Palestine - 27 mai 2004

Israel revendique l’eau de la Palestine

Par Fred Pierce

Israel a élaboré un projet secret pour qu'une usine géante de dessalement fournisse l'eau potable aux Territoires Palestiniens de Cisjordanie.
Israel, qui veut que la mise en place du projet soit financée par les Etats-Unis, garantirait le passage de l'eau à travers son territoire en échange d’un accord qui permettrait à Israel de continuer à prendre la part du lion des eaux de la Cisjordanie.
Celles-ci comprennent principalement les réserves souterraines telles que la nappe phréatique occidentale : la plus grande, la plus propre et la plus fiable ressource en eau de la région.

Le 27 mai 2004, Israël a revendiqué les eaux de la Palestine.
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Israël a élaboré un projet secret pour qu'une usine géante de dessalement fournisse l'eau potable aux Territoires Palestiniens de Cisjordanie . Israël espère que le projet diminuera la pression pour permettre au futur Etat palestinien un meilleur accès aux rares approvisionnements en eau potable de la région.

Selon un accord signé il y a une dizaine d’années dans le cadre des accords d’Oslo, les 4/5ème de l’eau de la Cisjordanie sont alloués à Israël, bien que les nappes phréatiques qui l’alimentent proviennent en grande partie des pluies qui tombent sur le territoire palestinien.

Les nouvelles usines annoncées déssaleront l'eau de mer à Caesaria sur la côte méditerranéenne. Cette eau sera alors acheminée vers la Cisjordanie par un réseau de pipelines qui desservira les grandes villes et plusieurs des 250 villages qui se fournissent actuellement en eau grâce aux sources locales et à des petits puits.


Accès à l’eau potable

Israël, qui veut que la mise en place du projet soit financée par les Etats-Unis, garantirait le passage de l'eau à travers son territoire en échange d’un accord qui permettrait à Israël de continuer à prendre la part du lion des eaux de la Cisjordanie .
Celles-ci comprennent principalement les réserves souterraines telles que la nappe phréatique occidentale : la plus grande, la plus propre et la plus fiable ressource en eau de la région.

Pour les Israéliens, l'accord sur la future gestion commune de cette nappe phréatique est un préalable pour consentir à fournir en eau dessalée la Palestine.


Financement mondial

La première allusion publique à ce projet a été faite à Washington en mai dernier.

Uri Shamir, le directeur de la recherche sur l'eau chez Technion, l'institut Israël de la technologie à Haïfa, a indiquéau Comité de la Chambre des représentants des relations internationales (HRCIR) que le projet de dessalement était "la seule solution viable à long terme " pour l'approvisionnement en eau potable de la Cisjordanie .

Shamir a indiqué cette semaine au New Scientist que le projet pourrait être terminé d’ici cinq à sept ans. "l'usine sera financée par le monde entier pour les Palestiniens. Israël n’aura pas à supporter cette charge, et les Palestiniens n’en sont pas capables."

Mais d'autres importants hydrologistes qui ont été contactés par New Scientist précisent que le dessalement de l’eau de mer et son acheminement vers la Cisjordanie , dont certains endroits se situent à 1000 mètres au-dessus du niveau de la mer, coûteraient environ 1 $par mètre cube.

"La question est de savoir si une famille palestinienne moyenne peut se le permettre" dit Arie Issar, un expert en matière de l'eau à l'université Ben-Gurion du Negev à Sde Boker - Israël, qui a aidé à faire fleurir le désert israélien il y a une génération en trouvant de nouvelles sources d'eau dans la région. "Ce serait idiot de dessaler l'eau sur la côte et de l’acheminer vers le haut des montagnes quand il y a des ressources souterraines en eau là-bas dont le prix revient au tiers de ce prix seulement."

Tony Allan du King's College à Londres, une importante institution en matière de l'eau au Moyen-Orient, convient: "L'acheminement de l’eau dessalée vers la Cisjordanie n'est pas la meilleure option technique ou économique."

