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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

La vie à l'intérieur du mur tombal

Par

William Cook est professeur d'anglais à l'Université de La Verne, Californie, et auteur de : "Tracking Deception : Bush's Mideast Policy"

"Le pire péché envers nos semblables, ce n'est pas de les haïr, mais de les traiter avec indifférence ; c'est là l'essence de l'inhumanité"
George Bernard Shaw (Le disciple du diable, Act II)

La vie à l'intérieur du mur tombal

Les terroristes ont frappé une fois encore à Jénine la semaine passée, tuant quatre civils, en blessant vingt-huit, parmi eux deux journalistes, quatre femmes et enfants. Cinquante-cinq civils ont été kidnappés, dont six enfants. Trois bâtiments utilisés pour l'agriculture ont été détruits et 199 dunums de terres agricoles ont été confisqués.

D'autres attaques ont eu lieu dans le village de Far'oun, où six maisons proches du mur ont été démolies. Les terroristes ont battu les civils qui protestaient contre les démolitions et l'extension du mur, dans le village de Bal'ein, à l'ouest de Ramallah.

Les agressions continuent, non relatées aux Etats-Unis parce qu'elles sont l'œuvre de notre allié, les Forces israéliennes de Défense.

En dépit du silence assourdissant qui accompagne la construction continue du mur illégal, déclaré tel par la Cour Internationale de Justice, en dépit des manifestations non violentes organisées à Bal'ein, Jayous, Bethléem, Bil'in et partout en Cisjordanie , en dépit du coup de gueule poussé cette semaine par Aengus O Snodeigh, le porte-parole pour les Affaires internationales du Sinn Féin, contre l'aggravation des atrocités commises par les Juifs sur les Palestiniens, ceux qui ont une conscience, internationaux et israéliens, marchent dans les rues, scandent et chantent que le mur tombera et que le peuple palestinien sera libre.

Mais personne n'écoute.

Au lieu de cela, "un large contingent des forces israéliennes, dont des soldats, des policiers et des gardes-frontières, ont assailli les manifestants non violents à coup de crosses de fusils et de matraques" (Centre palestinien pour les droits humains, 22-24 février 2007).

L'indifférence, nous dit Shaw, est l'essence de l'inhumanité ; elle est pire que la haine précisément parce qu'elle ne reconnaît pas le frère et la soeur qui vivent, respirent et souffrent une agonie qui leur est infligée par un peuple qui se proclame civilisé, même lorsqu'il inflige barbarie et bestialité à des gens sans défense.

Cela fait des citoyens du monde de bien pires pêcheurs que les FIO et les Juifs d'Israël qui tolèrent la haine raciste qui guide leur gouvernement.

L'indifférence ne coûte rien, ne requiert aucun jugement, ne cultive aucun principe, n'impose aucune action, ne cause aucun douleur ; elle est le vide qui repose dans une âme qui ne se soucie que d'elle-même, mais jamais de son frère humain. (…) L'indifférent trouve un recours dans tout ce qui le satisfait, tout ce qui fait plaisir à son corps – la boisson, la nourriture, la flatterie – et tout ce qui fait plaisir à ses désirs – l'or, l'argent, les cadeaux – et ainsi il s'isole du monde qui pourrait perturber cette absorption perdue dans l'oubli. Que son monde isolé soit menacé et la crainte se réveille en cette personne – terreur, servilité, angoisse et honte – et l'enferme encore plus.

Cette crainte peut être déclenchée par ceux qui ont le pouvoir. C'est un outil de contrôle de la conscience d'un peuple. Arthur Miller a écrit à ce sujet dans Les Sorcières de Salem, une pièce sur les procès en sorcellerie, à Salem, en 1692.

Les citoyens, menacés par la crainte pour eux-mêmes, même sous la forme de forces invisibles dont les ministres ont décidé qu'elles existaient, acceptent aveuglément ce qu'ils ne peuvent pas connaître et deviennent les complices des actes criminels de leurs chefs. Ils ont littéralement remis leur conscience entre les mains de leur gouvernement.

C'est le cas en Israël. Le mur est l'icône visible d'une menace invisible créée par l'administration de Sharon pour accomplir un but politique, la confiscation de la terre palestinienne et la mort psychologique du peuple palestinien.

