "l'expansion naturelle" et toutes les autres stratagèmes qu'il utilise pour déguiser la poursuite des constructions des colonies. Israël doit immédiatement arrêter la confiscation des terres palestiniennes soit pour construire des colonies, soit pour les routes des colons.

3) Israël doit accepter que le sujet de toute autre négociation est la fin complete de l'occupation de la Cisjordanie , de la Bande de Gaza et de Jérusalem-Est sous une période déterminée et rapide et doit accepter de se retirer sous contrôle international neutre et sous garanties.

4) Israël doit reconnaitre un Etat Palestinien indépendant et souverain dont les frontieres sont celles du 4 Juin 1967, avec quelques modifications mineures et en accord mutuel pour rectifier les anomalies telles que les villages et les routes coupés en deux. Toute terre cédée par une partie sera compensée par une terre d'égale superficie, valeur et usage par l'autre partie, en restant aussi près possible de la terre échangée.

5) Israël doit accepter d'évacuer toutes les colonies des Territoires Occupés, sans exception, y compris les colonies à l'intérieur et autour de Jérusalem-Est occupé.

6) Jérusalem, en tant que ville ouverte, serait la capitale des deux états. Une formule pour partager équitablement le Pouvoir entre les Palestiniens et les Israéliens, qui garantirait l'accès aux lieux saints pour les populations de toutes croyances, et qui remplacerait la " municipalité " illégale d'occupation israélienne imposée à la ville depuis 1967. Cela pourrait être effectué sous différentes formes. Si les Palestiniens acceptent de permettre à quelques colonies de rester à l'intérieur et autout de Jérusalem, Israël doit compenser l'Etat Palestinien et les propriétaires des terrains privés pour la terre, et les colons doivent accepter de vivre comme citoyens palestiniens ou comme résidents permanents sous les Lois Palestiniennes. Si les Palestiniens acceptent que certains colons israéliens puissent rester à Jérusalem-Est, Israël doit accepter de permettre aux Palestiniens de retourner dans leurs maisons à Jérusalem-Ouest dont ils ont été expulsés en 1947-1948.

7) Le sujet le plus difficile est le droit au retour des réfugiés palestiniens, la compensation et la restitution de leur propriété et pour leurs souffrances. Le droit au retour est un droit individuel légal et n'est pas nié par la solution de deux états. En même temps, l'identification d'Israël comme Etat souverain signifie la reconnaissance d'une réalité politique et un avantage qui devra être un facteur pour mettre en place le droit au retour. Il n'est pas difficile d'imaginer des solutions qui se situeraient entre les positions extrémistes des deux parties et qui tiendraient compte à la fois des intérêts israéliens et fourniraient aux réfugiés palestiniens des choix réels, y compris leur retour dans leurs propres maisons, comme cela est rendu obligatoire par la Résolution 194 des Nations Unies. Les Palestiniens pourraient, par exemple, se mettre d'accord entre-eux sur un système de priorité où ceux dont le plus grand besoin est le retour pourrait le choisir d'abord (parmi les choix, les réfugiés Palestiniens dont la maison n'existe plus, il pourrait leur être offert une maison dans une colonie israélienne évacuée). Israël ne pourra pas s'en tirer avec une simple reconnaissance symbolique des droits des réfugiés Palestiniens mais ne pourra pas non plus accueillir instantanément des millions de réfugiés comme dans le scénario " cauchemar " israélien. Un compromis peut être atteint par des négociations et une médiation internationale.

La propriété privée palestinienne reste inviolable et toutes les propriétés saisies par Israël, même celles de ceux qui ne choisissent pas le retour, doivent être rendues à leurs propriétaires ou payées au juste prix du marché, y compris les intérêts. Le Secrétaire d'Etat au Trésor de l'Administration Clinton, Stuart Eizenstat, a exposé quelques principes sensibles pour traiter les propriétés confisquées des Juifs Européens et des autres par les Nazis allemands, qui pourraient être adoptées ici. Les mêmes principes pourraient être appliqués à tout Juif qui serait forcé de quitter les Etats arabes en raison du conflit Arabo-Israélien.

Ces conditions représentent un énorme compromis historique. Elles appellent à deux Etats, un Israël Juif sur 78% du territoire de la Palestine historique et un état de Palestine sur seulement 22%. Elles appellent à une pleine identification d'Israël dans des frontières sûres et reconnues, l'application des résolutions des Nations Unies, partageant Jérusalem et une résolution juste au problème des réfugiés qui respecte les droits des réfugiés tout comme les besoins d'Israël.