Mais le projet est soutenu par Alvin Newman, chef des ressources en eau au bureau de Tel Aviv d'USAID, l'agence internationale de développement des Etats-Unis, qui financerait le projet de dessalement. "Finalement c'est la seule solution," a-t’il dit dans une entrevue avec le New Scientist.



Coopération inhabituelle

L'approvisionnement en eau est l’un des quelques secteurs où la coopération entre Israël et la Palestine a survécu au cours de l'intifada actuelle. Chaque jour en Cisjordanie , les ingénieurs palestiniens aident à réparer et à maintenir les conduites d'eau israéliennes, et vice versa. (vraiment???)

Mais les négociateurs palestiniens de l'eau sont profondément mal à l’aise concernant les projets élaborés en leur nom, en particulier, si cela implique d'abandonner la revendication de l'eau qui se situe sous leurs pieds. "Nous ne pouvons pas faire cela. Nous n'avons pas l'argent ou les experts pour le dessalement, " a dit Ihab Barghothi, Chef des projets concernant l'eau pour l’Administration des Eaux Palestiniennes, au New Scientist.

Les Palestiniens ont malheureusement besoin de plus d'eau.

Selon l'accord d'Oslo, ils ont accès à 57 mètres cubes d'eau par personne et par an toutes sources confondues. Israël a obtenu 246 mètres cubes par personne et par an. Et depuis presque 40 ans qu'Israël contrôle la Cisjordanie , les Palestiniens ont été en grande partie interdit de forer de nouveaux puits ou de remettre en état les vieux.

Les sources d’eau de la region sont les nappes phréatiques de la Cisjordanie , le Jourdain qui descend des Plateaux du Golan et se jète dans la mer de Galilee, où il est en grande partie utilisé par Israël; et la couche aquifère côtière, une réserve d'eau souterraine de plus en plus polluée qui s’écoule jusqu’au sud du territoire palestinien de la bande de Gaza.



Les Eaux d’égouts

Au cours des années, Israël a développé une bonne réputation concernant l’utilisation de l'eau, et dans les années 80, Israël a commencé à réutiliser les eaux d'égout pour l'irrigation.

En 2004, Israël a signé un marché pour acheter l'eau en provenance de Turquie acheminée par camion-citerne.

Pendant ce temps, les Palestiniens dans la bande de Gaza dépendent presque exclusivement de petits puits qui exploitent la nappe phréatique côtière. Alors que le niveau hydrostatique baisse, la couche aquifère devient de plus en plus pollué par l'eau salée de la mer. Les scientifiques de l'ONU disent que Gaza n'aura aucune eau potable d’ici 15 ans. (ou MOINS -- spécialement si Israël ne l’admets pas)

En dépit des efforts antérieurs de développer le dessalement, le gouvernement d'Israël a décidé d'investir fortement dans la technologie il y a seulement quatre ans.

Certains, y compris les libéraux israéliens et les optimistes palestiniens tels que Barghothi, ont cru qu'une fois qu'Israël allait commençer à dessaler l'eau de mer pour son usage personnel, il serait prêt à lacher les nappes phréatiques de la Cisjordanie .

Mais il semble que maintenant les stratèges israéliens de l'eau voient le dessalement comme un moyen de garder la main sur ces nappes phréatiques.


• L'usine de dessalement pour alimenter la Cisjordanie serait équivalente à l’usine financée par les Etats-Unis destinée à remplir les robinets de la bande de Gaza aux abois. Le projet a été déjà approuvé et financé, mais est actuellement en suspens en raison de la permanence du conflit à Gaza.
• Pris ensemble, les deux programmes laisseraient la Palestine indépendante plus dépendante du dessalement que presque n'importe quelle autre nation au monde.

Source : www.newscientist.com

Traduction : MG pour ISM-France