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Palestine - 18 mai 2011
Par MS
Depuis de nombreuses années, les commentateurs américains déplorent la violence du mouvement national palestinien. Si seulement les Palestiniens avaient appris les leçons de Gandhi et de Martin Luther King, entendons-nous, il y a longtemps qu'ils auraient leur État, parce qu'aucun gouvernement israélien n'aurait réprimé violemment un mouvement palestinien non violent de libération nationale ne cherchant que le droit universellement reconnu à l'auto-détermination.
Des commentateurs et organisateurs palestiniens, dont Fadi Alsalameen et Moustafa Barghouthi, ont passé les deux dernières années à souligner que ces affirmations ignoraient résolument le réel et croissant mouvement de résistance palestinien non violent. En fait, la première Intifada, qui a éclaté en 1987, fut au début aussi proche de la non violence que l'on pouvait raisonnablement s'y attendre. Elle a consisté en grande partie en grèves générales et marches de protestation. De plus, il y a eu un bon nombre d'enfants jeteurs de pierres, ainsi que la menace continue d'un terrorisme à bas niveau, venant principalement d'organisations basées à l'étranger ; les Israéliens ont confondu le mouvement de protestation autochtone avec le terrorisme et ont répondu brutalement, et l'Intifada a rapidement perdu son caractère non violent. Ce n'est pas tellement différent de ce qui s'est passé ces deux derniers mois en Libye ; cela montre qu'il est très difficile de maintenir le caractère non violent d'un mouvement quand le gouvernement contre lequel vous manifestez vous tire dessus pendant une période prolongée.
En tous cas, si vous êtes parmi ceux qui soutiennent l'hypothèse que les Israéliens auraient donné aux Palestiniens un État si seulement les Palestiniens avaient appris à utiliser les tactiques gandhiennes de protestation non violente, il semble que votre moment de vérité soit arrivé. Comme l'écrit mon collègue, ce qui s'est passé le jour de la Nakba est le "scénario cauchemar" d'Israël : "des Palestiniens en masse marchant, non armés, sur les frontières de l’État juif, exigeant réparation pour des dizaines d'années de réclamations nationales." Peter Beinart écrit que cela représente "le printemps arabe palestinien d'Israël" ; les tactiques de protestations de masse non violentes qui ont fait tomber les gouvernements de Tunisie et d’Égypte, et qui menacent de faire tomber ceux de Libye, du Yémen et de Syrie, sont maintenant utilisées dans la cause palestinienne.
Nous avons donc maintenant l'occasion de voir comment les Américains réagiront. Nous avons demandé aux Palestiniens de déposer les armes. Nous leur avons dit que c'était de leur faute s'ils n'avaient pas d’État ; si seulement ils pouvaient embrasser la non violence, un monde raisonnable et impartial reconnaîtrait le mérite de leurs revendications.
C'est ce qu'on fait des dizaines de milliers d'entre eux cette fin de semaine, et il semble que ça va continuer. Si des foules de dizaines de milliers de protestataires palestiniens non violents continuent de marcher, et si Israël continue de leur tirer dessus, que ferons-nous ? Allons-nous mettre notre rhétorique à actes et obliger Israël à leur donner leur État ? Ou bien s'avèrera-t-il que nos hymnes à la non violence n'étaient que des tactiques cyniques dans un concours de puissance internationale amorale mises en scène par des groupes militaristes de droite israéliens et américains dont les affinités électives les conduisent à modeler un récit commun sur la menace étrangère arabe/musulmane ? Nous donnerons-nous même la peine de reconnaître que les Palestiniens protestent sans violence ? Ou allons-nous persévérer dans la même sempiternelle rhétorique creuse, maintenant vidée de toute vérité et de sens, parce qu'elle protège des relations de pouvoir bien établies ?
Que faut-il pour que les Américains reconnaissent que les protestataires palestiniens non violents de style Martin Luther King sont arrivés, et que les soldats israéliens leur tirent dessus à balles réelles ?
Source : The Economist
Traduction : MR pour ISM
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