Le mur est bâti de crainte, pour engendrer la crainte à la fois des Israéliens, qui se voient une fois de plus comme des victimes, et des Palestiniens qui se voient mis dans une tombe, sans espoir, sans compassion, sans justice.

Le mur s'élève dans toute sa grisaille grotesque comme la boîte de ciment dans laquelle est placé le cercueil, et son image jette sur le peuple de Palestine un voile sous lequel son esprit étouffe et qui sépare les frères des sœurs, les enfants des parents, les amis des familles, rendant impossible une vie normale.

Comment un peuple peut-il infliger à un autre des conditions aussi haineuses ?

Comment le peuple d'Amérique peut-il rester assis sans rien faire alors que ses représentants font des courbettes devant les diktats de l'AIPAC et que le monde regarde, incrédule ?

Qu'est devenue l'Amérique qui se souciait du pauvre et du fourbu ?

Considérons ce que Sharon, et maintenant Olmert, ont construit. Le mur est entièrement bâti en Palestine, il serpente sur les collines et dans les vallées, au milieu des rues, découpe les villes et les villages en morceaux, séparant des gens qui ont vécu ensemble pendant des décennies, et même des siècles, confisque au bénéfice du côté israélien les nappes phréatiques et les puits qui appartiennent au peuple de Palestine, ainsi que ses oliveraies et ses récoltes, et la terre arable qui deviendra les champs des colons et les colonies supplémentaires pour ceux qui n'ont vécu pas un seul jour en Palestine, n'y ont aucune histoire, aucun souvenir, aucune culture qui soit indigène, si deux mille ans est considéré comme la mesure.

Complètement encerclés, sans accès à leurs champs ou à leurs mosquées ou à leurs amis ou à leurs hôpitaux ou à leur emploi, ils n'ont que deux choix : partir ou mourir.

Ils sont enterrés vivants par les Juifs, un sort moins absolu que les chambres à gaz puisqu'ils peuvent choisir de partir, et laisser derrière eux deux mille ans d'histoire et de terre qui ont donné vie à des générations de familles incarnées dans des oliviers millénaires sommairement arrachés par les bulldozers israéliens, laisser les mosquées dans lesquelles ils ont prié décennies après décennies, et laisser leurs souvenirs, comme ceux qui ont été chassés de leurs maisons en 1947, ont perdu les leurs lorsque leurs villes ont été rasées, et tout ce qui avait été n'existait plus.

Ou ils meurent ; une mort vivante qui amène jour après jour pauvreté et besoin, dépendant de ceux qui ne sont pas indifférents à leurs souffrances ; des Israéliens qui n'ont pas capitulé devant le gâchis gratuit de vies humaines parce qu'ils savent ce que signifie être la victime, et la reconnaissent ; des amis de tous les pays du monde assez préoccupés pour venir et témoigner de l'humiliation, de la dégradation, du racisme qui imprègne les colons et qui est incarné par le gouvernement israélien ; des Juifs du monde entier qui refusent l'inhumanité infligée par les leurs ; et des Américains qui sont préoccupés parce qu'ils ont été confrontés à la même crainte menaçante qui permet à une administration corrompue et amorale d'envahir et d'occuper des pays contre les lois internationales. C'est leur sort.

Avec ironie, les conditions imposées aux Palestiniens dans leur tombe, l'état de paralysie de leur existence, les années d'isolement et d'aliénation, la perte de sensibilité au lever et au coucher du soleil, la perte des amis et de la famille, la perte de la conscience de tout ce qui les entoure parce que cela a été transformé en cendres et gravats, la perte de la mémoire qui donnait une identité à leur être puisque personne ne sait plus maintenant qu'ils existent derrière le mur, la perte de véritables raisons de vivre, la perte de l'espoir enterré avec eux, leur dépendance à des étrangers pour soutenir la vie qui souffle dans leurs poumons se retrouvent, en miroir, dans la métaphore de Sharon étendu dans son linceul de drap alors que les jours s'empilent, incapable de répondre à quiconque, enseveli dans sa propre chair, inconscient, comme les indifférents sont inconscients, à sa propre souffrance ou à celle de ceux qu'il a enterrés vivants.




A VOIR :

La vidéo : "Arrêtons l'Apartheid israélien" – durée 4mn48s

"Affamer une Nation" – durée 2mn26s

Source : Media With Conscience News (MWCNews)

Traduction : MR pour ISM

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