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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

L'unité du Fatah et la caisse d’Abbas

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Tout le bruit qui a précédé le sixième congrès du Fatah et les rumeurs concernant son ajournement ne l'ont pas empêché de se tenir "avec la participation des présents", même si les absents sont les membres Fatah de la bande de Gaza. Ceux-là même qui ont révélé la situation délabrée du mouvement après la défaite des élections législatives de 2006 et de l'opération Hamas de juin 2007, et qui étaient supposés être à l'origine de la réforme du mouvement palestinien.

L'unité du Fatah et la caisse d’Abbas


Cette absence n'a eu aucun effet sur les plans du Fatah en Cisjordanie , notamment ceux du président Mahmoud Abbas, puisque les membres du "Fatah-Gaza" dont il a besoin sont bien présents sur les terres de l'Autorité, avec à leur tête Mohammad Dahlan. Il semble qu’Abou Mazen compte sur lui pour structurer le mouvement en dépit de l'opposition de la majorité des membres du Fatah de Gaza, de Cisjordanie et de l'extérieur, qui font porter à Dahlan la responsabilité de l'intervention militaire du Hamas en juin 2007 et, plus généralement, de la division qui sévit actuellement en Palestine.

Cette opposition existe et commence à s'exprimer sous la forme de lettres adressées au congrès par des membres du Fatah qui restent attachés au cadre traditionnel du mouvement, en dépit des changements projetés et que les rumeurs commencent à révéler, notamment au niveau de la composition du Comite central et du Conseil révolutionnaire. Ces changements vont dans le sens d'une rupture avec l'histoire du Fatah ou d'un mixage entre anciens et nouveaux sur la base des orientations et des choix politiques de Mahmoud Abbas.

Dès le premier jour de son mandat de président, Abbas a commencé à "domestiquer" le mouvement par le biais de négociations secrètes et de transactions souterraines. Mais ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est le caractère publiquement déclaré de ce qu'on peut désormais qualifier de "Fatah-Abbas". Ce qu’Abou Mazen avait appliqué de manière clandestine est aujourd'hui revendiqué haut et fort.

C'est ainsi que, contournant le Comité central et le Conseil révolutionnaire, le programme politique actuel du mouvement vient confirmer la doctrine d’Abbas, avec comme point principal les négociations de paix, au motif que "l'époque pendant laquelle Israël maitrisait seul les options internationales est révolue". Abou Mazen a longuement expliqué que son programme politique entérinait la légalité de la lutte armée et a déclaré qu'il réservait "notre droit à la résistance qui nous est garanti par le droit international, et ce que nous garantit le droit internationale, nous l'acceptons".

La lutte armée n'est donc plus une notion indiscutable dans ce "Fatah nouveau", mais une question soumise aux interprétations de la communauté internationale et de la légalité internationale et de ses représentants. Abbas est allé encore plus loin et a déclaré que l'application de "ce droit" était fonction "de la compréhension et de l'unanimité nationales et du choix du moment opportun". Tels sont les trois critères pour légitimer la lutte armée et qui dépendent du seul bon vouloir d’Abou Mazen, bon vouloir qui s'est suffisamment et clairement exprimé au cours des deux dernières années sous l'intitule de "l'absurdité de la résistance".

Dans ce contexte, les déclarations israéliennes concernant une "troisième intifada" et une "déclaration de guerre" à l'issue du congrès sont plutôt ironiques venant des dirigeants de l'Etat hébreu, qui connaissent parfaitement le passé d’Abou Mazen et son éloignement de la lutte armée tout au long de son activité politique, que ce soit au sein du Fatah, de l'OLP ou de l'Autorité palestinienne.

En effet, Abbas continue ses réformes rassurantes [pour les sionistes], il ne craint ni rébellion ni scission et poursuit son programme qui vise à transformer le Fatah en un mouvement d'intérêts personnels vide de toute idéologie révolutionnaire. Ce programme existe d'ailleurs depuis la création du mouvement qui avait, à l'époque, englobé les islamistes et les marxistes sous la bannière de "la libération de la Palestine". La bannière est toujours la même, mais la méthode et l'application sur le terrain ont changé, de sorte que le mouvement est devenu une "source de revenus" via les salaires, les nominations et les privilèges.

A partir de là, c'est la source de financement qui conditionne les éventuelles tentatives de scission. Or, dans le contexte régional et international actuel, les sources de financement alternatives sont bien connues. Du fait qu’Abou Mazen monopolise les financements états-unien, européen et saoudien, il ne reste à ses opposants que le recours soit au Qatar, soit à l'Iran.

Sauf que l'accès à ces sources est semé d'embuches politiques et matérielles. Le financement du Qatar dépend de l'intérêt de Doha à se démarquer de son contexte régional, notamment de l'Arabie saoudite, et reste soumis aux fluctuations des relations entre le Qatar et ses voisins d'une part et les Etats-Unis d'autre part. En ce qui concerne la source iranienne, la crise financière actuelle du Jihad Islamique, qui a poussé sa direction à envisager la fusion avec le Hamas, révèle une situation problématique qui pourrait être liée à la situation interne de la République islamique.

En tout état de cause et compte tenu de l'échec des précédentes scissions du mouvement, telles que celles de "Fatah Intifada", "Fatah al Yasser" et "Fatah al Islam", il semble qu’Abbas n'a aucune raison de s'inquiéter au sujet de la direction actuelle du mouvement, tant qu'il tient les clés de la caisse des financements et des nominations, au risque de la faillite de l'Autorité.

Source : Al-Akhbar

Traduction : Nadine Acoury

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