Fermer

S'inscrire à la mailing list ISM-France

Recevez par email les titres des derniers articles publiés sur ISM-France.

Votre adresse courriel

Fermer

Envoyer cet article

Votre adresse courriel
Envoyer l'article à
Votre message
Je profite de l'occasion pour m'abonner à la newsletter ISM France.
ISM France - Archives 2001-2021

Imprimer cet article Envoyer cet article
Article lu 3478 fois

Israël -

Israël "a essayé de nous laver le cerveau", dit un des premiers druzes à refuser de servir dans l'armée israélienne

Par

Patrick O. Strickland est un journaliste indépendant et collaborateur régulier à The Electronic Intifada. On peut lire ses articles à www.patrickostrickland.com, et le suivre sur Twitter @ P _Strickland _

Plusieurs citoyens palestiniens d'Israël appartenant à la communauté religieuse druze sont en prison pour avoir refusé de servir dans l'armée israélienne. "Comment puis-je servir dans l'armée d'occupation d'Israël ?" dit Seif Abu Seif, Druze de 18 ans emprisonné récemment pour avoir refusé de faire son service militaire. "Je ne peux pas être en faction à la frontière et empêcher les gens du pays d'entrer. Je suis arabe."

Israël  'a essayé de nous laver le cerveau', dit un des premiers druzes à refuser de servir dans l'armée israélienne

Omar Saad fait partie du nombre grandissant de jeunes druzes prêts à aller en prison plutôt que de faire son service militaire (Oren Ziv / ActiveStills)
Omar Saad, dont le refus a été largement diffusé sur Internet après qu'il a écrit une lettre ouverte au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou en 2012, est actuellement dans une prison militaire pour 20 jours, avec Mahmoud Saad et Nizar Abu Hammoud.

Plusieurs autres objecteurs de conscience druzes emprisonnés ont gardé l'anonymat.

Le 24 décembre, des officiers israéliens sont arrivés chez Abu Seif, à Shefa Amr - une ville palestinienne dans la région de Galilée dans l'actuel Israël - l'ont arrêté et l'ont emmené dans une base militaire proche. Là, il a déclaré qu'il refusait de servir dans l'armée. C'était la deuxième fois que Abu Seif était arrêté en décembre. Après avoir été détenu pendant quelques jours, il a été libéré temporairement pour des raisons médicales liées à une maladie cardiaque pré-existante.

"Stress psychologique"

"En prison, ils m'ont soumis à du stress psychologique," dit Abu Seif, qui, pendant sa détention, a été maintenu en isolement après avoir refusé de couper ses cheveux pour des raisons religieuses.

Plus tard ce mois-ci, il devra réitérer son refus de rejoindre l'armée. Il est vraisemblable qu'il sera arrêté et emprisonné après cette déclaration.

Tous les citoyens druzes de sexe masculin d'Israël doivent servir dans l'armée, dans le cadre d'un accord entre l'Etat et les dirigeants de la communauté qui remonte à 1956. Pourtant, il y a toujours eu des individus qui ont refusé, pour des raisons morales, politiques ou religieuses.

Avec d'autres, Maison Hamdan, militant de 22 ans, coordonne les activités du "Groupe contre le service militaire obligatoire", qui soutient les objecteurs de conscience de la communauté druze.

"Nous voulons que les jeunes qui sont contre le service militaire viennent nous voir, c'est notre raison d'être," dit Hamdan. "Dans chaque village druze, il y a des gens qui ne veulent pas servir dans l'armée."

Le groupe offre un soutien à la fois juridique et moral aux objecteurs de conscience. Il a organisé plusieurs protestations devant les prisons militaires israéliennes pour manifester leur solidarité. Le 14 décembre, le groupe a aidé à l'organisation d'une manifestation de la prison israélienne Six. Une autre manifestation est prévue, au même endroit, le 4 janvier.

Hamdan dit que les jeunes druzes sont incités à servir dans l'armée depuis leur jeune âge, tant par la société druze que par l'Etat. "Ca commence dans la famille et à l'école, où l'idée est inculquée aux gamins."