Sur ces bases, les Israéliens, les Palestiniens et peut-être plus tard les Jordaniens , les Egyptiens, les Libanais et les Syriens pourraient après quelques générations ressentir le besoin de s'unir dans un système du type Union Européenne. Cela serait un choix libre effectué par des populations souveraines. Je pourrais vivre avec cela, et, bien que je ne parle qu'en mon propre nom, je crois que d'autres Palestiniens le pourraient également - en effet, c'est ce que des millions d'entre eux pensaient et approuvaient lorsqu'ils ont élu Yaser Arafat comme Président de l'Autorité Palestinienne.

Le problème est qu'il n'y a aucun parti ou leader important israélien qui est disposé à donner une telle vision au peuple Israélien. Même le plus " pacifiste " veut garder la majorité des colons là où ils sont, annexer de grandes parties de la Cisjordanie , garder le contrôle sur la majeure partie de Jérusalem, et rejette catégoriquement toute discussion sur le droit au retour.
Aucun geste n'est effectué en contre-partie des compromis énormes déjà effectués par les Palestiniens, il nous est demandé encore plus. Le sociologue israélien Jeff Halper affirme qu'il est déjà trop tard et que la " matrice de contrôle " d'Israël dans les Territoires Occupés ne peut pas être démantelée. Si Halper a raison, rien de ce que dira tout leader israélien ne pourra sauver la solution de deux états. Mais s'il se trompe et que cela peut être sauvé, le temps est très limité et nous devons entendre maintenant un engagement des Israéliens pour en terminer complètement avec l'occupation. Après tout, ils sont les principaux bénéficiaires de cette solution.

Le monde entier attend. Non seulement le monde Arabe qui a encore tendu la main à Israël en mars dernier quand la Ligue Arabe a réaffirmé son engagement pour une solution de deux états.

Malheureusement, le terrain politique en Israël semble incapable à produire quelqu'un qui saisirait cette opportunité en or. Je crois, cependant, qu'Israël manquera probablement le bateau de la solution de deux états, et nous aurons à réfléchir sur ce que sera de vivre ensemble dans un seul état, et comment y obtenir la Paix parce qu'aucun plan de route n'existe. Pour moi, ce n'est pas une mauvaise chose. Je n'ai aucun problème avec l'idée de vivre avec les Israéliens, tout pendant que nous sommes égaux devant la Loi et en pratique.
Je ne vois pas les naissances ou l'immigration des Juifs comme une " bombe à retardement démographique " que l'on doit regarder avec horreur, je ne suis pas non plus effrayé d'avoir des voisins qui parlent une autre langue ou qui ont une autre religion. Je suis pour la diversité humaine et culturelle, pas moins sur la terre où mes parents sont né, qu'ici où je vis aux Etats-Unis.

Je suis prepare à accepter deux Etats comme solution pratique au conflit et je fais tout ce que je peux en mon pouvoir pour que cela marche. Cependant, les purs ornements du nationalisme - drapeaux, hymnes nationaux, batiments administratifs et passeports - ne signifient en eux mêmes absolument rien pour moi et je voudrais juste qu'ils soient supprimés bientôt. Quelle en est leur importance ? Est-ce qu'un drapeau représente une véritable indépendance et souveraineté ? Est-ce que l'hymne national représente des valeurs humanistes usuelles ? Est-ce que se sont les batiments qui renferment les authentiques institutions démocratiques qui font l'honneur ? Est-ce qu'un passeport donne à son propriétaire la liberté de voyager dans le monde et permet de vivre en sécurité dans son pays ? Ce sont ces questions qui ont de l'importance.

Palestine/Israël pourraient être deux pays avec une frontière entre eux qui pourrait perdre un jour sa signification, tout comme la frontière entre la France et l'Allemagne qui a perdu son pouvoir de diviser les populations.

Ou, ce pourrait être un pays pour deux peuples. Cela m'est égal tout pendant que nous choisissons un chemin et que nous nous y tenons, et qu'à la fin, les Israéliens et les Palestiniens apprécient ensemble la Paix, la Démocratie et les Droits de l'Homme, et non les uns aux dépends de l'autre.

La veritable paix, quelque soit le chemin que nous choisissons pour y arriver, a un prix. Le puissant doit donner un peu de son pouvoir et le partager avec le faible, ou le conflit est inévitable. Une authentique solution de deux Etats, tout comme celle d'un seul état démocratique, nécessitera que les Israéliens renoncent à leur monopole sur le Pouvoir d'une manière qu'ils n'ont jamais considéré sérieusement.

La Paix est arrivée en Afrique du Sud seulement lorsque les blancs l'ont réalisé et qu'ils ont abandonné le monopole de leur Pouvoir.

Israël est loin de cela et semble encore rechercher une façon d'éviter ce choix. Cela signifie que la discussion pour savoir comment vivre ensemble restera seulement académique tout pendant que le conflit et l'effusion de sang feront rage.

Source : http://electronicintifada.net

Traduction : MG

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