"La peur de refuser"

Israël traite aussi les objecteurs de conscience juifs et druzes de façon différente. Alors que les Israéliens juifs peuvent obtenir des exemptions pour des raisons de conscience, les druzes ne peuvent pas. "Refuser continue de faire très peur," dit Hamdan.

Cette pression signifie que beaucoup de jeunes gens ne révèlent pas publiquement leur refus et essaient d'être exempté en faisant exprès de rater les tests d'aptitude mentale. L'armée israélienne classe ces exemptions sous "Profil 21."

Sahar Vardi, une activiste qui travaille à New Profile, un groupe qui refuse la militarisation de la société israélienne, a expliqué que l'Etat a recours à diverses tactiques pour dissuader les membres de la communauté druze de refuser le service militaire. La plus importante est le manque d'opportunités économiques dans les villes et villages palestiniens, dans l'actuel Israël.

"Ceci conduit de nombreux druzes à devenir militaires de carrière... c'est un boulot stable," a dit Vahar à The Electronic Intifada, expliquant qu'après avoir fini leur service, ils ont plus de chance de "recevoir un terrain de l'Etat pour construire."

La volonté de servir dans l'armée est partiellement née du désespoir provoqué par le "confinement géographique dans leurs villes et villages et parce que beaucoup de leurs terres ont été confisquées" par le passé, a-t-elle ajouté.

Wadah al-Qasim, 33 ans, est un citoyen druze qui a fait un bref séjour en prison pour avoir refusé de servir dans l'armée israélienne il y a plus de dix ans.

Interrogé par The Electronic Intifada par téléphone, al-Qasim a dit : "Les chiffres [d'objecteurs de conscience] ne cessent d'augmenter... Je pense que dans les 10 prochaines années, la majorité des Druzes refuseront de servir dans l'armée."

Al-Qasim vient de al-Rama, un village au nord de la Galilée. Son père de 14 ans est le célèbre poète italien Samih al-Qasim, qui a fait plusieurs séjours en prison pour avoir refusé de faire son service militaire et pour son activisme communiste.

Israël essaie de nous "laver le cerveau"

"Cela fait plus de soixante ans que l'Etat essaie de nous laver le cerveau en nous disant que nous ne sommes pas arabes, que les Musulmans et les Arabes veulent nous tuer," dit Wadah al-Qasim.

Pourtant, de plus en plus de jeunes druzes ne sont plus dupes de la propagande israélienne.

"Le pire, c'est le manque d'accès à la terre... Mais aujourd'hui, la prise de conscience augmente, pas comme lorsque j'étais en prison et que tout le monde s'en fichait dans les médias ou même ignorait qu'il y avait des Druzes qui ne servaient pas dans l'armée," a expliqué al-Qasim.

Alors qu'un nombre croissant de Druzes refuse de servir dans l'armée israélienne, l'Etat a cherché à recruter davantage de citoyens palestiniens d'Israël pour le service militaire en ciblant la minorité chrétienne palestinienne.

D'autres mesures israéliennes tentent de grossir le nombre de citoyens palestiniens qui participent au programme de service national.

Le parlement d'Israël, la Knesset, a aussi récemment discuté d'une loi qui serait discriminatoire à tous les citoyens qui ne font pas le service militaire. La loi proposée vise à "établir des droits pour ceux qui contribuent à l'Etat", a rapporté le quotidien israélien Haaretz (“Israëli bill that benefits veterans discriminates against Israëli Arabs,” 18 November 2013).

Pourtant, "il y a davantage de solidarité tant de la société arabe et à l'étranger avec les Druzes qui ne font pas le service militaire que jamais auparavant," selon Maisan Hamdan.

"Avant, personne ne le savait, mais aujourd'hui les gens sont au courant et éprouvent de la solidarité envers nous."



Source : Electronic Intifada

Traduction : MR pour ISM

Faire un don

Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.

Oui ! Je soutiens ISM-France.


Contacter ISM France

contact@ism-france.org

Suivre ISM France

S'abonner à ISMFRANCE sur Twitter RSS

Avertissement

L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.

Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.

D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

A lire également...
Même lieu

Israël

Même sujet

Résistances

Même date

7 janvier 2014